Rendons à César, ce qui est à César qui décida, en 46 avant notre ère, que le 1er janvier serait le jour du renouveau, le fameux jour de l’an. Inscrit au calendrier grégorien par le pape Grégoire XIII, en 1582, il s’est généralisé pour être dignement fêté aux quatre coins d’un monde éclairé par un artifice d’espoirs. De la Nouvelle-Zélande, première convive, à la Chine, qui clôturera le bal le 22 janvier prochain, se mêleront des vœux sincères et pieux, de bonheur, de joie, de santé et de réussite. A chacun ses bonnes intentions, pour autrui ou soi-même, dans une dimension personnelle ou œcuménique sublimée par la résonance du « nuage informationnel » cher à Edgar Morin. En l’occurrence, cela pourrait paraître tout à fait salutaire dans cette parenthèse festive teintée d’idéaux, de paix et d’allégresse. Bonne année ! On oublie tout. On s’enlace et on s’embrasse, gonflés d’espoirs sous l’œil bienveillant d’un monde entièrement connecté sur la bonne fortune. Meilleurs vœux pour cette année nouvelle. « Il est grand temps de rallumer les étoiles, tous les astres intérieurs que l’on avait éteints* », inconsciemment, érodés par l’actualité de nos vies sous influences.
« L’infobésité »
Ah, si nous pouvions mettre sur pause pour nous laisser bercer par l’effluve, l’exhalaison d’un muguet printanier immortalisé dans la quiétude de nos existences épargnées. Ah, si nous pouvions rêver, déjeuner en paix, prendre notre temps pour aller plus vite à l’essentiel, celui dont on nous éloigne dans un déferlement d’images et d’informations incontrôlé. A tel point qu’il nous devient difficile de respirer, de trier, de distinguer ce qui est important, de restaurer nos connaissances pour nourrir nos opinions. Quel temps nous reste-t-il pour réfléchir et méditer. Google, Facebook, Youtube, Whatshapp, Instagram, twitter et les chaînes d’infos en continu ne nous abreuvent-ils pas d’un flot ininterrompu d’actualités et de non-événements qui se chassent les uns les autres pour privilégier l’instant, l’émotion superficielle de nos sensibilités. « L’infobésité » transforme nos sociétés provoquant des pertes de repères chez certains et un phénomène de défiance chez d’autres qui s’isolent, s’éloignent. A la Saint-Sylvestre, nous nous offrons la liberté, l’insouciance d’un passage hors du champ des influenceurs, des experts, de ceux qui savent ou ne savent pas, mais qui s’expriment. Prenons le temps, « un homme, un jour, lira, et puis tout recommencera** ».
Bonne année.
Georges Chabrier
*Guillaume Apollinaire
** Marguerite Duras
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Commentaires 2
Merci pour cet édito plein d’espoir et tous mes vœux pour cette nouvelle année.
Pour se désintoxiquer de « l’infobésité » je recommande l’excellent livre de Virginie Grimaldi qui justement a pour titre votre citation de Guillaume apollinaire « Il est grand temps de rallumer les étoiles ». Une bonne façon de commencer l’année.
Meilleurs vœux pour 2023. C’est un réel plaisir de lire ces éditos toujours très bien écrits et qui incitent à la réflexion