En novembre 2026 seront organisées les « midterms », élections de mi-mandat des deux chambres du Congrès américain. Au rythme où vont les choses, il serait fort prématuré de claironner sur le triomphe attendu de la gouvernance Trump. Le belliciste pourfendeur des services publics et des contre-pouvoirs, le va-t-en-guerre de l’expansionnisme économique inquiète et exaspère. En premier lieu ses partenaires, maltraités, bafoués par ses appétences triviales et dédaigneuses, mais aussi et déjà nombre de ses administrés, choqués et abasourdis par la déferlante médiatique incontrôlée. Le boomerang est en marche, d’une réalité qui titille importunément les marchés financiers et les acteurs économiques. La bourse est en baisse, comme la cote du président et de son acolyte extravagant, Elon Musk, menacé ostensiblement dans sa chair et ses affaires. En égratignant ses institutions, sa constitution, en piétinant sans scrupules ses alliés, l’Europe, l’Ukraine et ses martyrs, Trump a estampillé le narratif erratique et messianique de son règne sur le monde. En cela, il s’apparente à Poutine et devra, comme lui, user de la force et du mensonge pour asseoir son empire. La brutalité, il connaît, le boniment aussi, pour susciter l’émotion et obtenir l’adhésion des électeurs délaissés et désorientés constituant l’essentiel son socle électoral. Comme son nouvel ami du Kremlin, il ignore les faits, réécrit l’Histoire dans des distorsions libres, décomplexées et simplistes, accessibles aux publics convertis par des promesses familières et intelligibles.
Gentil ou méchant, blanc ou noir
La rédemption des peuples offensés par les élites est activée, galvanisée par des fakes news distillées à bon escient et goulument dans les médias, notamment sur les réseaux sociaux, complices technologiques de la supercherie. Sur une même imposture, en 2003, George Bush avait abusé le monde en exhibant des preuves contrefaites de la présence d’armes de destruction massive sous le régime de Saddam Hussein. On sait ce qu’il advint, une guerre, une défaite, des centaines de milliers de morts, des millions de réfugiés, l’Iran renforcé et un nouveau terreau fertile pour les terroristes d’Al-Qaïda, devenu aujourd’hui l’État islamique. La supercherie de Bush est l’exemple inusité d’une pratique désormais affadie mais coutumière, dans l’ère nouvelle de la post-vérité. Zelensky est un dictateur, non élu démocratiquement, soutenu par 5% de la population d’un pays auquel les USA ont donné 500 millions de dollars. Fi ! Des faits, des arguments, tout est faux, le chef de guerre ukrainien n’a pas été gentil, il est versé chez les méchants dans ce monde contrefait et arbitraire où tout est noir ou blanc. La faim justifie les moyens, aussi nauséabonds et crasseux soient-ils, face à la vérité devenue insupportable. Alors on affabule, raconte des bobards, on mystifie au plus haut de nobles sociétés gangrénées par les cercles de faux prophètes aux âmes disparues.
Georges Chabrier
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