Pour nous prémunir du gros temps, nous devrions tous nous embellir d’une coiffe confortable, tendance, du meilleur effet. Pour 5,89 € et 1,36 € de frais de port, AliExpress, le grand épicier chinois, propose même de nous la livrer à domicile. Pour peu que nous fassions fi de l’empreinte carbone d’une telle coquetterie, nous pourrions donc tous arborer une magnifique casquette rouge, une Trump « MAGA », puissamment protectrice des rayons ultra violents. Le directeur commercial de la marque, ce cher Donald, en fait d’ailleurs publicité aux quatre coins du globe pour habiller ses affidés du complot et de l’outrance d’un label éminent. « Make America Great Again », la marque est déposée, génère des millions de dollars ce qui, semble-t-il, aurait donné l’idée au businessman de Mar-a-Lago d’en créer une nouvelle pour arrondir ses fins de mois. Ce n’est pas encore officiel, mais des espions industriels bien informés ont laissé fuiter l’information, « MRGA » serait, à priori, déjà en production chez les Ouïghours du Xinjiang. Plutôt qu’Elon Musk, Mike Tyson ou Mel Gibson, Trump aurait distingué une égérie montante pour assurer la promotion de sa nouvelle fashion excentricité. Un ambassadeur idoine pour appréhender une campagne marketing insolente laissant ébaubis et babas les publicitaires en Saint-Laurent, Ray-Ban, bronzés et tannés. Vladimir Poutine sera bel et bien la muse inspirante de « Make Russia Great Again » la nouvelle start-up expérimentée sur le marché émergent et obscène de la géographie politique internationale. Trump et son quarteron de missionnaires en ont décidé ainsi pour punir leurs alliés européens engourdis et cotonneux et, plus cruellement, les Ukrainiens, ceux-là mêmes qu’il avait armés pour contrer Poutine.
Les usuriers
Les affaires sont les affaires, Volodymyr Zelensky a refusé de brader les éléments de terres rares de son riche pays, nickel, graphite ou lithium, dans le marché de dupe proposé par les Américains. Pour se rembourser d’une aide surévaluée à 500 milliards de dollars, les Etats-Unis exigeaient une rente perpétuelle établie sur la moitié des revenus et des valeurs financières liées à l’extraction desdites ressources. Zelensky a légitimement éconduit les usuriers, se condamnant aux vindictes subites des marchands d’armes dont l’estocade fut aussi imprévisible que brutale. Le « dictateur sans élection » responsable de centaines de milliers de morts dans une guerre qu’il « n’aurait jamais dû commencer », n’est pas plus Poutine, mais Zelensky, métamorphosé en bête noire par le sorcier de la maison blanche, telle Odette dans le Lac des cygnes de Tchaïkovski. La tragédie s’écrit sous les yeux des européens médusés par la trahison mercantile du prétendu protecteur des démocraties tremblantes. Ce temps semble révolu et la désunion des vingt-sept membres ne laisse augurer rien d’efficient quant à une réaction collective, en riposte appropriée, crédible et durable. Hors OTAN, hors UE, une coalition de nations volontaires pourrait prêter main-forte pour sauver l’Ukraine d’une défaite humiliante, tragique, aux effets dévastateurs. Début mars, nos députés et sénateurs seront appelés à débattre sur ces événements fondamentaux, sur l’infidélité sombre et déroutante d’un allié historique sorti du rang sur le chemin de l’inconnu. La gravité du moment devrait inspirer de noblesse et de dignité les hémicycles garnis des élus de notre nation.
Georges Chabrier
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