Edito du Kiosque : l’insécurité en question

Samedi dernier, un sexagénaire saumurois a été hospitalisé en urgence absolue, au CHU d’Angers. Victime d’une violente agression, il a subi un traumatisme crânien obligeant les médecins à le placer en réanimation, dans un coma artificiel. Telles sont les conséquences morbides d’une rencontre fortuite avec l’agressivité sauvage de parasites asociaux. En des temps peu lointains l’affaire aurait bruissé dans une opinion publique heurtée par tant de cruauté, mais très vite oublieuse d’un phénomène singulier, inaccoutumé. Or, l’inhabituel semble devenir désormais courant au fil d’une actualité marquée par les récidives de délinquants insatiables en quête permanente de proies de rechange. Les incivilités et les agressions de toutes natures se propagent, visiblement et indistinctement, sur la communauté saumuroise progressivement habitée par une sensation grandissante d’insécurité et d’abandon face aux dangers menaçants. De jour comme de nuit, la drogue circule, de jour comme de nuit, le parcours de ceux qui travaillent ou se détendent se pare d’angoisses justifiées par la réalité des faits, par l’indifférence et l’apathie des institutions chargées d’assurer la paix publique.

Signaux d’alarme

La désinvolture avec laquelle ont été considérés les innombrables signaux d’alarme entretient la confusion et nourrit le débat dans une opinion attirée ou convaincue par l’exigence d’autorité. Face à l’obstacle, la passivité et la faiblesse créent les conditions de la controverse, de l’escalade dans des propos trop aisément adaptés aux idéologies du moment. La réponse doit être nuancée, non transgressive des usages appropriés à l’équilibre serein de notre société, à la confiance et non au doute. L’amertume s’est installée indiciblement dans les esprits dont l’apaisement n’interviendra qu’au terme d’une réponse pertinente, d’une résolution pérenne, sans stratagème. Des CRS ont opportunément battu le pavé du centre-ville. Quelques caméras sont annoncées. Le doute ne sera pas levé par des mesures d’affichage, mais par l’ajustement significatif des missions et des effectifs des forces de maintien et de rétablissement de l’ordre public. La quiétude, la liberté d’aller et venir en toute sérénité des Saumurois est à ce prix, sans plus d’attraits démagogues et excessifs de sécurité.

Georges Chabrier