Les temps changent embarquant vers l’oubli les promesses d’un jour, d’un mariage à raison du geste et des intentions. « Depuis le premier jour de mes fonctions, le sujet des violences faites aux femmes est une priorité. » avait récemment réaffirmé le chef de l’Etat dans son plaidoyer pour défendre Gérard Depardieu, « fierté » de notre douce France. Une préséance de plus, après celle de l’hôpital, activée par la pandémie de la Covid, celle du logement, en accès de fièvre aiguë, de l’éducation nationale, étêtée, désorientée et sitôt expédiée au mitard par la jacquerie des agriculteurs. Une crise chasse l’autre, renforcée par les circonstances aggravantes. Espérons que les forces de l’ordre, fort malmenées, ne succombent pas à la pression olympique et qu’un nouvel été caniculaire n’embrase nos prisons surpeuplées. Reconnaissons que l’exercice est périlleux, obligeant nos gouvernants à se multiplier dans des urgences congestionnées. « Face à un grand problème, c’est l’indifférence et l’apathie qui font problème » disait Marcel Proust. Fort justement, nous en sommes là, l’héritage est miné par une succession de mandats velléitaires et papillonnants. Subito presto, il faut continuellement éteindre les incendies et ériger en promesse une priorité enfouie dans les vestiges de l’abdication. Malgré tout, parfois, un sujet récurrent semble devoir échapper à l’amnésie chronique. Unanimement partagé par les représentations nationales, il suit donc la voie parlementaire pour la promulgation d’une loi vers un progrès attendu. Le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes compte parmi ces exceptions portées par les gouvernances européennes et françaises au prix de débats au long cours couronnés par l’adhésion finale. Et ce malgré les résistances pugnaces de conservateurs rétrogrades notoires, étrangement confortés par l’appui déconcertant d’aucuns qui, ostensiblement, épousent, sans jurer fidélité.
Singulière attitude
Ainsi, cette semaine, la Commission, le Conseil et Le Parlement de l’Union européenne se sont accordés sur une directive inhérente aux violences faites aux femmes, sans obtenir de consensus sur la définition communautaire du viol. En cause, la Pologne et la Hongrie qui ont renâclé sur l’inscription explicite de la notion de consentement, soutenues et accompagnées à la stupéfaction générale par… notre douce France et son porte-parole, garde des Sceaux, Eric Dupont-Moretti. Singulière attitude pour les chantres du combat, de « la Grande cause du premier quinquennat ». Mais, malheureusement ce n’est pas tout puisque notre président du Sénat a lui aussi pratiqué l’incision dans le vernis – trompeur – d’une unanimité souhaitant orner notre constitution d’une avancée notoire : l’inscription tant attendue de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). « Elle n’est pas menacée dans notre pays (…) La constitution n’est pas un catalogue de droits sociaux et sociétaux » s’est expliqué Gérard Larcher, sous les foudres de l’univers féministe. La très discrète Sophie Marceau a mené la fronde contre la parole « rétrograde et hypocrite » du « vice-président » de la France. Etrange, faudrait-il croire que, chez certains, les femmes et les hommes ne sont toujours pas d’un même rang rendant leurs amours inaccessibles.
Georges Chabrier
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Commentaires 2
Bonjour monsieur CHABRIER. Belle analyse et belle écriture comme toujours. Effectivement surprenant le silence… Comme l absence de dégoût sur l affaire Gérard Miller l homme de gauche et ses 41 victimes. Aucun débat dans quotidien ,C à vous ,Télérama,le courrier de l ouest etc etc.
Merci pour cet édito qui nous oblige encore une fois dans la conviction que nous sommes TOUS et TOUTES égales et égaux en droit…Surprenant quand même tous les attermoiements pour y parvenir.