Edito du Kiosque : Histoires d’eau

L’eau a fait couler beaucoup d’encre. La pluie abondante a drapé nos rivières en carence de soleil purificateur. Les choses sont rentrées dans l’ordre. Il fait beau, Anne Hidalgo a plongé dans la Seine, on patauge à Millocheau et les vignes se parent d’ardeur prometteuse. Oubliés les tourments, place aux JO, à la coalition sportive qui unira 10 500 athlètes dans le village du monde. Parmi eux, deux Saumuroises, tristement exemptées de reconnaissance locale, à l’instar de l’événement.
Chiara Zenati et Swing Royal*IFCE / Pauline Basquin Sertorius de Rima Z*IFCE ©FFE-PSV

Les agences régionales de santé ont donné leur feu vert. Où il était prohibé de nager en eaux troubles, il est désormais acceptable de patauger librement. Les contaminants fixés par les pluies abondantes ont été purifiés par les rayons énergiques d’un soleil enfin retrouvé. Et, avec lui, l’envie urgente d’enfouir ses chaleurs sous le clapotis d’une onde relaxante et rafraîchissante. Il était temps. A Paris comme à Saumur, piquer une tête à l’aune du mois d’août apparaissait comme un impératif, en regard d’obligations estivales dédiées aux publics locaux ou internationaux. Paris n’est pas Saumur mais, en commun, elles arborent fièrement un fleuve dont il convenait de dissiper au plus vite la vulnérabilité aux pollutions. Ce fut accompli dans la capitale lorsque dans le sillage d’Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports en congés, Anne Hidalgo, premier édile, exécuta un médiatique plongeon pour valider le bassin parisien, la Seine, théâtre aquatique du triathlon et de la nage en eau libre aux JO 2024. Un courage extraordinaire, à la hauteur du challenge relevé pour cette ambition planétaire. Madame Hidalgo l’a donc fait et d’aucuns auraient hardiment imaginé notre maire en trempette exemplaire pour dissiper les derniers doutes des jouteurs de Millocheau ! Mais, gardons raison et compassion, les enjeux sont tout autres sur nos rivages préservés du tohu-bohu et consacrés par l’Unesco pour leur remarquable richesse culturelle. Ils sont à préserver dans leur écosystème pour garantir la pérennité du vivant. De la flore, la corrigiole et le pourpier, et de la faune, cincle plongeur (merle d’eau), grèbe huppé ou autre sterne, en pause migratoire sur le chemin des douceurs africaines. Mais voilà que la bonne conscience mobilisatrice autour de la préoccupation écologique vient s’échouer sur les bancs de sable de Montsoreau. Contre vents et marées, contre l’avis du conseil municipal et du Parc Naturel Régional, la préfecture de Maine-et-Loire vient en effet d’autoriser l’implantation d’un ponton de 30 m de long pour relancer une activité de ski nautique. Autant dire pour anéantir les efforts entrepris pour préserver la sérénité environnementale de la belle ligérienne. Quel taon a donc piqué nos fonctionnaires pour talonner l’aspiration incongrue d’une frange d’adeptes de cette discipline disparue des quais depuis longtemps.

Deux Saumuroises à Versailles

Ce ne sont certes pas les JO qui ont réveillé les ardeurs des héritiers de l’illustre Patrice Martin (12 fois champion du monde). En démonstration à Munich, en 1972, ce sport n’avait pas convaincu et ne figure pas dans la liste ouverte des 43 compétitions couronnant les rois. Le cheval vapeur n’a jamais concurrencé la force tranquille des avirons et des bras, la douleur domptée par les sourires de nos multiples champions olympiques. Sur l’eau, dans l’eau, nous attendons l’avènement de nouvelles stars pour succéder aux Estanguet, « kiki » Caron, Manaudou, Lacourt ou Bernard. Léon Marchand (triple champion du monde en 2023) pourrait bien bonifier la moisson espérée, comme la pluie exubérante et le soleil regagné en font promesse pour extraire à la vigne une vendange d’exception. Rêvons, rêvons de médailles d’or, d’argent ou de bronze sur l’eau, dans l’eau ou sur le sable d’une carrière royale livrée transitoirement à la fraîcheur stimulante des eaux cascadantes et jaillissantes des jardins de Versailles. Faisons un pas, une diagonale, quelques longueurs et demi-voltes, une serpentine, figures simples et composées du dressage de chevaux auquel participeront deux Saumuroises. Chiara Zenati (21 ans), sélectionnée en para-dressage avec son cheval Swing Royal*IFCE et Pauline Basquin (46 ans), nouvelle cheffe de file de l’Equipe de France en complicité avec Sertorius de Rima Z*IFCE. Deux couples de champions, quatre ambassadeurs de l’excellence locale, exposés au monde entier, à défaut de l’être dans notre propre cité. A l’instar des Jeux, sans étendards de parade pour être au diapason des symboles et valeurs de l’olympisme. La flamme est passée, sous le pont Cessart coule la Loire.

Georges Chabrier

 

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