Chemin faisant, François Bayrou a gravi un premier sommet vers l’Everest dressé sur son parcours à Matignon. Les folles journées précédant le vote salutaire ne laissaient, il est vrai, planer guère de doutes quant à l’issue du résultat. Et ce, malgré le brouillard répandu sur les pentes savonneuses damées par les sauveteurs parlementaires. Malgré des partis, couards et abscons, emberlificotés dans des stratégies fumeuses pour ériger une montagne et accoucher irrémédiablement d’une souris. En un temps, le Rassemblement national avait dévissé Barnier, aujourd’hui le Parti socialiste a assuré le premier de cordée. C’était écrit, à l’encre sympathique, dans le secret d’accords tacites ou négociés, immuablement éphémères. « Nous avons choisi de ne pas pratiquer la politique du pire » ; a justifié Olivier Faure, premier secrétaire du PS, pour valider le budget que la France attendait. Aussitôt dit, aussitôt fait, pour les 49.3, mais tout aussi promptement contrebalancé par la menace d’un 49.2 pour censurer les « valeurs de la République », bafouées par le Premier ministre dans son propos sur le sentiment d’immersion.
Moins de dogmes, moins de malheurs
Malin, bien joué ! Rassurez-vous, on reste à gauche, dans un Nouveau Front Populaire secoué par la « trahison », proclamée par Mélenchon. Le patron de LFI ne décolère pas et jure de régler les comptes aux municipales prochaines. Ça promet, d’autant que la déroute de Louis Boyard dans le scrutin de Villeneuve-Saint-Georges donne un avant-goût du sort promis aux belligérants. Les diatribes de l’insolent et incongru député du Val-de-Marne cristallisent tous les circonspections émises sur les stratégies contestables et équivoques de ses dirigeants. Louis Boyard devrait débrancher, prendre du repos, commander sur Amazon un « boardshort » de surf, une casquette de baseball, un drap de bain et un sac cabine pour partir au loin. En Somalie et en Syrie pour y rejoindre le quotidien des réfugiés mis en scène par Channel 4 dans son émission nauséabonde de téléréalité « Rentrez chez vous ». Léger et court vêtu, il irait à grand pas sur les routes migratoires encombrées des victimes indistinctes de la misère, des répressions, des guerres et, bien entendu, du terrorisme. Par une nuit apaisée, de sa besace chargée d’émotions, il sortirait un livre. Puis une lampe de poche dont le halo de lumière révèlerait Voltaire et son Traité sur la Tolérance. « Moins de dogmes, moins de disputes, moins de disputes, moins de malheurs”, murmurerait le philosophe à l’oreille du chameau.
Georges Chabrier
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