Edito du Kiosque : des câlins, pas la guerre !

Entre les femmes davantage féministes et les hommes plus machistes, le torchon brûle. Les unes luttent pour l’égalité des sexes, les autres pour affirmer un virilisme de bon aloi, promu dans la virulence de nos sociétés. Quant à ceux qui font bon ménage, Ils ne font plus de bébés.
Photo AFP

Aux antipodes du héros de Walt Disney, le Donald colérique de la Maison blanche n’irise pas par sa bienveillance, si ce n’est pour les nationalistes et les puissants au premier rang desquels figurent les virilistes et les machistes. Les femmes, pourtant assez nombreuses à lui avoir accordé confiance, en avalent leurs chapeaux, éreintées dans leur combat égalitaire par la misogynie proclamée de l’élu. Au même titre que climat, équité, diversité, inclusion, genre, le mot femme est désormais interdit de cité dans les articles de travaux scientifiques financés par l’Etat. L’intelligence artificielle fera le tri, sans émotion, au grand dam d’une communauté stupéfaite par la radicalité de cette décision assimilée à une entrée en « guerre contre la science ». Comme il a réveillé l’Europe, prise de torpeur sous l’ombrelle bienveillante de l’OTAN, Trump ravive les luttes des féministes pour l’égalité des droits dans la nouvelle donne américaine. « Avec lui, on a le droit d’être des vrais mecs » s’exprimaient ses électeurs subjugués et décomplexés par la virilité du mâle. L’expression ostentatoire de cette animosité est donc institutionnalisée obligeant les militantes à se remobiliser, voire s’orienter vers l’alternative extrême « d’un monde sans les hommes », inspirée du mouvement sud-coréen « 4b ». Autrement dit des quatre « Bi » (non, en coréen) signifiant « bihon », non au mariage hétérosexuel, « bisekseu », non aux relations sexuelles, » biyeonae », non aux fréquentations masculines et « bichulsan », non au devoir reproductif et à l’accouchement… Tout un programme que les femmes de la péninsule asiatique cultivent en nombre suffisant pour accroître l’inquiétude des autorités déjà préoccupées par une dénatalité critique. Avec le taux de fécondité le plus bas du monde (0,72 enfant par femme) son existence même est en péril et ce ne sont ni les robots, ni les poussettes à chiens qui laissent augurer du bel avenir du pays du matin frais.

Populations désenchantées

Le voisin japonais et l’Italie sont aussi très affectés par cette tendance baissière à laquelle n’échappe plus aucune nation. Sans un taux de renouvellement estimé à 2,1, les populations vieillissent, les jeunesses et les potentiels se raréfient, les économies se fracturent et s’appauvrissent. Et ce, malgré un panel audacieux de politiques natalistes ne fonctionnant plus sur des populations désenchantées, désillusionnées, n’espérant plus guère dans la concrétisation de projets familiaux crédibles et pérennes. Il faudrait donc faire des bébés, encore et toujours des enfants, malgré l’adversité des rapports sociaux, la brutalité d’un monde où la force s’impose, où la guerre propage ses funestes ravages sur des générations. La violence, la bestialité sont essentiellement portées par des hommes bien éloignés du rêve de paix des mères et des épouses mises en littérature par le dramaturge grec Aristophane (445 -386 av. J.-C.). Emmenées par Lysistrata, les Athéniennes s’investissèrent d’une mission insolite pour mettre un terme à la guerre du Péloponnèse, contre la cité de Sparte. Elles se déclarèrent tout simplement en congés de relations amoureuses pour ramener leurs maris à la raison, à la maison… Les armées implorèrent la paix ! Les câlins ou la guerre, telle fut la question posée par l’absurde pour retrouver la concorde d’un jour. Un apaisement trivial de force à satisfaire les troupiers d’antan, comme leurs descendants actuels, phallocrates toujours peu versés vers l’égalité des sexes. Vers l’émancipation des femmes et de tous ces hommes assujettis aux clichés et poncifs de cette mauvaise engeance. Vivre sans aimer n’est pas proprement vivre et, parfois, ça commence par un baiser, ça finit par un bébé.

Georges Chabrier

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