D’où vient l’idée de choisir le temps comme sujet d’exposition ?
« L’abbaye avait déjà abordé le sujet du temps avec l’exposition À toute volée consacrée à la fabrication des cloches. On avait envie de poursuivre. L’idée première était de créer une exposition sur le thème des mécanismes d’horloges des édifices religieux. À ce moment-là, je me suis posé une question simple, presque infantile, une question si évidente que nous l’avions laissé en suspens dans l’exposition. Vous savez ce genre de questions que posent les enfants et pour lesquelles les adultes sont désarmés. Cette question était : comment sait-on qu’il est l’heure de sonner la cloche ? La cloche matérialise l’heure mais ce n’est pas un instrument de mesure. J’ai eu envie de répondre à cette question. »
Cette question n’est-elle pas vertigineuse ?
« Oui, cette question simple donne le tournis car elle ouvre sur un sujet infini : c’est quoi le temps ? »
Un sujet ambitieux…
« Un sujet ambitieux qu’on a eu envie de traiter modestement. Face à un tel sujet, il faut faire preuve d’humilité quand on imagine, qu’avant nous, les plus grands physiciens, philosophes et artistes ont déjà exploré ce sujet. Et puis si ce sujet est savant, il s’agit aussi d’un sujet populaire car chacun d’entre nous a une expérience du temps. On a eu envie de mélanger la culture savante et la culture populaire. »
Cela explique-t-il aussi le choix des objets ?
« Oui. Nous faisons se côtoyer dans une proximité volontaire des objets de cette culture savante et des objets de nos vies quotidiennes. Pour moi, il n’y a pas de frontière. L’objet scientifique ou artistique, souvent ancien, peut créer une distance non voulue avec le visiteur. Le fait d’exposer des objets que le visiteur peut avoir chez lui est un message. On lui dit : « le sujet te concerne ». L’objet quotidien est la porte d’entrée pour raconter les coulisses d’histoire complexe qui échappe, au départ, au visiteur. »
Justement, par rapport aux expositions précédentes, il y a une approche un peu différente, pouvez-vous en dire deux mots ?
« J’apprécie quand les lieus culturels sont capables d’offrir au visiteur une diversité de propositions. Le média de l’exposition est riche. C’est intéressant de ne pas toujours proposer le même type d’exposition. L’abbaye propose régulièrement des expositions historiques et artistiques. J’ai eu envie de proposer une exposition avec une coloration plus sociétale, anthropologique. »
Infos pratiques : Du 7 octobre 2023 au 21 septembre 2025 à l’Abbaye de Fontevraud – Accès inclus dans le billet d’entrée.
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