Nous vous en avions déjà parlé dans un précédent article, le Bioparc de Doué-en-Anjou avait envoyé le 5 janvier dernier une de ses loutres géantes, la femelle Arirahna, en Argentine. Le but de l’opération était de réintroduire cet animal dans son milieu naturel. Il s’agissait alors d’une première en France. Mené par la Fondation Rewilding Argentina à Iberá, au cœur du plus grand parc naturel d’Argentine, la réintroduction de ce grand prédateur emblématique d’Amérique du Sud marque le retour de la biodiversité et le rétablissement d’un équilibre dans les écosystèmes fluviaux du pays. Cet évènement réaffirme également la nécessité des programmes d’élevage qui permettent, lorsque les conditions sont réunies, la réintroduction d’animaux nés en parcs zoologiques, soit afin de renforcer les populations résiduelles, soit pour réintroduire des espèces disparues à l’état naturel. La femelle loutre était arrivé en Argentine, au parc national d’Iberà, à la mi-janvier. Elle avait alors été placée en isolement sanitaire dans une loge spécifiquement aménagée (relire notre article). Puis, elle est passée à une autre étape puisqu’elle a été progressivement mise en contact avec Nanay, un mâle né dans un zoo suédois arrivé en mai dernier. Le Bioparc donne des nouvelles et indique que les deux loutres semblent très bien s’étendre et que cette « bonne entente nous laisse espérer le meilleur pour la suite ! »
La rencontre des deux loutres en vidéo
Le retour d’un prédateur « presque éteint » en Argentine depuis plus de 20 ans
La loutre de rivière géante (Pteronura brasiliensis) est la plus grande espèce de loutre au monde et peut atteindre jusqu’à 1,8 mètre de long. C’était le prédateur suprême dans les écosystèmes aquatiques de Corrientes, se nourrissant de poissons et de caïmans. Jusqu’au milieu du XXe siècle, il était possible de la voir dans le fleuve Paraná. Sa présence passée à Iberá a également été confirmée lorsqu’un crâne de loutre géante a été trouvé sur l’une des îles de la région. La majeure partie du régime alimentaire d’une loutre de rivière géante est composée de poissons, bien qu’elle puisse également inclure des crustacés, des mollusques et des vertébrés terrestres comme des caïmans, des oiseaux et des rongeurs. En raison de ses habitudes alimentaires, ce carnivore est généralement au sommet de la chaîne alimentaire dans les cours d’eau où il vit et est une espèce clé dans ces écosystèmes. La loutre géante est, selon l’UICN, classée dans les listes rouges nationales comme étant « en danger critique d’extinction » au Paraguay et en Équateur, « en danger » au Pérou, Colombie, Venezuela, Bolivie, comme « vulnérable » au Brésil. Elle est considérée comme « éteinte » en Uruguay, et « probablement éteinte » en Argentine. La société argentine pour l’étude des mammifères note qu’il n’y a eu aucune trace d’une population stable ou d’adultes individuels avec des territoires établis en Argentine au cours des trente dernières années au moins. Une combinaison de facteurs liées aux activités humaines a entraîné la disparition progressive de l’espèce sur toute son aire de répartition : destruction de l’habitat, surpêche, contamination des eaux – en particulier par l’exploitation aurifère, l’exploration de combustibles fossiles et l’utilisation de pesticides et d’engrais -, le braconnage, les conflits humains et la mauvaise gestion du tourisme.
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