Après des mois de septembre à janvier globalement proches des normales en termes de précipitations à l’exception du mois d’octobre, ce mois de février est marqué par un manque de pluie extrêmement prononcé. On n’a pas observé de précipitations depuis le 21 janvier dernier, soit 27 jours sans pluie (on parle de jour sans pluie quand le cumul des précipitations agrégé sur la France est inférieur à 1 mm). Et cela devrait perdurer dans les prochains jours, avant un possible retour de la pluie sur certaines régions dans le courant de la semaine prochaine. Le mois de février devrait se terminer avec un déficit pluviométrique de l’ordre de 50 %.
Quelles conséquences sur les sols ?
Sur la totalité du territoire, ils sont nettement plus secs qu’ils ne devraient l’être à cette période de l’année. On est sur un état qu’on rencontre habituellement mi-avril, soit deux mois d’avance. C’est un assèchement moins important que ce qu’on observe habituellement sur les mois d’été, mais c’est remarquable pour la saison hivernale durant laquelle les sols se sont nettement asséchés sur tout le territoire. Certaines régions comme le Roussillon, l’Aude, les Pyrénées-Orientales sont particulièrement concernées.
Est-ce remarquable ?
Une série aussi longue en hiver est remarquable : le dernier record hivernal était de 22 jours sans pluie en 1989. La plus longue période sans pluie qu’a connu la France tous mois confondus, avait duré 31 jours, entre le 17 mars et le 16 avril 2020.
Comment expliquer cette situation ?
Un anticyclone est solidement installé sur la France. Cet anticyclone agit comme un bouclier qui repousse les perturbations hors de notre territoire.
Ce manque de pluie depuis mi-janvier s’inscrit dans une période plus longue déjà marquée par la chaleur et la sécheresse. Où en étions-nous au début de l’année ?
Depuis l’été 2021, la France subit en effet une sécheresse météorologique préoccupante. Depuis août 2021, tous les mois sont déficitaires en pluie à l’exception des mois de décembre 2021, juin 2022 et septembre 2022. Le manque de pluie sera à nouveau très marqué sur l’ensemble du mois de février 2023, qui marquera la fin d’un hiver remarquablement sec. L’hiver 2023 figurera parmi les 10 hivers les moins arrosés depuis 1959. Il fait suite à une année 2022 remarquablement chaude et sèche. En plus du manque de pluie, depuis douze mois d’affilée, il fait plus chaud que la norme en France. Le mois de février pourrait être le treizième de cette série inédite. C’est la première fois depuis 1947 (date des premières données) que nous observons une série aussi longue de températures moyennes mensuelles au-dessus des normales.
Doit-on craindre pour la situation de l’été ?
Outre le manque de pluie, l’enneigement des massifs pyrénéens et alpins est aussi nettement inférieure à ce qu’on observe habituellement à cette saison. La neige des montagnes, en fondant au printemps, permet une alimentation supplémentaire en eau des rivières proches des montagnes. L’hiver permet habituellement aux sols de se gorger d’humidité, aux nappes souterraines et rivières de retrouver leurs niveaux habituels. C’est ce qu’on appelle « période de recharge », de novembre à mars. Cette période est cruciale pour que les stocks d’eau se reconstituent. La situation pourra donc encore évoluer surtout en mars. La pluviométrie des 3 prochains mois (mars, avril, mai) sera ainsi déterminante.
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