La vente de protoxyde d’azote ou « proto » (molécule N2O) est interdite aux mineurs en France depuis 2021 mais plus d’un quart des étudiants affirment en avoir déjà consommé. Gaz médical d’usage réglementé à visée anesthésique et/ou analgésique, le protoxyde d’azote est également utilisé pour des aérosols culinaires. Il est alors conditionné pur sous forme de cartouches (pour les siphons à chantilly par exemple) ou de bonbonnes de plus grand volume et son usage est d’autant plus dangereux. S’il n’est pas considéré comme un stupéfiant, le protoxyde d’azote comporte de nombreux risques : pertes de connaissances, asphyxie, voire des troubles neurologiques à plus long terme. Plusieurs décès ont été constatés. Dans les soirées entre jeunes, il est transféré dans des ballons de baudruche afin d’être aspiré par la bouche. Cela entraîne une euphorie comparable à une ivresse, souvent accompagnée de rires incontrôlables (d’où le nom de gaz hilarant), de distorsions visuelles et auditives, de modification de la voix. Cette pratique est en forte progression chez le public jeune depuis quelques années alors qu’elle présente un risque d’intoxication aigüe et de complications graves sur le long terme. Face à l’alerte donnée par les professionnels de santé et les structures de veille sanitaire d’addictovigilance et de toxicovigilance, une loi de prévention des usages dangereux du protoxyde d’azote a été adoptée en juin 2021 (loi n°2121-695 du 1er juin 2021). Elle interdit notamment la vente du produit aux mineurs. Pour rappel, la vente de protoxyde d’azote est punie de 3 750 € d’amende.
Les effets secondaires
Le protoxyde d’azote peut entraîner des effets indésirables, qui disparaissent généralement 15 minutes après l’arrêt de l’inhalation mais peuvent persister quelques heures, voire quelques jours, en fonction de la dose consommée : nausées et vomissements ; maux de tête ; crampes abdominales ; diarrhées ; somnolence et légère baisse de la vigilance dans les 30 minutes qui suivent la prise ; vertiges ; acouphènes (perceptions de bourdonnements en l’absence de bruit extérieur). À forte dose, sa consommation peut aussi entraîner : confusion, désorientation ; difficultés à parler et à coordonner ses mouvements ; faiblesse musculaire.
Les risques
Chaque prise entraîne des risques immédiats :
– risque de brûlure par le froid : le gaz libéré est extrêmement froid. L’inhalation directement à la cartouche expose à de graves risques de gelures du nez, des lèvres et des cordes vocales ;
– manque d’oxygène pouvant entraîner la mort : les cartouches sont très concentrées en protoxyde d’azote et des inhalations répétées peuvent conduire à la mort par asphyxie (manque d’oxygène) ;
– risque de perte de connaissance pouvant entraîner une chute grave (risque de fracture, de traumatismes…) ;
– perte des réflexes de la toux et de la déglutition (risque potentiellement mortel de fausse route de vomissements vers les poumons, surtout en cas de perte de connaissance).
L’usage régulier entraîne : des pertes de mémoire ; des troubles de l’érection ; des troubles de l’humeur de type paranoïaque ; des hallucinations visuelles ; des troubles du rythme cardiaque ; une baisse de la tension artérielle. Ces troubles sont réversibles à l’arrêt de la consommation. L’usage chronique à fortes doses entraîne par ailleurs une carence en vitamine B12 qui peut provoquer des affections de la moelle épinière à l’origine de troubles neurologiques : fourmillements ou engourdissements des doigts et des orteils ; difficulté à marcher due à une faiblesse des jambes et des troubles de l’équilibre ; sensations de décharges électriques dans la nuque. La carence en vitamine B12 peut également provoquer une anémie qui se manifeste par une fatigue chronique, une perte de force et une faiblesse immunitaire ainsi que des troubles de l’humeur, hallucinations, idées suicidaires… qui peuvent apparaître tardivement (après plusieurs mois d’utilisation). Ils sont généralement réversibles à l’arrêt de la consommation en suivant un traitement à base de vitamine B12. Le surdosage se manifeste par des troubles moteurs, des altérations de la perception et plus rarement des convulsions. Il peut être la cause d’une détresse respiratoire pouvant entraîner la mort.
La dépendance
Le potentiel addictif du protoxyde d’azote reste discuté, mais chez certains usagers, le faible coût du produit et la disparition rapide des effets recherchés peuvent inciter à renouveler fréquemment les prises et conduire à une consommation excessive. À l’arrêt de la consommation, les usagers réguliers peuvent ressentir de l’anxiété, de l’agitation, des douleurs abdominales et des tremblements.
À noter : Si vous rencontrez un problème, DroguesInfoService vous informe, vous conseille sur son site et répond à vos questions de 8h à 2h (7j/7) au 0 800 23 13 13 (service et appel anonymes et gratuits). Un document pédagogique a été élaboré par les Hospices civils de Lyon pour informer sur les risques liés à la prise de protoxyde d’azote. Vous pouvez télécharger la plaquette de prévention.
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