Avec AFP
Le Premier ministre a demandé à sa ministre du Travail Catherine Vautrin « de préparer de nouvelles négociations » avec les partenaires sociaux sur l’assurance chômage avançant parmi les pistes une baisse de la durée d’indemnisation de 18 à 12 mois maximum. Une proposition que les organisations syndicales ont jugé d’emblée « inacceptable ». Autres pistes évoquées: la possibilité de toucher au temps minimal travaillé pour bénéficier du chômage, ou encore d’agir sur le « niveau » de l’indemnisation. Gabriel Attal s’exprimait après avoir réuni à Matignon dans la matinée un séminaire gouvernemental aux allures de conseil des ministres consacré au travail, plaidant notamment pour la « désmicardisation » du pays. Le chef du gouvernement souhaité à cet égard « revoir le système des allègements de cotisations » patronales pour que cela incite « davantage à augmenter » les bas salaires. Une mission a déjà été confiée en ce sens à deux économistes (Antoine Bozio et Etienne Wasmer) qui rendront leurs travaux « au mois de juin ». Alors qu’une nouvelle convention d’assurance chômage, négociée à l’automne par les organisations syndicales et patronales, devrait être validée sous peu par le gouvernement, l’idée de remettre immédiatement l’ouvrage sur le métier a fait bondir les oppositions, à commencer par Marine Le Pen. La cheffe de file des députés RN a dénoncé « une escroquerie qui n’a qu’un seul but : faire les poches des Français pour renflouer les comptes de l’État qui sont en déficit à cause de l’impéritie du Gouvernement ». « En 2024 l’assurance chômage sera excédentaire de 3 milliards d’euros », a pour sa part noté le patron des députés LR Olivier Marleix, criant à « l’enfumage » alors que sur « le train de vie de l’Etat », le gouvernement ne propose « rien ».
« Discours populiste »
Car le gouvernement est en quête d’économies après le dérapage du déficit public à 5,5% du PIB en 2023, selon l’Insee. Soit 15,8 milliards d’euros de plus que les prévisions du gouvernement, qui exclut d’augmenter les impôts. Dix milliards d’euros de coupes ont déjà été actées mi-février sur le budget 2024, mais des économies supplémentaires seront à trouver dès cette année, a prévenu le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Et « au moins 20 milliards » pour 2025, alors que Gabriel Attal a réaffirmé mercredi « l’objectif de passer sous les 3% de déficit en 2027 ». De même, l’exécutif cherche des signaux à envoyer aux agences, qui pourraient dégrader la note de la France, à l’instar de Moody’s qui juge « improbable » la trajectoire budgétaire visée par la France. Une nouvelle réforme de l’assurance chômage, dont le gouvernement espère tirer « quelques milliards », s’ajouterait à celles contestées par les syndicats de 2019 et de 2023. « La seule chose annoncée par Gabriel Attal ce soir, c’est encore taper sur les précaires ou les chômeurs », a réagi Denis Gravouil négociateur de la CGT sur l’assurance chômage. « Le régime d’assurance chômage ne peut pas être une variable d’ajustement budgétaire de l’Etat », a pour sa part prévenu la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon. François Hommeril , président de la CFE-CGC, a dénoncé un « discours populiste » au « cynisme absolu » qui « méconnaît ce que c’est la situation d’un chômeur confronté à la difficulté de retrouver un emploi », auquel « on va imposer des mesures de rétorsion comme s’il était responsable en partie ou en totalité de sa situation ». Malgré ce tir de barrage des organisations syndicales, un proche du Premier ministre estime que ces dernières ne parviendront pas à « massivement mobiliser là-dessus » comme sur la réforme des retraites.
Pas de « dogme » sur les superprofits
Les syndicats s’opposent également à une reprise en main possible par l’Etat de l’assurance chômage, actuellement pilotée par les partenaires sociaux, via l’Unédic. Sur ce point, Gabriel Attal a dit son attachement au « dialogue social », alors que sur l’emploi des seniors, dont le taux est très faible en France, les négociateurs syndicaux et patronaux ont entrevu mardi soir la possibilité de s’entendre avant une ultime séance prévue le 8 avril. Quant au débat sur l’opportunité d’augmenter les impôts, qui divise la majorité, Gabriel Attal a affirmé ne « jamais (avoir) eu de dogme sur le sujet » d’une taxation des superprofits, en rappelant celle sur les énergéticiens. Mais il a aussi tracé ses « lignes rouges » concernant les augmentations d’impôts: qu’elles ne touchent pas « les Français qui travaillent », en particulier les « classes moyennes », ni « ce qui permet de financer le travail », à savoir « les entreprises ».
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