Imane Chaib, étudiante en master d’économie du droit à l’Université Paris Nanterre et stagiaire au sein du service des relations internationales de l’IFCE (avril – juin 2022), a récemment publié pour l’IFCE un rapport sur les effets du Brexit sur la filière cheval (lire ici). Dans ce rapport, l’auteure et l’IFCE indiquent que l’entrée en vigueur du Brexit s’est accompagnée d’importants changements de réglementation. « Avant le Brexit, la circulation des chevaux de haut statut sanitaire entre la France, le Royaume Uni et l’Irlande était facilitée par l’accord tripartite. Aujourd’hui, aux nouvelles procédures administratives, douanières et sanitaires s’ajoutent : des frais de déplacement auparavant inexistants, une augmentation du temps de transport qui impacte le bien-être des équidés. » Le rapport estime cependant qu’il est « trop tôt pour mesurer l’impact économique détaillé du Brexit. » Néanmoins les premières données chiffrées laissent augurer d’une baisse à long terme des échanges. Une reconfiguration des flux économiques est également possible. Le secteur du galop est le plus touché. Les mouvements de pur-sang (tous motifs confondus) entre la Grande-Bretagne et l’Europe (Irlande inclus) ont chuté de 31% entre 2019 et 2021. Ce chiffre atteint 45% si l’on retient les pur-sang déplacés à des fins de courses. Les frais administratifs et sanitaires moyens s’élèvent à 1 700€ par cheval, pour un aller-retour entre la France et la Grande-Bretagne.
Entreprises de transport, compétitions sportives, des conséquences variées
Certaines sociétés de transport ont constaté une demande de déplacements croissante. Les nouveaux clients de ces sociétés sont les particuliers qui, autrefois, avaient l’habitude de déplacer eux-même leurs chevaux à destination et en provenance du Royaume-Uni. Depuis le Brexit, en raison de la complexité des démarches à suivre, ceux-ci préfèrent déléguer ces activités à des professionnels. « L’impact du Brexit est particulièrement fort sur les concours équestres de niveau intermédiaire (jusqu’à trois étoiles). Avant le Brexit, se rendre en Écosse ou en Île-de-France depuis Londres pour participer à une compétition d’équitation demandait un temps de transport équivalent. A cause des formalités, ce n’est plus le cas. Le sport de très haut niveau (5 étoiles) n’a pas été impacté et ne devrait pas subir les répercussions du Brexit dans les mois et années à venir. »
Comment voir l’avenir ?
Il faut préciser qu’au Brexit est venu s’ajouter l’effet de la crise sanitaire de la Covid-19. Les deux événements ont affecté les déplacements des équidés. « Il est donc aujourd’hui difficile de faire la distinction précise des conséquences de la Covid-19 et celles du Brexit », estime le rapport. L’impact du Brexit sur la filière demeure hétérogène. « Le ressenti des uns n’est pas nécessairement celui des autres. Les grands haras, les cavaliers professionnels de très haut niveau ou encore les propriétaires des meilleurs chevaux de course se sont adaptés face à l’accroissement des coûts et à la complexité des démarches à suivre pour déplacer leurs chevaux de part et d’autre de la Manche. Certains organisateurs de concours français et européens rapportent que de moins en moins de cavaliers britanniques et irlandais participent à leurs compétitions. Certains petits éleveurs ont dû, quant à eux, renoncer à faire saillir leurs juments en Grande-Bretagne en raison des coûts élevés liés à de tels déplacements. Réfléchir dès aujourd’hui à des propositions permettant de fluidifier les déplacements d’équidés de part et d’autre de la Manche est important pour limiter, à plus long terme, l’impact négatif du Brexit sur la filière ». Le rapport fait état de propositions d’ordre économique, logistique, mais aussi politique.
Infos pratiques : Pour aller plus loin et en savoir plus, consultez le rapport complet sur ce lien : https://mediatheque.ifce.fr/index.php?lvl=notice_display&id=71572
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