Dossier. Des vignerons du monde entier à Paris pour séduire les acheteurs avec de nouveaux produits

Pour la 5e édition du salon Wine Paris et Vinexpo Paris, le plus grand événement pour les professionnels des vins et spiritueux en France, quelque 3.900 exposants accueillent de lundi à mercredi exportateurs, restaurateurs, cavistes, sommeliers. Quelque 40.000 visiteurs sont attendus au parc des expositions de la Porte de Versailles. Des vins sans alcool ou des rouges à déguster frais : aux côtés des traditionnels cépages, des vignerons du monde entier vont pendant trois jours à Paris proposer des produits qui, espèrent-ils, répondront au goût d'amateurs qui consomment de moins en moins de ce breuvage.
©Pexels

Avec AFP

Le salon « a pour vocation de trouver des débouchés commerciaux tant en France qu’à l’étranger », rappelle Rodolphe Lameyse, directeur général de l’organisateur Vinexposium, à l’AFP. La filière des vins et spiritueux est, à ses yeux, « à un tournant ». En plus de l’impact du changement climatique sur les vignes, les viticulteurs font face à la hausse généralisée de leurs coûts, à la crise du pouvoir d’achat et aux aléas géopolitiques. Pour des raisons économiques ou dans un souci de modération, la consommation de vin tend plus généralement à baisser, dans le monde comme en France où elle a chuté de 70% en 60 ans. « Le gâteau mondial se réduit, les parts de marché coûtent de plus en plus cher », remarque Rodolphe Lameyse. Innovation et montée en gamme sont selon lui les maîtres mots, mais « tout le monde n’a pas la capacité de faire l’un et/ou l’autre ». Des vignobles tirent leur épingle du jeu. Les champagnes ou les bourgognes continuent à profiter de leur réputation. Les vins « premium et super premium » ne sont pas en décroissance, remarquait Michel Chapoutier, président du syndicat national des négociants (UMVin) lors d’une présentation du salon en novembre. « Les nouvelles générations boivent des boissons qui sortent du frigo ou des effervescents« , des virages qu’ont su prendre des vins considérés comme plus frais tels les pinot noir d’Alsace ou les rouges de la Loire, ajoutait-il. Les zones où des programmes de destruction d’excédents viticoles ont été mis en place en France correspondent à « des vins d’entrée de gamme qui ne trouvent pas preneurs ».

Mesures d’urgence

Plusieurs mesures ont été annoncées par le gouvernement au moment de la récente crise agricole, dont une aide d’urgence à la trésorerie de 80 millions d’euros pour les vignerons frappés par des aléas climatiques, sanitaires ou des prix trop bas. Un fonds de 150 millions d’euros sur deux ans est aussi prévu pour la restructuration du vignoble, notamment pour les régions souffrant de surproduction, comme le vignoble occitan ou de Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). Il soutiendra des arrachages temporaires de vignes en vue de la replantation de cépages plus adaptés et des arrachages définitifs pour les viticulteurs souhaitant se diversifier. Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau inaugurera lundi le salon, le gouvernement souhaitant, au-delà des aides au secteur, « également soutenir l’excellence de la filière française vins et spiritueux championne à l’export », selon le ministère. D’après une étude du cabinet Deloitte pour le compte de Vin et Société, une structure de promotion et de défense de la filière, cette dernière réalise en France un chiffre d’affaires de 60 milliards d’euros par an et, de la fabrication à la commercialisation, représente 254.000 emplois équivalents temps plein. En 2022 et 2023, la France a exporté pour plus de 20 milliards d’euros de boissons par an, toutes boissons confondues. Créé en 2019, le salon parisien prend de l’importance et attire de plus en plus d’exposants internationaux (la surface qui leur est consacrée a augmenté de 72% par rapport à 2023). Pour la première fois seront présentes des délégations officielles d’Australie et de Nouvelle-Zélande tandis que les vignerons italiens occuperont tout un hall à eux seuls. « Certains petits importateurs n’ont pas les moyens » d’écumer les salons dans divers pays, « il faut leur offrir la possibilité de faire leur marché dans un seul endroit », remarque Rodolphe Lameyse.

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