Selon RTE, le réseau électrique français a su faire face aux multiples crises de l’année 2022, d’une ampleur inconnue depuis les 1970-1980. Les énergies fossiles (gaz et pétrole) et renouvelables (éolien et solaire), dans cet ordre, ont en partie compensé les baisses de production d’origine nucléaire et hydraulique. Le solde a dû être complété par des importations, une première depuis 1980. Le Bilan électrique national de RTE souligne qu’en 2022, la production nucléaire française ne représente que 70% de la moyenne des 20 dernières années. Certes, l’énergie nucléaire occupe toujours, et de loin, la première place dans le mix énergétique français : l’atome fournit 63% de la production d’électricité. Cependant, du fait de la détection de problèmes de corrosion dans plusieurs cuves, qui nécessitent de mettre plusieurs réacteurs à l’arrêt pour maintenance, le taux de disponibilité du parc nucléaire s’est élevé à 54% seulement, contre 73% entre 2015 et 2019. Dès lors, avec 279 terawatts heure (TWh), le niveau de production de la filière est le plus faible depuis 1988. Par rapport à la moyenne des 20 dernières années, la baisse est de 30%. Elle est particulièrement accusée durant l’été, les centrales nucléaires ayant besoin, pour fonctionner, d’un débit suffisant des cours d’eau. Avec 49,7 TWh, la seconde filière de production d’électricité, l’hydraulique connaît un recul de 20% par rapport à 2014-2019. En raison d’une sécheresse sans précédent, elle est au plus bas depuis 1976, autre année de températures extrêmes.
Une inversion des flux commerciaux
Traditionnellement exportatrice, du fait de la capacité de production de sa filière nucléaire, la France, pour la première fois depuis 1980, a été importatrice nette d’électricité. Sur les 16,5 TWh importés en 2022, 60% l’ont été entre juillet et septembre. Avec la hausse sans précédent des prix de l’électricité et, surtout, des combustibles fossiles sur les marchés de gros, la facture énergétique a dégradé le solde des échanges commerciaux de la France.
Hors nucléaire, davantage de gaz à effet de serre
Quasiment impossible à stocker, l’électricité doit être consommée dès qu’elle est produite. D’où la nécessité de faire coïncider, en permanence, disponibilité de la ressource et consommation, et ce, sur l’ensemble du territoire. L’année 2022 se caractérise par : un recul de la production électrique totale de 15% par rapport à l’année précédente ; une consommation inférieure de 4,2% par rapport à la période 2014-2019, la baisse atteignant même 9% au dernier trimestre.
En raison des aléas rencontrés, dans les filières nucléaire et hydraulique, l’utilisation d’autres sources d’énergie s’est imposée pour faire face aux besoins. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) du système électrique ont atteint 25 millions de tonnes équivalent CO2 (contre 21,5 en 2021), du fait d’un recours accru aux énergies fossiles : l’utilisation des centrales à gaz a connu une forte hausse (44,1 TWh, contre 32,9 en 2021), surtout durant l’été, où la baisse d’électricité d’origine nucléaire est au plus bas ; quant au charbon, malgré le contexte tendu sur l’approvisionnement électrique, son rôle est resté « marginal » (0,6% de la production).
Si le gaz est ainsi redevenu la troisième source de production d’électricité, devant l’éolien terrestre, l’appel aux fossiles n’a pas atteint les niveaux redoutés. Malgré leurs hausses, les émissions de GES demeurent inférieures à 2017. RTE se félicite des progrès réalisés en 2022 dans le domaine des énergies renouvelables (éolien, solaire…), avec l’installation de 5 GW de moyens de production supplémentaires. Avec 87% de production d’électricité décarbonée, la France occupe le troisième rang en Europe, derrière la Suède et la Finlande. Pourtant, « une accélération demeure indispensable pour atteindre les objectifs publics de la décennie 2020-2030 » en la matière.
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