Le dernier des cadets de Saumur s’en est allé. À 104 ans, le chef d’escadron Yves Raynaud était l’ultime représentant de cette promotion de jeunes officiers de réserve, qui, du 18 au 20 juin 1940, avec un courage légendaire, continuèrent à combattre l’envahisseur allemand au moment où le maréchal Pétain rendait les armes. « Quand tout semblait écrit d’avance, quand les colonnes de chars de la Wehrmacht déferlaient sur nos villes et dans nos campagnes, quand officiels et politiques abandonnaient la perspective de la liberté, il s’est trouvé, en France, des amoureux de leur pays suffisamment pétris d’idéal pour refuser de se laisser submerger par l’étrange défaite. Et parce que le courage n’attend jamais le nombre des années, certains d’entre eux n’avaient pas vingt ans, n’avaient pas même achevé leur formation, dans cette école de cavalerie de Saumur, qui, sur les rives de la Loire, forme depuis des siècles de futurs combattants de France au dépassement d’eux-mêmes », indique l’Elysée dans un communiqué rendant hommage au dernier des cadets de Saumur.
La bataille des Cadets, un événement héroïque
Le 17 juin 1940, jour où Jean Moulin tenta de mettre fin à ses jours en se tranchant la gorge dans sa prison pour ne pas parler, fut aussi le jour où le maréchal Pétain parla, appelant les armées à rendre les armes. Les officiers de Saumur entendirent cet appel. Ils ne l’écoutèrent pas. Le lendemain, 18 juin, s’élevait depuis Londres un second appel, qu’ils ne purent entendre ; mais ils écoutèrent l’esprit de Résistance qui galvanisait partout, en France, en Angleterre et ailleurs, les partisans de la poursuite des combats. Quand bien même il ne leur restait que quelques jours à lutter, ils résolurent de se donner jusqu’au bout, et de faire payer à l’ennemi la liberté de la France au prix le plus cher. « Tout est perdu, fors l’honneur », avait dit un jour le roi François 1er, au lendemain de la bataille de Pavie. À quatre cents ans d’écart, les cadets de Saumur firent résonner les armes à la main cet écho de l’histoire. Sous la direction du colonel Michon et du chef d’escadron Lemoyne, la résistance s’organisa. Les 800 jeunes élèves réservistes du train de la cavalerie, ceux qu’on appelait les EAR (Elèves aspirants de réserve), furent rejoints par 2500 hommes armés, dont des tirailleurs algériens, un bataillon d’EAR de Saint-Maixent, le 6e régiment du Génie, un escadron de reconnaissance et le 19e régiment de Dragons. Et ces 2500 hommes, ces 24 blindés, eurent l’audace inouïe de se dresser sur la route de 40 000 Allemands, forts de 150 blindés et d’un soutien aérien. Deux jours durant, le 19 et 20 juin, entre Montsoreau et Gennes, malgré les flammes qui dévoraient Saumur, David empêcha Goliath de franchir la Loire. Cinquante des jeunes aspirants y perdirent leur vie, des centaines d’entre eux furent blessés ou faits prisonniers. Ils y gagnèrent un surnom plein de respect, celui de cadets de Saumur, donné par le général ennemi Kurt Feldt. Ému par la valeur militaire de cette poignée de jeunes hommes qui ne s’étaient rendus qu’après deux jours de combat héroïque, il les laissa partir librement vers la zone libre, et quand ils franchirent la ligne de démarcation à Beaulieu-Lès-Loches, une section allemande leur rendit les honneurs militaires.
Un hommage présidentiel
Mais le plus bel hommage fut peut-être celui que le colonel Michon exprima à ses élèves en ces mots : « Une espérance était en eux. Leur sacrifice, parmi d’autres aussi purs, aura maintenu l’âme de la patrie. Ils ont, en mourant, commandé à la France de se rebâtir, sur leurs tombeaux, à la haute taille de ses destins immortels ». Le Président de la République honore aujourd’hui « la mémoire glorieuse de cette première page de la Résistance, et de ceux qui l’écrivirent ». Il salue « le parcours inspirant du chef d’escadron Yves Raynaud, qui fut de ceux-là. Combattant contre le nazisme dans sa jeunesse, rappelé à l’activité et projeté en opérations en tant que réserviste, il fut fidèle à son engagement de citoyen et d’officier de réserve pendant toute sa vie d’homme, et portait inlassablement la mémoire de ses frères d’armes, au fil des commémorations et des témoignages. » Enfin, l’Elysée indique que le Président de la République adresse à sa famille endeuillée, à ses deux fils, à ses proches, à tous les élèves passés ou présents de l’école de cavalerie de Saumur, ses condoléances émues.
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Commentaires 5
Bonjour. De quel Jean Moulin parlez vous ? Celui préfet et résistant est mort le 8 juillet 1943 des suites des tortures subies. Pas le 17 juin et pas en 40 et il ne s’est pas égorgé. Bien cordialement
Bonjour, Jean Moulin a bien tenté de se suicider alors qu’il est fait prisonnier par les Allemands à Chartres le 17 juin 1940.
Cordialement
Tout à fait d’accord avec la rédaction.
Bonjour. Bien vu. J’avais oublié cette période et qu’il s’était enfui alors pour rejoindre Londres et le Général De Gaulle pour revenir ensuite organiser le Conseil National de la Résistance. C.N.R.
Dommage avant de répondre il faut bien connaître l histoire, surtout avec de tel Héros.
Cordialement