Courrier du lecteur. Sécurité routière : « Il importe bien davantage d’être vu que de voir »

Nicolas Constantin, un lecteur du Kiosque a souhaité réagir à notre article récemment publié au sujet de l'accidentalité sur nos routes*. Un sujet qu’il estime important et particulièrement en cette période qui s'annonce. « La réalité du quotidien s'avère un excellent florilège de toutes les petites imprudences et mauvaises habitudes : quand donc la majorité de nos concitoyens comprendra-t-elle qu'il importe bien davantage d'être vu que de voir ? »

« La luminosité baisse, les jours raccourcissent, et bientôt le changement d’heure va précipiter ce mouvement. Allumons nos feux aussi spontanément que possible, un véhicule s’identifie d’autant mieux de loin qu’il est signalé ! La mixité des moyens de déplacements (piéton, vélo, voiture, poids-lourd, véhicule agricole, etc..) ajoute à la complexité de l’acte de conduite, en rendant l’anticipation plus malaisée : trop de conducteurs ne jugent pas utile de le faire, sous prétexte qu’ils perçoivent encore bien la route ! Voilà bien la plus grande des imprudences, conjuguée au manque de vigilance lors des passages en zones forestières qui ne manquent pas dans notre région. Par ailleurs, le macadam sèche de manière inégale, et il est vite arrivé de se faire surprendre par une portion subitement très humide associée aux feuilles mortes qui tombent en abondance.

Beaucoup de véhicules ne sont pas équipés de feux automatiques, et encore faudrait-il que ceux-ci soient couplés avec l’arrière: histoires vécues que ces voitures « fantômes », vous dépassant de nuit sur des portions très fréquentées, dépourvues de toutes signalisation arrière ! Réagissons : tout n’est pas de l’ordre d’un logiciel embarqué et demande une responsabilité permanente du conducteur !
Lorsque l’ABS, aujourd’hui généralisé, est arrivé progressivement sur nos automobiles, beaucoup d’utilisateurs avaient tendance à freiner plus tardivement, ce qui est une erreur là encore grossière: ce dispositif empêche le blocage des roues en cas de recours brutal aux freins, mais peut légèrement allonger la distance parcourue, de nombreux tests l’ont à chaque fois démontré.

Sécurité active et passive connaissent de formidables progrès, mais doivent aller de pair avec la pleine conscience des nombreux scénarios routiers: animal qui surgit, déviation, ralentissement brutal, portions de revêtement détériorées, flaque de gas-oil, objet perdu sur la chaussée, et en autant de circonstances diverses !Le recours permanent aux freins et à l’accélérateur, conduite très gourmande en carburant s’il en est, demeure également très contre-productive : stress, énervement, brutalité des gestes, le risque augmente alors tout aussi considérablement. Pour soi d’abord, et surtout pour les autres ensuite.

Vouloir à tout prix dépasser les vitesses autorisées ne fait rien au gain de temps produit: à quoi peuvent bien servir quelques secondes gagnées sur de très courtes distances, elles s’annulent au premier feu rouge ou stop (si respect de ceux-ci..) ?

Et en cas de panne, penser à disposer le triangle de sécurité aux 30m (=30 pas) requis : il n’en sera que plus efficace, et non pas à 5m du véhicule immobilisé ! Identifier un danger potentiel demande de pouvoir le faire le plus en amont possible, et réagir en conséquence, ce qui est évidemment totalement illusoire dans le deuxième cas cité.

Conserver ses feux de position afin de se signaler préserve un peu plus de ce danger. Bien sûr, tout cela s’accompagne d’une position de conduite privilégiant un large champ de vision, bien au-dessus du volant, contrôle des rétroviseurs facilité, et pare-soleil inutile devant être replié : cela paraît évident, et pourtant.. Adoptons une conduite encore plus responsable, anticipative, fluide, en un mot : apaisée.

Mais l’observation du quotidien nous en éloigne hélas encore beaucoup trop, car nous ne vivons malheureusement pas dans une société altruiste de manière générale et sur la route en particulier, ce formidable espace de liberté qui n’autorise pas pour autant toutes les fantaisies ou approximations. Nous acceptons trop facilement la froideur des chiffres de plus de 300 morts par an, alors même que cela fait autant de familles en deuil : nous n’aimerions sûrement pas nous compter parmi elles ? Pensons-y dans nos déplacements, en toutes circonstances. »

*Relire notre article : Maine-et-Loire. Le préfet fait le point sur l’accidentalité et appelle à la plus grande prudence

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