Courrier du lecteur : « Nous sommes définitivement solidaires sur cette planète »

« Depuis le 24 février, la Russie de V Poutine a envahi l’Ukraine. Elle y répand les destructions, elle fait de ce beau et riche pays un amas de ruines, y apportant la violence, la mort, les familles brisées, les projets des jeunes gens réduits à la seule survie quotidienne. La guerre à grande échelle est revenue en Europe. Partout dans le monde, elle déclenchera un effondrement économique, le chômage et surtout la famine dans de nombreux pays du Moyen Orient et d’Afrique.

Comme paraissent dérisoires les véhémences, les outrances des « gilets jaunes », comme paraissent indécentes certaines critiques apportées au fonctionnement de notre République, comme paraissent criminels les procès en illégitimité contre les élus. Bien sûr, il y aura toujours des choses à améliorer mais ne peut-on pas, pour quelques temps goûter le bonheur de vivre dans un pays que les gouvernements successifs depuis la guerre ont amené à un haut niveau de richesse, de confort, de paix, de sécurité, de protection ? Ne peut-on pas reconnaître combien notre pays est parvenu à équilibrer liberté et égalité, initiative individuelle et solidarité ?

En cette période électorale, en cette période de crise écologique, sanitaire, militaire, économique bientôt, il est de bon ton de geindre sur son sort, d’attendre la baguette magique d’un enchanteur ou d’un gentille fée pour s’exonérer de toute prise de conscience, de toute réflexion, de tout effort. Comme des enfants gâtés nous ne voulons entendre que des comptines lénifiantes : travailler moins, moins longtemps, avec un meilleur revenu, une retraite revalorisée, une meilleure éducation, un système de santé plus performant encore, une meilleure prise en charge de la dépendance ce nouveau défi qui s’impose à nous.

Et les efforts ? Pour les autres, tous les autres : les jeunes veulent des efforts pour les vieux, les vieux pour les jeunes, les pauvres veulent des efforts pour les riches, les riches pour les pauvres, les bien portants les veulent pour les malades, les malades etc. ad vitam aeternam. Beaucoup trouvent trop nombreux les manifestement autres, les étrangers qui construisent nos bâtiments, réparent nos routes, cueillent les fruits de notre agriculture, soignent nos malades et nos personnes âgées et font souvent les efforts que nous ne voulons plus faire. Mais chacun est l’Autre de quelqu’un, il faut se rendre à l’évidence nous sommes définitivement solidaires sur cette planète, la guerre en Ukraine nous le démontre comme hier encore la pandémie nous l’a imposé. Cet effort, il est collectif pour préserver notre civilisation.

Le seul miracle que nous puissions espérer est de retrouver au fond de nous le goût du dépassement, la force de la solidarité, le sens de notre communauté nationale dans l’espace de notre magnifique civilisation européenne. Hier encore, les Ukrainiens avaient des projets, des rêves, ils imaginaient leurs prochaines vacances, les enfants qu’ils accueilleraient dans la famille que bientôt ils fonderaient, ils étaient boulangers, peintres, artistes, comptables ou paysans, ils étaient à l’orée de leur vie ou aspiraient à passer leurs dernières années dans la paix entourés de leurs enfants. Mais un Autre a décidé autrement pour eux, et ils meurent de froid, de faim, de soif, des balles de fusils ou des bombes qui ravagent villes et villages. Ils doivent quitter la terre qui les a vu naître, la maison familiale, les souvenirs anciens, les amitiés  et les amours, l’espoir et jusqu’aux désirs. Nous avons connu cela, en France il y a moins d’un siècle, d’autres parmi nous l’éprouvèrent en Algérie, récemment un soir au Bataclan ou sur la promenade des Anglais, dans les locaux d’un journal pour des gens du commun, la vie a basculé et a changé de cours, l’horizon s’est bouché, le ciel est devenu noir.

Certains l’ont cru ou espéré mais l’Histoire n’est pas achevée, elle reste brouillonne, désordonnée, insensée. La sagesse nous invité à prendre acte du tragique d’une situation que nous ne pourrons dépasser que par nos efforts et une indéfectible solidarité. Ne nous fions pas aux charmeurs de serpents, à ceux qui nous disent que tout se vaut et que notre mode de vie ne vaut pas notre vie, ne laissons pas détruire ce qui fait ce que nous sommes, essayons, au-delà des difficultés de moment, de préserver et renforcer ce que nous voulons transmettre à nos enfants de liberté, de dignité, de fraternité.

Je suis fatigué de ces promesses creuses, des retraites à 60 ans pour tous, des zéros immigration, du blocage mythique des prix qui ne produit que du marché noir, de toutes ces solutions puériles que l’on nous sert à chaque élection avec l’assurance arrogante de ceux qui veulent ignorer la réalité et son océan de complexité. La République repose sur la responsabilité des citoyens, nous ne sommes pas, je veux l’espérer, définitivement niais, nous savons que défendre notre civilisation, comme défendre notre planète nous demandera des efforts collectifs et individuels. Soyons fiers de les consentir pour nous, pour ceux qui voudraient respirer cet air doux de France, pour ceux qui viendront après nous. »