Brézé. Un château unique en son genre et une histoire riche

Depuis son ouverture au public en 1998, Brézé s'est imposé comme l'un des monuments incontournables du Val de Loire. Ses souterrains uniques au monde, ses pièces troglodytiques étonnantes, ses chambres meublées et son architecture particulière suscitent la curiosité. Des premières cavités creusées aux récentes restaurations permises notamment grâce aux visites, le château totalise plus de 1000 ans d'histoire.

S’il est difficile de dater précisément le creusement des premières galeries à Brézé, une charte de l’abbaye de Saint Florent témoigne de l’existence d’un « château » dès l’an 1063. Cette information révèle la période à laquelle est établie la « Roche » correspondant au premier habitat des Seigneurs de Brézé. Au fil des pièces et galeries souterraines, la pierre révèle les secrets de la vie de cette famille – et du village – à neuf mètres de profondeur, dans la perpétuelle peur de l’autre, des maladies et des intempéries. Autour d’un puits de lumière aujourd’hui recouvert, le système de défense est optimisé pour se protéger des raids vikings. Les profonds silos, les étagères creusées dans les parois et les mangeoires destinés à de petits animaux laissent imaginer l’ambiance qui pouvait régner dans ces espaces peu lumineux il y a plusieurs centaines d’années. Ils prouvent aussi la richesse des Seigneurs de Brézé et de leur terre qui forme un fief important dès le XIIe siècle.

XIVe et XVe siècles : La famille de Maillé-Brézé et l’édification d’un premier château fort

À l’aube du XIVe siècle, Catherine de Brézé hérite des terres de son père. Sa fille, Jeanne de L’Étang, épouse en 1318 un homme répondant au nom de « Péan de Maillé ». Le château, maintenant propriété de la famille de Maillé-Brézé, ne connaîtra aucun changement de propriétaire durant plus de trois siècles. Les générations suivantes bâtissent un puissant monument en pierre dont le système défensif particulièrement développé est l’une des traces. En 1448, le Grand Maître de la Vénerie du Roi René, Gilles de Maillé-Brézé, obtient de la part du Duc d’Anjou l’autorisation de fortifier son château et d’y établir une garnison. Les fossés, d’une profondeur de 10 à 12 mètres, sont alors creusés une première fois. À cette époque, le domaine de Brézé devient également célèbre pour son vin blanc particulièrement apprécié du Roi René, marquant ainsi le début d’une longue tradition viticole qui se perpétue avec passion de nos jours.

XVIe siècle : L’édification d’un château Renaissance à trois ailes

Entre 1560 et 1580, un nouvel édifice, plus somptueux et plus élégant, est bâti sous l’impulsion d’Arthus de Maillé-Brézé. Ce château vient alors remplacer en quasi-totalité la construction médiévale d’origine, à l’exception de l’une des tours visible depuis le fond des douves sèches. Dès lors, Brézé adopte la forme « en U » constituant aujourd’hui le corps de logis. Deux tours rondes, imposantes et massives, prenant racine au fond des fossés par ailleurs surcreusés, viennent s’ajouter à la façade nord. De la Renaissance, le château garde aujourd’hui l’architecture de l’aile sud dont le rythme est brisé par l’escalier à double volée présentant des décors d’inspiration antique. Du 4 au 5 octobre 1565, Arthus de Maillé-Brézé et sa famille reçoivent le Roi Charles IX et sa mère Catherine de Médicis. Le jeune monarque complimente alors son hôte : « C’est un fort beau petit château ».

XVIIe siècle : Le château de Brézé au plus près du pouvoir royal

En 1615, la terre de Brézé est érigée en Marquisat par le Roi Louis XIII en faveur d’Urbain de Maillé-Brézé. Ce dernier s’allie avec la famille du Cardinal de Richelieu en épousant sa soeur, Nicole du Plessis. Le château de Brézé conserve en souvenir de ce mariage une chambre exceptionnelle dédiée au puissant homme d’État. Richelieu favorise la carrière de son beau-frère, qui devient Maréchal de France en 1632, mais il prend surtout en main la destinée de son neveu et de sa nièce. C’est ainsi que Claire-Clémence de Maillé-Brézé épouse en 1650 Louis II de Bourbon, Prince de Condé et cousin de Louis XIV. Le château passe alors entre les mains de la puissante famille de Condé, à une époque où elle est engagée dans la Fronde des Princes qui oppose les « Grands » au jeune Louis XIV et à son ministre Mazarin. La boulangerie souterraine est d’ailleurs utilisée par les 500 hommes présents dans les fossés du château à cette époque. Le Grand Condé, peu satisfait de son château, choisit de l’échanger contre un monument situé en Bretagne, la Gallissonière, alors propriété de Thomas de Dreux, conseiller au Parlement de Paris. L’échange a lieu en 1682, sous le règne du Roi-Soleil.

XVIIIe siècle : La famille de Dreux-Brézé au service des Rois Bourbons

Le château de Brézé devient la propriété de la famille de Dreux-Brézé à partir de 1682. Quelques années plus tard, en 1701, elle reçoit de Louis XIV la prestigieuse charge de Grand Maître des Cérémonies du Roi. Celle-ci, apparue sous Henri III, hisse la personne qui en est détentrice au plus proche du pouvoir royal avec la tâche complexe d’organiser toutes les cérémonies publiques du monarque. Thomas II de Dreux, Marquis de Brézé, est le premier de la famille à détenir cette lourde fonction héréditaire. Quatre autres membres de Dreux-Brézé le succéderont. En tant que Grand Maître des Cérémonies du Roi, Henri-Évrard de Dreux-Brézé est chargé, en 1789, de préparer la réunion des États Généraux. Le 23 juin, il est envoyé à Versailles par Louis XVI afin de représenter le monarque lors du Serment du Jeu de Paume. Dans une ambiance extrêmement agitée, il se voit répliquer par le Comte de Mirabeau la phrase restée célèbre : « Monsieur, allez dire à votre Maître que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes ! » La Révolution française éclatant, le château est mis sous séquestre et Henri-Évrard est forcé à l’exil durant plusieurs années avant de reprendre ses fonctions lors de la Restauration en 1814.

XIXe siècle : Le temps des changements architecturaux

Le XIXe siècle est sans nul doute le siècle le plus bouleversant pour l’architecture de Brézé. Au fil des décennies, le château s’habille d’un élégant style néogothique, mode architecturale de l’époque correspondant à une évocation des éléments défensifs du Moyen Âge. Tout d’abord, Henri-Évrard et son épouse Adélaïde de Custine entreprennent, à leur retour d’exil, les travaux de prolongation du logis Renaissance qui n’avait jamais été terminé. Le style d’origine, riche de plusieurs références antiques, est alors scrupuleusement respecté. En 1838, la salle à manger du logis principal est décorée dans un style néogothique. Nous devons cet embellissement à Charles Cicéri, célèbre décorateur de théâtres parisiens qui s’est aussi illustré à l’Opéra Garnier de Paris. Cette pièce à l’ambiance si particulière accueille une riche collection d’armes et d’armures ayant appartenu à Scipion de Dreux-Brézé, cadet de Henri-Évrard. Leur petit frère, Pierre de Dreux-Brézé, est à l’origine de nombreuses modifications au château de Brézé. Avec son neveu Henri-Simon, ils entreprennent des travaux d’agrandissement et d’embellissement des intérieurs, toujours dans le style néogothique. L’architecte angevin René Hodé – contemporain du célèbre Eugène Viollet-le-Duc – modifie ainsi deux des trois ailes du château, crée la grande galerie, construit la tour carrée de la façade nord et imagine une charmante rotonde à la base de la tour de l’horloge.

Depuis le XIXe siècle : L’ouverture au public et les restaurations

En 1959, Brézé est le théâtre du mariage de Bernard de Colbert et de Charlotte de Dreux-Brézé. Par cette union, le château devient la propriété de l’illustre famille du Grand Colbert, puissant et ambitieux ministre de Louis XIV. Le couple souhaitant partager leur trésor patrimonial, ils décident d’ouvrir le château aux visiteurs en 1998. Il faut attendre juillet 2000 pour qu’une première partie du réseau troglodytique soit ouverte au public. En 2006, un chantier considérable est entrepris par le Comte et la Comtesse de Colbert avec la décoration de la grande galerie néogothique par l’atelier parisien d’Amaury de Cambolas. Cette immense salle de réception bâtie au XIXe siècle est aujourd’hui visitable, tout comme peut l’être le logis Renaissance ouvert à la visite en 2014. Chaque année, de nouveaux chantiers de restauration afin d’entretenir et de mettre en valeur ce véritable bijou légué par l’histoire.

Infos pratiques : Plus de renseignements sur le château de Brézé sur le site https://www.chateaudebreze.com. 

Commentaires 2

  1. Le30 says:

    Bonjour Pour la petite histoire Jacques de Breze épousa Charlotte de Valois fille du fameux Roi Charles VII (Jeanne d Arc) et d Agnès Sorel sa maîtresse alors qu il était marié avec Marie d Anjou sœur du roi René Leur fils Louis épousa Diane de Poitiers connue pour ses relations avec le roi Henri II et très présente au château de Chenonceaux

    Répondre moderated
  2. Le 30 says:

    Bonjour petite histoire 2 Nicole du Plessis sœur de Richelieu est présente dans le saumurois par le château de Milly qui était la propriété des Breze et elle est enterrée dans la Chapelle Richelieu de l église des Ardilliers Pauvre femme elle est décédée selon Tallement des Réaux (chateau des Réaux à côté de Chouze )chroniqueur du XVII’’folle à lier elle refusait de s asseoir persuadée qu elle avait en cul en verre ‘’

    Répondre moderated

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les commentaires sont limités à 500 caractères.
Le Kiosque renforce sa veille : Les commentaires ne seront pas corrigés. Ceux comportant des mots grossiers ou portant atteinte à l'intégrité des individus n'étant pas publics ne seront pas publiés. La courtoisie n'empêche pas la libre expression, nous vous rappelons aussi que le débat s'enrichit d'idées et non de critiques aux personnes. Vous pouvez aussi nous adresser un article, une réflexion, une pensée,... que nous publierons en courrier du lecteur.
Are you sure want to unlock this post?
Unlock left : 0
Are you sure want to cancel subscription?