Baugé-en-Anjou. En images : Le chantier de restauration du tribunal se poursuit

Le tribunal de Baugé a fermé ses portes en tant qu’établissement de la Justice en 2000. Depuis, ce remarquable bâtiment de la seconde moitié du 19^e siècle était resté portes closes à l’exception de quelques rares occasions d’ouverture au public comme lors des Journées Européennes du Patrimoine. Le bâtiment accueillait également quelques-unes des riches archives municipales. Toutefois, « le tribunal qui n’était qu’une somme de vis de constriction de l’époque, commençait à se détériorer grandement et à devenir dangereux, des murs jusqu’à sa toiture », rappelle le maire de Baugé-en-Anjou, Philippe Chalopin. La commune souhaitait donc lui insuffler un nouveau souffle et lui donner une nouvelle destination. Fruit de la concertation avec les élus et les habitants du territoire, l’idée d’une maison du citoyen connecté a émergé afin que cet ancien tribunal puisse « vivre et servir au quotidien », précise l’édile.

Différents usages pour le quotidien

A l’heure actuelle, le scénario qui a été retenu propose des espaces dotés d’outils numériques et de mobiliers adaptés aux différentes activités. Le site disposera donc de deux espaces de coworking permettant à des professionnels de venir travailler, de faire des réunions ou des visio-conférence. Un bureau sera davantage dédié à la jeunesse baugeoise avec une mise à disposition d’ordinateurs pour réaliser des recherches et travailler en groupe sur des projets scolaires par exemple. Un studio d’expérimentation numérique, dans l’esprit d’un Fab lab avec des imprimantes 3D et autres technologies nouvelles, animé par un conseiller numérique prochainement recruté sera également installé. Mais aussi des salles dédiées à des permanences, la réintégration de la Micro-Folie (un musée connecté) temporairement hébergée au château et la réinstallation des archives. L’ancienne salle d’audience sera quant à elle transformée en salle de réunion qui accueillera notamment les conseils municipaux et intercommunaux qui se tiennent jusqu’à maintenant au sein du Centre Culturel René d’Anjou. La maison du citoyen connecté devrait être officiellement inaugurée à l’occasion des prochaines Journées Européennes du Patrimoine en septembre 2025.

L’extérieur terminé

Les travaux d’extérieur, qui ont débuté à la fin de l’année 2021, se sont terminés il y a quelques moins en octobre 2024. De nombreuses entreprises spécialisées dans la restauration du patrimoine, sont intervenues pour restaurer une grande partie du monument. La charpente a été rénovée par les ateliers Perrault, situés à l’ouest de l’Anjou, qui ont notamment travaillé sur le chantier de Notre-Dame de Paris. L’entreprise Lefevre a quant à elle réalisé un chantier titanesque pour restaurer les pierres de tuffeau. « L’ensemble du tribunal a été scanné pour repérer les pierres en mauvais état nécessitant une intervention. Puis ce sont 200 tonnes de pierres qui ont été retirées et restaurées », précise le maire. Toute la couverture et les menuiseries extérieures ont également fait l’objet de travaux.

Place à l’intérieur

Le chantier est aujourd’hui dans une nouvelle phase avec la restauration de l’intérieur. La salle des pas perdus et ses très riches ornementations typiques du Second Empire a retrouvé tout son splendide. Les ailes, où se trouvaient autrefois les bureaux du Parquet et qui accueilleront les différents espaces de travail, ont également été restaurées avec un certain souci du détail. « L’objectif est de restaurer tout en vieillissant les différents éléments afin de conserver une patine », précise l’architecte Séverine Jeanneau. Lorsque l’on passe la porte de la salle d’audience, on aperçoit un espace rempli par les échafaudages. Des artisans minutieux s’appliquent à restaurer la remarquable tapisserie bleu foncé et ses décors dorés. Sur celle-ci, d’innombrables abeilles d’or, symbole de Napoléon III, viennent relever le bleu nuit comme un ciel étoilé. « Toute la tapisserie a été retirée à l’exception d’un mur. Elle sera reproduite à l’identique par une entreprise tourangelle spécialisée dans le domaine. Une partie a été conservée et est restaurée afin de conserver une trace de ce patrimoine », précise l’élu municipal en charge du patrimoine Luc Van Nieuwenhuyze. Anecdote intéressante, un tunnel reliait le tribunal directement à ce qui est aujourd’hui le centre culturel et qui était autrefois une prison. Aussitôt condamné, aussitôt enfermé !

Les Ateliers Boureau : zoom sur une entreprise locale

Les bancs et les bureaux du Parquet sur l’estrade ne sont plus visibles. Et pour cause, ils sont à quelques pas de là au sein des Ateliers Boureau, une entreprise de menuiserie baugeoise. A l’intérieur de celle-ci, le contraste est saisissant. Des locaux et un équipement très moderne au service de la restauration du patrimoine ancien. Wilfried Boureau, à la tête de cette entreprise de 25 personnes, détaille les différentes missions qui leur ont été confiées : « Dans un premier temps, nous devons réaliser des double-fenêtres qui viendront se placer à l’intérieur du tribunal dans la salle des pas perdus. Cela a été le seul moyen d’isoler un minimum cet espace tout en conservant les menuiseries d’origine et en répondant aux attentes de l’Architecte des Bâtiments de France. Nous avons également à refaire les encadrements et les portes intérieures. Enfin, nous avons dû retirer l’ensemble du parquet de la salle d’audience ainsi que les différents éléments comme les bancs et les bureaux. Ces derniers et 8 bancs seront restaurés et serviront d’assises aux élus lors des conseils. » Un travail minutieux, qui ne devrait pas se voir une fois terminé si cela est bien fait, puisque les artisans doivent réparer ces bancs en venant greffer de nouveaux morceaux de bois là où il n’y en a plus puis vieillir l’ensemble. « C’est un chantier particulièrement intéressant, et valorisant par son aspect plus que local, qui correspond pleinement à notre cœur de métier », souligne Wilfried Boureau. Toujours dans cet esprit de modernité alliée à l’ancien souhaité par la commune, d’autres bancs et des pupitres seront créés sur mesure par l’entreprise Creativ Mobilier sous le dessin global de l’architecte d’intérieur Laurent Vié. « La contrainte principale a été de penser cette salle avec l’implantation de la vidéo et de l’audio pour l’enregistrement des séances des conseils. Ainsi, toutes les tablettes sont rétractables et équipées d’un micro », explique ce dernier.

Environ 8 millions d’euros

La restauration du tribunal de Baugé est, in fine, un chantier d’ampleur qui représente un budget de près de 8 millions d’euros TTC. Une somme financée pour un peu plus de la moitié par des subventions de la Région (800 000 euros), du Département (100 000 euros) de l’Etat au titre du Fonds Vert. L’ancien tribunal a également été retenu comme projet emblématique des Pays de la Loire par la Mission Stéphane Bern et son « Loto du Patrimoine » en 2020. La ville a reçu de la Française des Jeux un chèque de 500 000 euros. La Fondation du Patrimoine est elle aussi en soutien sur le projet pour apporter du mécénat. Une campagne de financement participatif pour le moins originale a été lancée en ce sens par cette dernière. Il est proposé de parrainer une des abeilles dorée qui se trouve dans la salle d’audience du tribunal pour un montant de 30 euros. Une manière de faire participer les locaux et qu’ils s’approprient une, petite, part de l’édifice.

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