Hé Catherine ! Tu vas enfin les avoir tes caméras de surveillance. Ah bon ! C’est pas trop tôt ma Liliane, j’y crois pas. Pour une fois, ils ont été réactifs nos élus. Peut-être bien qu’ils ont senti le vent du boulet. Ça commençait sérieusement à grogner dans les chaumières. Avec toutes ces agressions on ne se sentait pas tranquilles, surtout le soir avec nos téléphones pour éclairer la route et signaler notre présence aux loubards. Tu n’exagères pas un tantinet Catherine. Je rentre tous les soirs à pied de la gare et il ne m’est jamais rien arrivé. Sauf des retards inconfortables pour nos petits dîners, n’est-ce pas ! En fait, en t’attendant, j’ai regardé le conseil municipal en direct sur Facebook. Ils nous avaient concocté un package sécurité joliment gratiné, mais, à priori, pas tout à fait aux petits oignons. Pourquoi tu dis ça ma Liliane ? Si j’ai bien compris, le sujet n’avait pas été minutieusement chouchouté et les conseillers municipaux en appétit de consistance sont restés sur leur faim. Peu ou prou invités à préparer la popote, ils l’ont quand même absorbée de bonnes manières. Faute de grives on mange parfois des merles, substitut indigeste mais commun en l’absence de solution idéale. Holà tu sors du terrain ! C’est voté ou pas ? Oui, rassure-toi, la vidéo va exercer sa surveillance dans le centre-ville. Et à Bagneux ? Non. Pas encore. Ça coûte trop cher. Un jour peut-être, quand les Saumurois, de Saint-Lambert, Saint-Hilaire, de Nantilly, des Hauts-Quartiers, de Millocheau, du Chemin-Vert ou de Dampierre revendiqueront légitimement la même exigence de sécurité. Alors, nous aurons des caméras partout, l’armistice suspendra les hostilités, nous serons reconnectés avec la paix, dans la lumière retrouvée de nos rue sombres. Et oui, car nos réverbères vont reprendre des couleurs économes et ouatées pour étendre leurs bienfaits la nuit tombée. Au centre-ville d’abord, puis partout, quand les Saumurois de Saint-Lambert… jusqu’à Dampierre auront acquis la même exigence de sécurité. Et c’est pas tout ma chère Catherine ! On va avoir une brigade cynophile ! Ouah ! Toute une unité avec des chiens de défense pour dissuader les malfrats ? Heu ! Brigade, pas tout à fait, ni unité, sauf au sens comptable du terme, à savoir un maître, un chien, pour patrouiller quatre soirs, en fin de semaine, si l’homme et l’animal restent en forme, assidus, jours fériés et vacances. Heureusement leurs rondes ne seront programmées qu’en centre-ville, même si, même si, les gens de Saint-Lambert… jusqu’à Dampierre.
Loyauté, obligation
Rassure-toi, notre maire a aussi réclamé des renforts de police. Parait qu’il a échangé avec le ministre Retailleau dont l’oreille est attentive. C’est monté très haut, la députée Saint-Paul suit l’affaire, donc espérons. Le sujet a d’ailleurs fait l’unanimité parmi les conseillers, convaincus par la nécessité d’une présence en nombre de forces de l’ordre, nationales et municipales, notamment pour des rondes nocturnes. Mais ça va prendre du temps, tout ça ! Pourquoi n’y a-t-on pas pensé plus tôt dans la mesure où tout le monde semblait d’accord ? En apparence, surtout dans la majorité où certains ont fortement affirmé leurs préoccupations sur l’appréhension préventive et curative de la violence, voire une ferme opposition à la vidéosurveillance, malgré un vote final de soutien au projet, au chef. La loyauté a parfois son petit côté d’obligation. Tu t’égares encore ma Liliane ! A trop attendre, au risque de subir de nouvelles tragédies, l’équipe en place ne s’est pas faite que des copains. J’ai un peu l’impression qu’elle a agi dans l’urgence. A moins que… de toi à moi, dans un an ce sont les municipales avec l’obligation de se refaire des amis, de se défaire d’un souci. C’est assez malin, c’est sioux ! Finalement le maire a coupé l’herbe sous le pied de l’opposition. Sécurité oblige, elle a perdu son aiguillon et devra se focaliser sur d’autres chevaux de bataille moins prometteurs. La balle est dans son camp pour séduire Catherine et Liliane appelées à voter pour la première fois Saumur. Elles le feront, à droite ou à gauche, ailleurs peut-être, mais ensemble dans la tolérance de l’imperfection proposée.
Georges Chabrier
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