Ils, elles sont passé(e)s par Saumur. Chronique de Gino Blandin : Claire Courcité « Le première économe de la Providence »

Cette rubrique bimensuelle, orchestrée par Gino Blandin, auteur saumurois et ancien président de la Société des Lettres de Saumur, se propose de brosser le portrait des personnalités qui, au fil du temps, sont venues à Saumur au cours de leur existence. Aujourd’hui, Claire Courcité « Le première économe de la Providence » (1738-1809).
Claire Courcité imaginée en broderie par Anne Faucou

Claire Courcité est une de ces personnes qui a accompli un travail colossal de son vivant et que l’Histoire s’est empressée d’oublier. Qui se souvient d’elle aujourd’hui à Saumur, alors qu’elle a joué un rôle majeur dans la cité aux heures difficiles de la Révolution ? Elle naît à Château-du-Loir dans la Sarthe le 12 février 1738. On ne connaît rien de son enfance ni de sa jeunesse. Elle devient religieuse tardivement à l’âge de 28 ans. Un rapport de police décrit cette petite femme : « 4 pieds 10 pouces (1,50 m), cheveux et sourcils châtains, yeux gris, nez gros, bouche moyenne, menton petit, visage oval (sic) ».

Quand la Révolution française éclate, Claire Courcité est mère supérieure de la congrégation de la Providence à Saumur. Rappelons qu’en 1662, le roi Louis XIV, las de voir les rues des villes françaises encombrées de nécessiteux et de pauvres, avait ordonné la création « d’hôpitaux généraux » pour les recevoir et les cacher surtout. A Saumur, les échevins avaient considéré qu’ils n’avaient pas les ressources financières suffisantes pour construire un tel établissement. Heureusement, Jeanne Delanoue était arrivée à point nommé et avait fondé « la Providence ». Un témoin la décrit : « Cet établissement a pour objet d’arracher à la mendicité de jeunes orphelines vouées par leur naissance à l’abandon, la misère et par suite au danger du vice et de la corruption des mœurs. Il est encore l’asile de pauvres femmes ou filles que les infirmités, la vieillesse, la démence ont mises hors d’état de gagner leur vie ».

En 1793, l’Assemblée législative promulgue la loi du serment « égalité, fraternité ». Elle exige des religieux qu’ils prêtent serment sinon c’est la déportation pour les hommes et de gros ennuis pour les femmes. Après mûre réflexion, Claire Courcité décide de prêter serment pour continuer son œuvre. Les religieuses deviennent alors des « infirmières fonctionnaires ». On leur demande seulement de porter des vêtements civils et la cocarde tricolore. La mère supérieure devient « première économe » et signe « Citoyenne Courcité ». C’est ainsi que la maison de la Providence se transforme en hospice communal qui ne souffre pas trop de la tourmente révolutionnaire. En 1794, par exemple, Claire Courcité témoigne dans une lettre : « Citoyens, je vous préviens et annonce que nous n’avons rien reçu pour subvenir aux besoin de 41 enfants que nous avons reçus le 16 germinal présent et vous prions de prendre en considération ce troupeau, et de nous faire passer du linge et de quoi les vêtir, ainsi que pour la vivature, nous attendons ce secours de votre humanité pour les pauvres enfants, et vous prions d’être convaincus de notre reconnaissance. Salut et fraternité. Claire Courcité ».

On la soupçonne d’accueillir parfois des prêtres réfractaires. Elle va réussir un petit exploit : faire ouvrir la chapelle des Ardilliers ce qu’elle va payer cher. Elle est révoquée et n’est plus reconnue comme « première économe ». En 1801, elle est rétablit dans ses fonctions. Son généralat durera de 1789 à1809.

Claire Courcité s’éteint le 05 octobre 1809 aux Ardilliers. Elle qui fit toujours preuve d’intelligence et d’une incroyable confiance en l’aide divine.

Bibliographie :
– FAUCOU Anne, Claire Courcité, religieuse, infirmière et patriote, texte non publié.
– GUILERAND-CHAMPENIER Marie-Claude, Histoire d’une congrégation féminine saumuroise à la fin de l’ancien régime et sous la Révolution, « Les servantes des Pauvres de Saumur » – 1736-1819, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Tome 92, numéro 4, 1985

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