Né en 1851, Jules Desbois est le fils unique des aubergistes du village. Son don pour le dessin le mène à entrer en apprentissage dans différents ateliers et à suivre des cours à l’Ecole des beaux-arts d’Angers puis de Paris. Homme de son temps, Jules Desbois s’inscrit pleinement dans les recherches et mouvements artistiques de son époque et excelle aussi bien dans les arts décoratifs que dans la sculpture monumentale. Il axe son travail autour de 3 thèmes récurrents : le mouvement, le corps féminin et le réalisme. Artiste connu et reconnu dès les années 1890, il reçoit de nombreuses commandes de l’Etat qui lui achète également plusieurs œuvres dont Léda et le Cygne, Le Rocher de Sisyphe, la Misère… Jules Desbois est également connu pour son amitié et sa collaboration avec Auguste Rodin qu’il rencontre sur le chantier du Trocadéro et dont il intègre l’atelier en tant que praticien en 1884. Ami et collaborateur de Rodin, il est comme Camille Claudel l’un des meilleurs sculpteurs de son temps. Poète de la chair, ses contemporains l’admirent pour la maîtrise, la subtilité et la fluidité de ses modelés. Une centaine d’œuvres de cet artiste remarquable sont présentée au musée de Parçay-les-Pins (Noyant-Villages) : sculptures et objets d’art décoratif célèbrent le corps humain avec puissance, réalisme et sensualité. À la fin de sa vie, et après une carrière bien remplie, Jules Desbois est contraint physiquement d’abandonner la sculpture pour le pastel. Il décède dans son atelier d’Auteuil en 1935.
Les arts décoratifs
Ameublement, textile, arts de la table… Dans toute l’Europe, des artistes proposent d’associer création et production industrielle d’objets de décoration. Jules Desbois participe largement à ce renouveau e et présente avec succès ses premières pièces dès 1892. Le sculpteur mêle les influences et expérimente divers répertoires, entre japonisme, naturalisme et sujets mythologiques. La feuille de vigne, les cucurbitacées, les plantes aquatiques lui fournissent une source d’inspiration quotidienne. Il y associe des figures féminines sensuelles. Virtuose de l’étain, il travaille aussi d’autres matériaux comme le bronze, l’argent, la céramique. Particulièrement créatif dans ce domaine, l’artiste séduit la critique et le public.
Le mouvement
Comme beaucoup de ses contemporains, Jules Desbois est fasciné par le corps et la représentation du mouvement dans l’espace. L’un de ses modèles, Alda Moreno, danseuse à l’Opéra comique de Paris, lui permet d’approfondir ses travaux autour des mouvements de danse. Arabesques pliés et pirouettes sont autant de prétextes à la poursuite de ses recherches. Le développement des arts décoratifs et de la sculpture lui donne l’occasion de créer et de produire dans divers matériaux de multiples figurines. Cherchant à multiplier les formes, il déstructure ses compositions en figures autonomes et multiples.
Le réalisme
Appelé par ses contemporains « le poète de la chair », le sculpteur s’attache, loin de l’idéal classique, à montrer la fatalité de la vie. En témoigne des œuvres comme La mort et le bûcheron (détruite) et La Misère. Ces figures où il n’omet aucun détail de la déchéance du corps constituent une rupture avec la tradition et ne vont pas sans choquer le public de l’époque. Marqué par la Première Guerre mondiale, il poursuit ses recherches et sculpte des figures sombres. Il livre sa vision du conflit mondial, loin de tout patriotisme triomphant comme le démontre la Tête de poilu mourant, fragment du Monument aux morts d’Angers. Il travaille parallèlement aux Morts casquées.
Le siècle de la commande publique
Au 19ème siècle, la sculpture se démocratise. Son essor est facilité par de très nombreuses commandes publiques. L’enjeu est de commémorer les évènements et les grands hommes, d’éduquer le public, par des représentations lisibles et compréhensibles, mais aussi de décorer l’espace public. La sculpture a également pour objet de rendre visible un état politique et social. Les sculpteurs vont rivaliser de créativité pour la réalisation de sculptures monumentales, dont de nombreux monuments commémoratifs. Jules Desbois travaille ainsi pour les villes de Calais (Hôtel de ville) et d’Angers (monuments aux morts) et exécute plusieurs commandes pour l’Etat dont L’hiver en 1908 et le Valmy, 1792 en 1929.
Infos pratiques : Plus de renseignements sur le sujet sur https://3museesinsolitesenanjou.com/musee-jules-desbois/
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