Courrier du lecteur : « L’IA chez le psy »

Joël Corbasson a souhaité adressé un courrier du lecteur au travers duquel il souhaite alerter sur quelques limites de l'Intelligence Artificielle qui fait aujourd'hui couler beaucoup d'encre.

« Difficile d’échapper à l’envahissant sujet d’actualité, qu’est l’Intelligence Artificielle. Les uns s’en emparent, tandis que les autres le honnissent. Par trop de précipitation à l’investir, le sujet ne manque parfois pas de piquant. Il peut même prêter à sourire.

Au grand damne du corps enseignant, il est de notoriété que nos chères têtes blondes recourent régulièrement à cette nouvelle forme d’intelligence pour la rédaction et la préparation de leurs proses, et ce, du collège – pour les moins avertis – à l’enseignement supérieur – pour les plus experts.

Cette réalité amène certes à de nombreuses interrogations et réflexions. Mais, les ambitions du bel et érudit ministère de l’Éducation Nationale interpellent encore plus. En ces temps de diète budgétaire obligée, le magnifique pachyderme y voit l’opportunité d’assurer l’enseignement et l’accompagnement de générations biberonnées aux écrans, de façon moins dispendieuse qu’actuellement. A l’écouter attentivement, il annonce également sa volonté de développer des outils « innovants » et « efficaces » de correction de nos élèves et de nos étudiants. Ne soyons pas naïf : les motivations sont avant tout économiques par moins de ressources humaines ainsi à mobiliser et à financer. Admettons et passons…

Ainsi, après que nos enfants aient embauché l’intelligence artificielle pour leurs propres productions, cet ambitieux ministère aspire actuellement à cette même embauche en guise de correcteurs impartiaux. A bien y réfléchir, à mettre l’IA partout dans cette affaire, elle finit seule à produire ce qu’on attend d’elle et à évaluer ce qu’elle a elle-même produit. Il y a là un côté quelque peu kafkaïen qui a un parfum loin d’être virtuel, à rendre zinzin le commun des mortels et cette intelligence artificielle également.

Certains d’entre nous sont malheureusement confrontés à une pathologie inconfortable qui les habite de plusieurs personnalités dissonantes. Au demeurant, je crains que ces mêmes troubles schizophréniques affectent inévitablement l’Intelligence Artificielle par les contradictions que nous lui assignons. Au risque de se fracturer encore plus et aggraver son bon équilibre de calculs, je doute qu’elle pourra y remédier elle-même sans recours. Avec plus de malice que d’opportunisme, je vois là un nouveau champ professionnel que l’Homme seul pourrait investir sans algorithme.
Mon voisin psy s’inquiète que nombre de ses patients recourent à l’IA comme une oreille bienveillante et quotidienne. Je vais l’inviter à s’ouvrir à cette nouvelle perspective et à accueillir l’IA sur son divan.

Pour conclure, si dans la présente prose, il reste ici et là quelques fautes et coquilles, j’entends qu’elles portent et attestent ainsi la marque d’une main humaine. A défaut d’imperfections majeures qui porteraient à en douter, c’est qu’elle aura été contaminée par un virus de clavier. »

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