Edito du Kiosque. Trump : la charge, sabre au clair

Depuis le 20 janvier, Donald Trump a pris les pleins pouvoirs. Sans précaution, le président des Etats-Unis sonne la charge contre ses ennemis et ses alliés, dans une diatribe déconcertante. Les valeurs démocratiques de l’Occident sont mises à mal par l’ambition hégémonique débridée de ses desseins.
Photo AFP

La planète entière a retenu son souffle dans l’attente d’un événement annoncé, désiré par les uns, redouté par d’autres. Depuis le 20 janvier dernier Donald Trump est le 47e président des Etats-Unis et, c’est selon, pour le meilleur ou pour le pire. Qui peut en effet prédire la portée de ses actes en regard de discours cacophoniques, tintamarresques. Qui peut prophétiser, entrevoir la justice et la paix façonnées par la force brutale, la toute puissance de l’argent. Le spectacle des différentes cérémonies liées à son investiture a confirmé l’obscurité d’un personnage caricatural et outrancier, transporté par une escouade de fiérots frénétiques, fidèles et fortunés. La ploutocratie made in USA est en marche et l’oligarchie s’épanouit sous le tutorat du nouveau maître du monde. Trump se vit ainsi, dans une relation conflictuelle autorisant à ses seuls amis ou alliés le partage des subsides de la réussite. En ce sens, toute ressemblance avec des personnages existants n’est pas fortuite. Dans la lignée des exemplaires, la Chine et la Russie, l’Amérique se mue en prédateur, les Etasuniens souhaitent vassaliser la planète. Bien avant les résolutions martiales exprimées par Trump, nombreux sont ceux, hommes d’affaires et chefs d’états, à avoir déjà courbé l’échine, prêté allégeance au parrain protecteur. Celui-là même qui ambitionne d’installer une domination sans partage, militaire, économique et technologique. Ce Républicain lancé à l’assaut de la démocratie, en quête du contrôle absolu d’un Etat purifié des parasites dérivant de l’administration, de la justice et, bien entendu, de la détestable presse dont les investigations, en d’autres temps, avaient révélé le scandale du « Watergate » et précipité la démission du président Nixon. Avec les réseaux sociaux Trump se pense à l’abri de ce contre-pouvoir, Elon Musk le lui a assuré, en adressant à ses 200 millions d’abonnés un message sans équivoque : « Vous êtes les médias, maintenant ». Son pouvoir est réel, avec X il peur orienter et peser sur les opinions, modifier les algorithmes et ainsi valoriser sa parole et ses idées dans le pays et bien au-delà.

Le glas de l’Union Européenne

Autant dire rabâcher chaque minute, chaque heure, chaque jour sur les bienfaits et l’exigence d’expulser des millions de migrants, de mettre fin au « green deal », de forer, forer toujours et encore pour extraire « l’or liquide » et inonder la Terre. Puis encore de quitter l’Organisation Mondiale de la Santé, d’instaurer des droits de douanes exorbitants en taxant fortement les pays (dont l’Europe) pour enrichir ses Américains, de mettre à mal l’Otan, avant de partir camper sur Mars pour planter le drapeau frappé des 51 étoiles. Voire 52 ou plus, si le Canada capitule, comme le Panama ou le Groenland. Le ciel s’obscurcit sur les valeurs du monde occidental dont s’éloigne l’Amérique au profit exclusif de ses priorités, de ses intérêts, dans un révisionnisme déconcertant qui va inévitablement questionner notre continent. Son indépendance et sa souveraineté dépendront de sa capacité à se mobiliser pour résister. S’aligner, comme le font ostentatoirement l’Italie, la Hongrie ou la Slovaquie, serait capituler face à la toute puissance de l’argent, la guerre commerciale déclarée sans vergogne par Trump. Le conflit Ukrainien a traduit de nouvelles exigences d’union entre pays de la Communauté confrontés aux vicissitudes des impulsions du leader atlantiste. Le piège des accommodements bilatéraux sous-entendus dans la nouvelle donne de « Make America Great Again » sonnerait le glas de l’Union. Certains s’expriment sur les bonnes raisons d’accepter la pénitence. Ils s’expliquent grossièrement pour ne pas agir, ne pas réagir, ils opèrent la reddition. Quels seront alors les ressorts de la Communauté Européenne confrontée à un phénomène d’ampleur inégalée ? « Autant l’union fait la force, autant la discorde expose à une prompte défaite.»* Notre liberté est inconciliable avec toutes formes d’indifférence, d’apathie et de faiblesse.

Georges Chabrier

*Esope

 

 

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