La liste est longue des dictateurs rattrapés par la fatalité d’une mort lente ou brutale, sceau inviolable de leur empreinte maléfique. D’Hitler, Staline, Mussolini, à Pol Pot, Pinochet, Franco, Ceausescu, Hussein ou autres Kadhafi, tous se sont misérablement écroulés, tels les bronzes et monuments érigés de leur vivant pour exhiber des gloires, vaines et éphémères. Aujourd’hui, ce sont les colossales sculptures de Bachar El-Assad qui gisent sur le sol souillé du sang d’exactions héréditaires dont il a fructifié l’abomination. Le « boucher de Damas » a perdu sa puissance et lâchement s’en est allé placer femme et enfants, en famille d’accueil, dans une datcha subventionnée par la solidarité russe. Asma, la « rose du désert », l’épouse, Hafez, Zein et Karim, fruits de l’amour, vont retrouver sommeil et paix rassérénés par les symphonies romantiques de Tchaïkovski. Auprès du parrain ayant, de loin et dans l’ombre, présidé à leur déchéance nationale, ils survivront dans le dédain, la sécheresse du sort promis au peuple affranchi. « Par souci d’humanité » et au nom de la camaraderie familière unissant les criminels de guerre, Poutine a ouvert ses bras, ses coffres pour accueillir un congénère, mafieux milliardaire et sanguinaire. Entre gens bien élevés, on partagera un porcelet farci, de la koutia, du Koulibiac et la sainte vodka pour célébrer Noël, le jour de l’An, loin des vicissitudes de la vie d‘en bas. Et, si l’ivresse est totale, on s’abandonne sur des méridiennes, des ottomanes, pour une nuit exaltée stimulée par quelque amphétamine rapportée du pays. Un peu de captagon désinhibant, cocaïne du pauvre, drogue des terroristes, manne inespérée et lucrative du narco-Etat d’Assad, premier producteur mondial de drogue de synthèse.
Nations capitulardes
L’alchimie cruelle opère entre ces despotes dont le sadisme s’exerce à la mesure des souffrances infligées, sans graduations, à toutes formes de communauté non soumises. Chez eux, comme ailleurs, par la répression, l’enfermement, les armes, même chimiques, les plus abominables, telle la chloropicrine utilisée par Poutine, en Ukraine, ou le sarin, le chlore et le gaz moutarde, par Assad contre son propre peuple. Comment alors ne pas s’émouvoir, communier, partager l’exultation, la liesse des populations syriennes libérées du joug pesant d’un demi-siècle de terreur. Les images effroyables de la prison Saidnaya témoignent du cynisme et de la barbarie d’une dynastie crasseuse tolérée, voire adoubée par des nations capitulardes aveugles, sourdes ou insolemment inspirées par leur profit. 100 000 personnes ont disparu dans cet « abattoir humain » où s’entassaient les prisonniers, hommes, femmes et nombre d’enfants de geôliers violeurs, nés sous terre sans jamais avoir vu le ciel et ses étoiles, entendu le chant d’un oiseau porté le vent. Sans horizon et sans espoir de quitter leur caveau pour suivre un Petit Prince dans l’exploration d’un univers nouveau empreint d’amour et d’amitié. Les murs tombés, ils vont découvrir la Terre sans avoir grandi pour comprendre et sourire au grand jour d’une vie retrouvée, angoissante, perplexe, mais bien réelle. Le portrait d’Abou Mohammad al-Jolani, chef du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) trônera désormais dans leurs écoles. Chez les garçons c’est probable, pour les filles beaucoup moins malgré ses promesses d’une charia moins radicale, d’un pouvoir modernisé. Avant lui, en 2021, les Talibans en avaient fait serment, on sait ce qu’il en est advenu, en Afghanistan les femmes n’existent plus. La mission vitale qui leur est assignée est la procréation. Faire des enfants, des petits soldats figés dans des postures de plomb imposées par la peur, la haine ou la vengeance. Souhaitons que le nouveau Premier ministre se soit vraiment affranchi des « comportements erronés de certains groupes islamistes » et que la religion « de la justice » ne soit plus « déformée ». Souhaitons encore que la Syrie ne soit plus un pays sans enfants.
Georges Chabrier
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