Une décision devenue « inéluctable » pour le groupe en raison de « la transformation structurelle du marché des pneumatiques Tourisme-Camionnette et Poids Lourd et de la dégradation de la compétitivité de l’Europe au profit du marché asiatique». Ces deux usines sont confrontées depuis plusieurs années à de grandes difficultés économiques. Le site de Cholet, qui emploie 955 salariés, fabrique principalement des pneus Camionnette de 17 pouces et moins. Cette production représente 85% de son activité. L’usine dispose également d’un atelier de produits semi-finis (mélange de gommes pour l’essentiel). « Au cours des dernières années, ce segment du marché Camionnette en Europe a connu une baisse significative, avec une réduction drastique des volumes de production de Cholet, qui sont passés de 4,375 millions environ en 2019 à 2,625 millions environ en 2024, sans perspective de redressement », précise Michelin dans un communiqué.
Accompagner les 1254 salariés
Le groupe s’engage à « accompagner chacun des salariés concernés avec des solutions sur mesure. Il accompagnera également les deux territoires impactés en participant à la création d’au moins autant d’emplois que ceux supprimés. » Dans l’immédiat, Michelin a volontairement pris la décision d’arrêter jusqu’au 11 novembre inclus la production des deux sites pour permettre à la direction et aux organisations syndicales de proposer des échanges collectifs et individuels aux employés. « L’objectif est d’ouvrir un dispositif de soutien aux salariés pour les accompagner immédiatement à la suite de l’annonce. Dans le cadre de la consultation des instances représentatives du personnel et de la négociation avec les organisations syndicales sur les mesures d’accompagnement, la direction se donne un objectif clair : à l’issue de la phase d’accompagnement, chaque salarié disposera d’une solution personnalisée », assure Michelin. Ainsi, certains des salariés bénéficieraient de mesures de pré-retraite, d’autres pourraient opter pour un accompagnement à la mobilité interne. Enfin, pour ceux qui souhaiteraient être accompagnés en mobilité professionnelle externe, ce qui devrait concerner une large majorité de salariés : « Un accompagnement individuel spécifique sera pris en charge par un cabinet spécialisé, garantissant l’obtention d’une solution pérenne de retour à l’emploi avec un travail en profondeur sur l’employabilité des salariés (études et parcours de formation personnalisé, possibilité de parcours de reconversion). Afin de créer les meilleures conditions d’accès à un nouveau poste en externe : La possibilité de revenir dans le dispositif d’accompagnement au terme de la période d’essai chez le nouvel employeur si elle ne se conclue pas favorablement. La compensation d’un éventuel écart de rémunération pouvant aller jusqu’à 400 euros bruts par mois pendant 3 ans », précise Michelin dans son communiqué.
Les salariés en grève
Les salariés de l’usine Michelin de Cholet ont voté pour la grève ce mardi en fin de matinée, après l’annonce par la direction de la fermeture de ce site. « C’est un mouvement spontané de colère et de révolte face aux suppressions d’emplois. On verra ensuite ce que les assemblées générales de salariés en lutte décideront sur les actions à mener », a déclaré à l’AFP Bastien You, délégué syndical CGT. Les salariés de l’usine de Cholet, dont environ 200 empêchaient la circulation sur un carrefour menant au site, autour d’une pile de pneus, ont bloqué l’usine peu après les annonces de la direction, qui avait prévu de toute façon d’arrêter la production jusqu’au 11 novembre. Sur place, le maire DVD de Cholet, Gilles Bourdouleix, a dénoncé « la version voyou du capitalisme ». « Là, visiblement, la volonté depuis des années, c’était de laisser la situation dégénérer et puis arriver à cette décision brutale, et qui est brutale au plan économique, mais brutale, évidemment, avant tout, au plan humain », a-t-il déploré, en rappelant que Michelin est depuis « 54 ans à Cholet ». « Donc c’est emblématique. Et pour nous, c’est un crève-cœur », a-t-il ajouté.
La réaction de la présidente de Région Christelle Morançais
« L’annonce de la fermeture de l’usine Michelin de Cholet est une nouvelle extrêmement dure pour les salariés et notre territoire. Je comprends et je partage leur émotion. Je suis en lien régulier avec le PDG de Michelin, qui a pris des engagements fermes pour l’accompagnement des salariés. J’ai également échangé avec le Premier ministre et je rencontrerai la semaine prochaine les ministres de l’Economie et de l’Industrie. Je mobiliserai tous nos outils régionaux, en lien avec Michelin et l’Etat, pour soutenir les salariés. Notre détermination à écrire l’avenir de ce site industriel majeur pour la Région et la France est absolument totale. Je me tiens, bien évidemment, à la disposition des organisations syndicales et des élus locaux. Plus généralement, cette fermeture illustre, une nouvelle fois, les terribles difficultés de l’industrie française et européenne face à la concurrence internationale. Ayons la lucidité de reconnaître que notre industrie est face à un immense défi de compétitivité, qui implique de bâtir d’urgence d’autres politiques publiques, notamment à l’échelle européenne. »
La réaction de Florence Dabin, présidente du Département
« L’annonce officielle de la fermeture de l’usine Michelin à Cholet n’est malheureusement pas une surprise pour ceux qui suivent ce dossier. Cette décision ne fait que confirmer les craintes exprimées à de nombreuses reprises. En tant que Présidente du Département, je tiens tout d’abord à exprimer mon total soutien aux salariés et aux familles touchés de plein fouet par cette annonce dramatique. Je pense également aux nombreux acteurs économiques qui vont être impactés directement par cette fermeture. Hier soir, j’ai pu échanger avec Marc Ferracci, le Ministre délégué chargé de l’Industrie. Je serai en ce qui me concerne particulièrement vigilante quant à la qualité des mesures de reconversion ou de reclassement proposées par le Groupe Michelin. Je souhaite également que tous les partenariats possibles soient activés pour accompagner les salariés. Enfin, je me tiens disponible pour échanger avec les différents interlocuteurs impliqués dans ce dossier. Par le passé, ce territoire a démontré ses capacités de résilience et de rebond. Le Département se tiendra bien évidemment aux côtés de tous ceux qui œuvreront pour cette renaissance. »
« Une décision radicale qui appelle des mesures ambitieuses pour limiter l’impact pour les salariés et le territoire »
« Cette usine de production de pneumatiques de véhicules utilitaires et de tourisme implantée à Cholet en 1970 est un acteur clé du tissu économique et de la
dynamique d’emploi du département. Plus qu’une usine, il s’agit d’une institution pour le Choletais », estime Philippe Chopin, Préfet de Maine-et-Loire. Il dit regretter « profondément la décision du Groupe Michelin de fermer le site de Cholet. Cette décision, qui résulte de choix propres à Michelin, appelle de la part du groupe un plan d’accompagnement exemplaire des salariés et des territoires concernés comme le groupe a pu le faire précédemment. Ces dernières heures, le Préfet de Maine-et-Loire s’est entretenu avec les principaux élus du territoire concernés. Tous relèvent la violence de cette décision pour les salariés et le territoire ». Le Préfet les a assurés que les services de l’État seront extrêmement vigilants sur la qualité de ces mesures, pour qu’elles assurent le reclassement et la reconversion des salariés, d’une part, et qu’elles répondent aux obligations en matière de recherche de repreneur, de revitalisation et de redynamisation. À ce titre, le Préfet de région Pays de la Loire et le Préfet de Maine-et-Loire demandent à Michelin de mener un dialogue social exemplaire avec les partenaires sociaux dans le respect de la procédure d’information et de consultation des Comités sociaux et économiques afin d’aboutir à la signature d’accords de méthode et de Plan de Sauvegarde de l’Emploi. Ils demandent à Michelin d’associer très étroitement l’ensemble des acteurs territoriaux à toutes ces démarches de reclassement des salariés et de redynamisation des territoires (élus locaux, collectivités territoriales, industriels, chambres consulaires, agences de développement économique…). À la demande du Préfet de Maine-et-Loire, ces messages seront passés par la sous-préfète de Cholet, Corinne Minot, aux représentants du Groupe MICHELIN, ce jour, à la sous-préfecture de Cholet, en présence de la Direction départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités (DDETS) de Maine-et-Loire. « Dans les prochains mois, je serais extrêmement vigilant, avec l’appui des services déconcentrés de l’État compétents, à la mise en œuvre active, concrète et efficiente de toutes les mesures susceptibles de limiter l’impact social et territorial de ce projet de fermetures. Ce dossier sera suivi avec la plus grande attention par les ministres de l’Économie et de l’Industrie à qui Michelin devra rendre compte des moyens mis en œuvre et des résultats obtenus. »
Avec AFP
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