Samedi 9 novembre à l’Abbaye de Fontevraud. Un entretien littéraire d’Antoine Boussin avec l’historien Martin Aurell
Dans le cadre d’un automne à Fontevraud, Antoine Boussin, grand passionné de littérature et organisateur de ces rencontres, aura le plaisir de recevoir le 9 novembre prochain l’historien de renom, Martin Aurell, pour un entretien littéraire captivant.
En présence de Martin Aurell, Professeur d’histoire médiévale, membre du Centre d’études supérieures de civilisation médiévale de l’Université de Poitiers. Membre senior de l’Institut Universitaire de France entre 2002 et 20212, il est spécialiste de l’aristocratie et de la culture littéraire autour de la Méditerranée et dans l’Empire Plantagenêt. À l’occasion de cet entretien, Martin Aurell présentera son nouvel ouvrage consacré à Aliénior d’Aquitaine : Aliénor d’Aquitaine, souveraine femme (parution en septembre 2024, collection « Grandes biographies » chez Flammarion). Aliénor d’Aquitaine (1124-1204) est la plus connue, sinon la plus populaire, des reines médiévales. À la tête du vaste duché d’Aquitaine, elle est convoitée par les plus en vue des princes d’Occident ; deux d’entre eux ont même tenté de la ravir de force. Son premier mariage à Louis VII, roi de France, échoue, à cause d’un différend stratégique et familial au cours de la croisade. En 1152, elle se remarie avec Henri II, roi d’Angleterre. Cette union constitue le vaste Empire Plantagenêt, s’étendant de la frontière de l’Écosse aux Pyrénées et de l’est de l’Irlande à l’Auvergne. Aliénor met au monde onze enfants. La maternité devient source de son pouvoir « informel » sur les hommes, en particulier sur ses fils Richard Cœur de Lion et Jean Sans Terre, tous les deux rois. Ses relations étroites avec ses filles, petites-filles et arrière-petits-enfants traduisent une sociabilité de « femmes d’entre elles », dont la portée affective, mais aussi politique, est grande. À travers elles, l’influence de sa maison s’étend jusqu’en Saxe, Sicile ou Castille. Aliénor n’a pas supporté les tendances autocratiques de son mari Henri II, qui tente d’appliquer les méthodes administratives, si avancées, de l’Angleterre dans son Aquitaine. En 1173, elle fomente une rébellion, dont l’échec lui vaut quinze ans de résidence surveillée. Sa résilience est cependant remarquable et, devenue veuve en 1189, elle se retrouve la plénipotentiaire avisée de Richard Cœur de Lion, parti à la croisade. Les dernières années de son existence sont consacrées à veiller son mari et les autres défunts de sa famille dans le monastère de Fontevraud. Elle consacre une partie de ses immenses ressources au soin des pauvres, malades et captifs, auxquels son expérience l’a rendue des plus sensibles. La vie d’Aliénor est exceptionnelle, mais pas unique au XIIe siècle où brillent plusieurs dames de la haute aristocratie. Au cours des siècles et jusqu’à aujourd’hui, son existence hors normes lui a valu bien de fausses élucubrations et ragots, que les historiens, mais aussi les hommes de lettres, ont exploité à leur guise. Ses contemporains l’ont identifié à « l’aigle du pacte rompu » d’une obscure prophétie de Merlin, mais les nôtres n’hésitent pas à en faire, de façon aussi fantaisiste, une nymphomane. Cette légende, plus noire que dorée, mérite d’être « déconstruite ». Collant à la documentation médiévale, la présente biographie cerne au plus près une femme insolite.
Infos pratiques : 9 novembre 2024, 15h (dans l’auditorium) : Martin Aurell, Aliénor d’Aquitaine, souveraine femme. Les entretiens sont gratuits dans le cadre du droit d’entrée de l’Abbaye. Réservation obligatoire pour chaque entretien sur le site : Entretiens littéraires d’Antoine Boussin – Abbaye de Fontevraud