Saumurois. Transmettre les exploitations agricoles dans une société en évolution, un enjeu de taille

Ce jeudi 3 mars se tenait "La Ferme des Solutions" à la salle intercommunale de Bagneux-Distré. Un salon dédié à l'agriculture et plus particulièrement à la transmission des exploitations en mettant en relation les cédants et les porteurs de projet.

Alors que se tient actuellement à Paris le Salon International de l’agriculture, ce jeudi 3 mars la communauté d’agglomération Saumur Val de Loire et la Chambre d’agriculture organisaient pour la seconde édition « La ferme des solutions ».  Cet événement dédié à l’agriculture proposait des temps de rencontre entre les acteurs du secteur, les porteurs de projets et les exploitants voulant céder leur entreprise et cherchant un repreneur. Au programme, 25 stands, des conférences et des temps d’échange. Cet événement est né d’un constat : En Maine-et-Loire comme à l’échelle nationale, il y a un repreneur pour 3 exploitants qui souhaitent céder leur entreprise. À noter que la moitié des agriculteurs du Maine-et-Loire ont plus de 50 ans et partiront donc à la retraite dans les prochaines années. Céder leur entreprise devient donc un enjeu. L’idée de la ferme des solutions est donc de mettre en relation les porteurs de projet et les cédants et de permettre la continuité agricole sur le Saumurois. Il faut savoir que 52% de la surface du territoire (64 200 hectares) sont des terres agricoles et que cela représente 1 090 chefs d’exploitations et 2 670 équivalents temps plein. L’agriculture est le premier employeur de l’agglomération saumuroise.

Des projets différents

Si la pérennisation de l’agriculture est un défi à relever, il ne faut pas forcément croire qu’il n’y a plus de jeunes motivés pour se lancer dans l’agriculture. Au contraire. Les acteurs présents sur ce salon font tous état d’un secteur dynamique, mais en profonde évolution. « Nous avons de plus en plus de porteurs de projets qui veulent se lancer dans l’agriculture qui ne font pas forcément partie du secteur et qui veulent se reconvertir. Ce sont souvent des profils de personnes d’une bonne trentaine d’années qui souhaitent se lancer et ne sont pas forcément issus du milieu, veulent des petites exploitations, souvent en biologique et souhaitent faire du circuit court », explique Nicolas Bouchereau, conseiller transmission à la chambre d’agriculture. Il y a donc un delta entre les exploitations qui sont à céder et les projets que veulent porter les futurs exploitants. Le secteur agricole qui connait de profonds changements doit donc s’adapter. « Les cédants ont tout intérêt à anticiper les choses très tôt et à prendre sous leur aile un jeune qui serait susceptible de reprendre ensuite l’entreprise et ainsi le former durant quelques années à tous les aspects que la gestion d’une exploitation représente. »

Une agriculture très verte en Saumurois

En Saumurois, l’agriculture est essentiellement végétale. Seuls 20% des exploitations sont de l’élevage. « On note une forte présence de la viticulture, du maraîchage, de l’horticulture et de quelques agricultures très spécialisées, comme la spiruline ou les plantes médicinales. Autant de secteurs qui peuvent correspondent aux projets des repreneurs. En tous cas, il y a peu de reprises de grosses exploitations sur le secteur. Concernant le maraîchage, on voit aussi que beaucoup d’exploitations cessent tout simplement leur activité, puisque les terrains comprennent souvent aussi les maisons d’habitation des exploitants qui ne veulent pas laisser leur maison. Les terres sont donc revendues séparément, souvent aux voisins… Ce sont des exploitations qui s’arrêtent et ne sont pas forcément reprises », précise Catherine Garreau, conseillère en installation à la chambre d’agriculture. Catherine Garreau et son collègue Nicolas Bouchereau conseillers au point accueil transmission et installation de la Chambre d’agriculture sont la porte d’entrée des personnes qui ont l’idée de s’installer. Ils les aiguillent ensuite vers les différents acteurs du secteur, en fonction de leurs souhaits et leurs projets.

Se lancer

« Il faut aussi savoir que reprendre une grande exploitation, le matériel, les terres… représente un engagement financier très important pour se lancer. Ce n’est donc pas évident pour les jeunes de s’engager dans de tels projets. Et même si aujourd’hui des fonctionnements de groupements agricoles existent et permettent aux agriculteurs de s’associer et de pouvoir s’octroyer des repos… on observe que peu de porteurs de projets veulent s’engager là-dedans et préfèrent avoir leur propre exploitation et être leur propre patron. Mais s’engager dans l’agriculture demande certaines connaissances : agricoles, gestion d’entreprise, comptabilité… », souligne Nicolas Bouchereau. Des enjeux dont est bien conscient Charly Rousseau qui souhaite s’installer dans les prochaines années dans une exploitation de semence dans la vallée de l’Authion. « Je suis salarié agricole dans une exploitation de semence depuis quelques années maintenant. J’ai décidé de me lancer dans les années à venir et je commence à prospecter. Un agriculteur doit être un véritable couteau suisse, il faut connaître son métier, savoir gérer une entreprise, faire les comptes, les réparations… on est agriculteur, comptable, maçon… À mon sens il faut avoir déjà un peu d’expérience et très bien connaître son métier avant de se lancer seul », explique-t-il. Motivé, Charly ne se ferme pas les portes. Il se dit ouvert à toute opportunité : « reprise d’exploitation, installation, association avec d’autres agriculteurs… Il faut rester ouvert, sinon cela devient vraiment impossible et il faut vraiment avoir la chance de tomber au bon endroit au bon moment. » Selon lui, la réussite relève également du réseau : « Il faut se faire connaître, faire entendre son projet pour ne pas que les opportunités ne nous passent sous le nez. C’est aussi une des raisons de ma présence aujourd’hui à ce salon. Rencontrer les cédants, les acteurs du secteur et se faire connaitre. »

Être accompagné avant de se lancer

Pas facile de se faire un réseau et d’entrer dans le milieu lorsque l’on ne vient pas de celui-ci, comme bon nombre de porteurs de projets aujourd’hui. Heureusement, plusieurs structures, présentes ce jeudi, maillent le territoire et proposent un accompagnement des porteurs de projets. C’est notamment le cas de la CIAP 49 (Coopérative d’Installation en Agriculture Paysanne). Maelis Dilé, animatrice à la CIAP 49 explique : « Nous proposons d’accompagner les personnes qui veulent se lancer dans l’agriculture. Nous avons beaucoup de profils de personnes de 35 ans qui ont exercé un autre métier et qui veulent aller vers un métier plus proche de la nature, sur des petites exploitations principalement biologiques. Or, il n’est pas évident de se lancer lorsque l’on ne vient pas du milieu et que l’on n’a pas le réseau. Nous proposons donc de former ces personnes, de les accompagner dans leur projet et de les intégrer à un réseau de professionnels, d’élus, d’associations sur un secteur donné. Nous avons fait le constat que beaucoup de personnes qui se lancent sont très isolées. Ils peuvent ainsi se former durant un an en immersion dans une exploitation, rencontrer les professionnels. Nous disposons également de terres de 1,5 hectare sur lesquelles 3 porteurs de projets peuvent durant une saison entière et en autonomie tester l’agriculture. L’idée est de leur donner toutes les clefs avant de s’installer. En effet, entre être salarié agricole et s’installer, il y a une grande marche. Cela leur permet de voir si cela leur convient vraiment. Notre vision est qu’il vaut mieux ne pas s’installer que mal s’installer. »

Commentaires 5

  1. Superdeg says:

    Quel jeune pourrait reprendre une exploitation agricole lorsqu’il entend tous les jours que les agriculteurs ne perdent que de l’argent et des sommes folles en plus, c’est un peu comme si un vendeur de billets loterie vous disait tous mes tickets sont perdant, tu lui en achètes un ?

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  2. barnabé says:

    Quelle utopie de laisser croire à des jeunes en mal de reconversion professionnelle, qu’il s’en sortiront en vendant des salades ou des haricots bio, en travaillant combien d’heures par jour, et pour quel salaire moins qu’un Rsa ? L’agriculture se meurt responsable pour certaines personnes de pollution, etc, etc…nous mangerons de plus en plus de fruits et légumes importés et qui se souciera à ce moment là de l’impact carbone sinon personne ou pas grand monde.

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  3. Eh bien! says:

    Bon courage à tous les jeunes entrepreneurs et belle réussite à vous! N’écoutez surtout pas les défaitistes tels les tristes personnages de Barnabé et Superdeg qui diffusent à longueur d’année de sempiternels commentaires négatifs.

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  4. Superdeg says:

    Je ne rapporte que la tristesse et le désarroi de ce métier, tous les jours les médias en parlent, et encore je ne dit que dans ce métier on survit, et le suicide des dizaines d’agriculteurs c’est négatifs ou c’est sinistrement horribles et tristes

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  5. Florentais says:

    Bonsoir. C est ça toujours les mêmes malheurs pour certains et toujours la parade des élus….
    C est le salon agricole en ce moment cela fait bien. Sauf pour pecresse voir la vidéo sur you tube.

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