Bien malin qui, aujourd’hui, pourrait conjecturer sur le retour en grâce d’un printemps flamboyant en mars 2025. Le 29 précisément, au sortir d’une divine éclipse solaire implorée pour que revienne enfin la lumière. A contrario d’une nuit sans fin, d’une longue immersion dans un tunnel édifié sous une montagne d’incertitudes, de relents nauséabonds de joutes politiques saccadées et ravageuses. Le séisme de la dissolution fait son œuvre et notre pays ploie sous la pression exercée par l’urgence d’une décision dont les effets dévastateurs agiteront notre pays des mois durant. En effet, la seule garantie accordée par la manoeuvre insidieuse d’Emmanuel Macron est un désordre, une « chienlit » dans le fonctionnement de nos institutions, la volte-face d’un peuple dont il a vaniteusement ourdi la soumission. Le manège s’est grippé. Ses petits chevaux avancés sur le tapis de son dessein jupitérien n’atteindront pas la case centrale mais s’en retourneront vers le départ, dans l’écurie désertée par les poulains et tous les cracks. Le Président est chancelant, toujours jeune, et n’entend pas céder son trône comme pouvait l’envisager le roi Lear pour partager son héritage. Mais que léguer et à qui tant sa succession est obérée de dettes, de passif et encore plus d’avenir. Cet avenir immédiat que nul ne peut vraiment écrire sauf à en griffonner l’imprévisibilité, à en transcrire des hypothèses sombres étayées par de profonds clivages, l’envie de libérer les scrupules, sans masques, sans nuances, sans retenues. « Un moment de vie ressemblant à une éclipse, où ni l’espoir, ni le désespoir, n’ont de poids »*, où l’ombre et la lumière se mêlent dans un tourment diffus, une inconsciente osmose.
Les macaques, nos cousins apaisés
Faut-il pour autant oublier le chatoiement de nos bonheurs d’été, du Tour de France, des Jeux olympiques de Paris, des ferias, des fêtes, des festivals et des joutes, de nos vacances, d’un horizon renouvelé dans un regard porté sur le lointain d’un océan, d’une montagne, d’un même regard porté sur les autres. Puissions-nous nous retrouver dans un destin commun apaisé par le désir de bien vivre ensemble. Une nécessité en devenir pour appréhender des défis d’un tout autre acabit, majeurs, minimisés par l’immédiateté du quotidien. Les stigmates du réchauffement climatique marquent chaque jour un peu plus nos attitudes, nos conduites, présagent de contraintes à prendre en considération, à affronter solidairement et, désormais, à très court terme. Des peuples s’organisent déjà pour planifier leur survie, des animaux, quant à eux, n’ont pas attendu pour anticiper dans des espaces redessinés pour le partage. Les macaques rhésus de Porto Rico ont ainsi modifié leurs comportements sociaux pour tolérer la promiscuité sous l’ombre raréfiée de leur environnement. Cette tolérance inaccoutumée a significativement réduit le taux alarmant de mortalité de l’espèce pourtant réputée pour ses errements agressifs. Le choix de vivre dans une interaction appropriée s’est avéré salutaire. Les chimpanzés et les bonobos sont nos plus proches cousins (98% d’ADN commun). Ils s’épouillent pour apaiser les tensions et s’adaptent avec sagesse à leurs milieux dégradés. Le 29 mars 2025, comme nous, ils subiront l’éclipse avant d’apprécier un nouveau soleil, blottis dans l’ombre pour préserver les plaies.
Georges Chabrier
*Emprunté à Hafid Aggoune
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