Victor Boret naît à Saumur le 18 août 1872. Fils d’un négociant en grains, il fréquente la petite école de la ville puis le collège avant d’aller au lycée à Angers. Jeune homme, il découvre le monde en se rendant à l’étranger où il exerce plusieurs métiers. En Allemagne, il s’initie au brassage de la bière. Puis, en Angleterre, il devient d’abord interprète chez un courtier maritime puis ouvrier dans une usine frigorifique. Cette exploration professionnelle terminée, il rentre à Saumur où il prend la succession de son père.
Installés entre les ponts, place du Roi-René (aujourd’hui disparue), les Etablissements Boret commercialisent des semences potagères, fourragères et florales. Ils tiennent le haut du pavé, forts de leurs 2 500 ha de terrains dédiés aux expériences et à la production, de leurs 12 000 m2 de laboratoires. Ils publient chaque année un catalogue, le « Manuel de l’amateur de jardinage et de l’agriculteur ».
Rapidement, la vie politique titille Victor Boret. Juge au Tribunal de Commerce, il est élu conseiller municipal de Saumur en 1910 dans l’équipe du docteur Peton, puis membre du Conseil général de Maine-et-Loire. Mais, curieusement, il choisit la Vienne pour faire carrière. Il est d’abord élu conseiller général pour le canton de Moncontour et il devient député avec l’étiquette radical socialiste dans l’arrondissement de Loudun.
Dès lors, à l’Assemblée Nationale, il devient l’un des spécialistes des questions agricoles au sein du groupe républicain et socialiste de la Chambre, rapporteur de la commission de l’Agriculture. En 1914, Victor Boret est nommé membre des Commissions des marchés et du budget. Pendant la première guerre mondiale, il se préoccupe du problème posé par la présence des cultivateurs sur le front.
Le 16 novembre 1917, il devient Ministre de l’Agriculture et du Ravitaillement dans le Cabinet de Georges Clemenceau. Il le restera jusqu’en 1919. Il participe alors aux débats sur les sujets cruciaux du moment : le rationnement du pain, la commercialisation des céréales, des farines, la production du blé, l’organisation du matériel de transport des denrées alimentaires, etc.
La guerre terminée, il est réélu député de la Vienne. Président de la Commission de l’agriculture, il dépose un grand nombre de propositions de lois. Il fait des conférences et publie plusieurs ouvrages sur le sujet comme Pour et par la terre, chez Payot (1921).
Elu sénateur en 1927, il se consacre à l’amélioration de la production agricole et à la repopulation des campagnes françaises. Ses compétences en la matière lui valent une large audience dans les milieux ruraux français et étrangers. Comme beaucoup d’hommes politiques de son époque, il se rend en Union Soviétique. A partir de ce voyage d’étude, en 1933, il écrit Le Paradis Infernal. Son analyse est à la fois pratique et pertinente. Il est favorable aux échanges commerciaux avec la nouvelle puissance mais émet des doutes concernant les bienfaits du collectivisme.
En 1940, sa carrière politique est interrompue par la Seconde guerre mondiale. Il vote en faveur du projet de loi constitutionnelle du maréchal Pétain, ce qui lui vaudra de perdre son siège de conseiller général à la Libération, poste qu’il détenait depuis 30 ans. De plus, les établissements Victor Boret, situés à l’entrée de la ville, ont beaucoup souffert des bombardements de 1940.
Victor Boret se désintéresse alors de la politique. Il meurt le 22 avril 1952 à Neuilly-sur-Marne, en Seine-et-Oise, à l’âge de 79 ans. Il est inhumé au cimetière de Saumur.
Une rue porte son nom dans le quartier des Violettes à Saumur.
Bibliographie :
– RUSSAC Catherine et SASSIER Sophie, Focus, Saumur 1918 et après ? Publication du service Ville d’art et d’histoire de Saumur, Saumur
– JOLLY Jean, Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), PUF, Paris, 1960
– LIANDIER Jean-François, Un ministre de l’agriculture à la Roche de Bran en 1918, Site de la mairie de Montamisé, 2021
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