Avec AFP
« En 2023, la consommation nationale a diminué de 3 à 4% », contre une baisse annuelle de 0,5 à 1% en moyenne ces dernières années, « atteignant jusqu’à 10% dans certains territoires », selon des remontées compilées par la Fédération française des entreprises privées de l’eau (FP2E), la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) et Intercommunalités de France, présentées jeudi lors d’une conférence de presse. Cette accentuation de la baisse « continue en 2024 », selon Régis Banquet, vice-président d’Intercommunalités de France chargé de l’eau : « sur les quatre premiers mois, sur ma collectivité, je suis à 3% de moins », indique l’élu, également président de la communauté d’agglomération de Carcassonne (Aude). L’accélération provient des entreprises comme des ménages, a indiqué à l’AFP Melissa Bellier, conseillère technique de la FNCCR pour le pilotage des services d’eau. « Il y a une prise de conscience de la valeur de l’eau en tant que telle, des risques de sécheresse, de pénurie », a déclaré Mme Bellier, qui note également « la baisse d’activité » subie pour des raisons économiques d’un certain nombre d’industries et, pour certaines, des investissements dans des équipements plus économes. La prise de conscience a été favorisée par la sécheresse historique de 2022, marquée par des restrictions d’eau dans la quasi-totalité des départements métropolitains. Si cette plus grande sobriété est saluée par les auteurs de l’étude, elle engendre de fortes inquiétudes budgétaires: les recettes des services d’eau et d’assainissement sont en effet « assises sur les volumes d’eau consommés à plus de 80%, la part fixe de l’abonnement se limitant à 15-20% », rappelle l’étude. Or, ces services sont « aujourd’hui face à un mur d’investissements », a souligné Hervé Paul, vice-président de la FNCCR. Quelque 30 milliards d’euros vont être nécessaires dans les prochaines années, dont environ la moitié pour le renouvellement des réseaux, et une autre moitié pour « les sujets de pollution », au premier rang desquels la question des polluants éternels, les fameux « PFAS« , présents dans l’industrie, selon Régis Banquet, qui fait le constat d’un modèle de financement « à bout de souffle ».
Augmentation « inéluctable » du prix de l’eau
Exemple emblématique de cette flambée des investissements, le Sedif, syndicat des eaux d’Ile-de-France (hors Paris) a acté récemment un projet pharaonique de transformation de ses usines de traitement pour filtrer les fameux PFAS, dont les travaux sont désormais évalués à plus d’un milliard d’euros hors taxe. Les acteurs ont donc élaboré une liste de 25 propositions pour accompagner cette mutation, notamment pour donner plus de latitude aux collectivités et pratiquer des tarifications plus adaptées à leur territoire. Celles-ci proposent pêle-mêle de permettre aux élus de « disposer d’outils de suivi de la consommation d’eau à l’échelle de leur territoire », de « renforcer » les possibilités d’innovation en matière tarifaire, d’« accompagner les collectivités pour la mise en place de trajectoires de sobriété », en fonction de leurs caractéristiques, entre autres. « Le prix de l’eau va augmenter inéluctablement », a prévenu Hervé Paul, un constat tempéré par Régis Banquet, pour qui cette hausse du prix sera amortie par la baisse de la consommation. La FNCCR estime que les coûts vont augmenter de « 30 à 50% d’ici 2030-2035 », et plaide pour « trouver d’autres ressources financières » et pour que cette augmentation ne soit pas reportée exclusivement sur les tarifs de l’eau potable et de l’assainissement. Alors que le prix de l’eau est considéré comme « relativement faible » en France, à 4,30 euros le mètre cube (1.000 litres) en moyenne, avec de fortes disparités entre territoires, les acteurs prévoient que la part de la facture d’eau dans le budget des ménages passera de 0,8 à 1 puis 1,2% dans la décennie à venir. En 2021, la facture d’eau représentait en moyenne une dépense annuelle d’environ 500 euros TTC par ménage, selon des chiffres de la FNCCR.
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