Qui étaient les Français déportés à Auschwitz ? C’est en partant de cette question que les élèves de Terminale Relation Client du lycée Sadi Carnot – Jean Bertin, se sont lancés à la recherche des déportés Saumurois de la Seconde Guerre Mondiale. Premier constat, « parmi ceux-ci figuraient des personnes qui avaient fui la montée du totalitarisme dans leur pays et étaient venues se réfugier en France. La conclusion était sans appel : ils avaient été considérés étrangers par leur pays d’origine et pas assez français par la France. Ils étaient donc les grands oubliés de l’Histoire, dénigrés par l’historiographie de chacun des pays », indique les jeunes lycées. C’est ainsi qu’ils ont décidé de remédier à « cette injustice » : « nous allions documenter la vie de ces personnes et partir sur leurs traces, jusque sur le lieu de leur disparition, à Auschwitz. » Ainsi, le 20 février dernier, c’était le grand départ : train jusqu’à Angers, puis changement jusqu’au Mans et enfin Paris Charles de Gaulle. Dans l’avion, direction Cracovie. « Nous repensions à ceux qui avaient, selon des modalités bien différentes, fait le même trajet, depuis Saumur vers la Pologne », poursuivent-ils.
Un voyage mémoriel
Dès le 21 février, Ils sont partis sur les traces de l’histoire des Juifs d’Europe pendant la seconde guerre mondiale. Au programme, « visite du quartier de Kazimierz, l’ancien quartier juif de Cracovie. Le quartier tient son nom du roi polonais Casimir le Grand, celui qui avait autorisé les Juifs à venir s’établir dans une ville proche de Cracovie, de l’autre côté du fleuve (la Vistule) au XIVe siècle. Aujourd’hui, cette ancienne ville fait partie intégrante de Cracovie mais sa population a bien changé : alors qu’elle abritait près de 65 000 Juifs à la veille de la guerre, soit un quart de la population totale, il ne reste plus aujourd’hui que 200 Juifs dans la ville qui compte, elle, 750 000 habitants en tout. Pour comprendre comment on est passé de l’un à l’autre, la visite de l’après-midi allait nous donner la réponse : direction le ghetto de Cracovie. Là, 3000 personnes avaient été expulsées pour laisser la place à presque 20 000 Juifs qu’on a entassés dans des conditions inhumaines. Ceux qui n’étaient pas jugés utiles, c’est-à-dire dont on n’avait pas besoin pour le travail, étaient déportés et tués. C’est ce fragment d’histoire que nous avons abordé au musée Schindler la même journée », relatent-ils.
Découvert du camp d’Auchwitz
Suite du programme mémoriel, et pas des moindres : Auschwitz. « Le lendemain, 22 février, nous nous sommes rendus sur les deux camps d’Auschwitz-Birkenau. Point final du parcours de déportation pour la quasi-totalité des Juifs qui y sont envoyés, le lieu est lourd de sens pour nous qui avons étudié la vie des déportés. Nous avons pu y voir les cellules de punitions, dans lesquelles les Juifs étaient enfermés à 5 dans 1m² ou encore les baraques dans lesquels ils étaient entassés. La potence est encore présente dans le camp, comme un symbole de l’inhumanité avec laquelle étaient traités tous ces gens. Au second camp d’Auschwitz, l’horreur : des baraques avec des lits superposés et à chaque niveau, entre 6 et 8 personnes partageaient une paillasse qui leur servait de matelas. Dans la baraque des toilettes, nous nous sommes rendu compte des conditions d’hygiène dans lesquelles ils vivaient : sans intimité, dans la saleté et la maladie ». Enfin, point de chute de leur visite, mais aussi des déportés : les chambres à gaz et les fours crématoires. « Avant la libération du camp, les Allemands avaient essayé de cacher leurs traces et avaient dynamité les fours. Aujourd’hui, il reste des morceaux d’architecture qui témoignent encore de l’ignominie nazie », expliquent les lycéens
Mais aussi culturel
Sur une note plus légère, le séjour a aussi été pour ces jeunes une ouverture culturelle, dans un autre pays, où, hormis la langue et la monnaie, les pratiques aussi sont différentes. Le vendredi matin, visite de la vieille ville de Cracovie : le château, les ruelles médiévales, la faculté et la halle aux draps. Arrivés devant la basilique, sur la place centrale. L’après-midi, changement de décor : départ pour la mine de sel de Wieliczka, à 135m sous terre. Le lendemain, dernier jour en Pologne et départ pour l’aéroport. Retour à Saumur, « des images plein la tête et des souvenirs qui ont rendu palpables les cours d’Histoire », concluent-ils.
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