Après des expérimentations « concluantes », menées à Nantes et Lille, précise un communiqué, la FDJ va proposer aux commerçants volontaires de son réseau – qui compte 29.000 points de vente – une formation délivrée par Umay, une application qui vise à lutter contre le harcèlement de rue et l’insécurité, avec laquelle elle a signé jeudi un partenariat. Cette application répertorie 3.200 gendarmeries, 600 commissariats de police et 6.000 établissements labellisés « lieux sûrs »: des bars, des restaurants et des discothèques mais aussi des magasins et institutions, où les personnes qui se sentent menacées peuvent se réfugier. Elle fonctionne comme un GPS, proposant des itinéraires où sont signalés « lieux sûrs » et commissariats, et donne la possibilité de désigner des personnes de confiance qui peuvent suivre le déplacement. On peut également envoyer des alertes sur l’application qui revendique 60.000 membres actifs, ou signaler un danger. Il faut créer un compte pour pouvoir l’utiliser. Mille points de vente du réseau de la Française des Jeux doivent rejoindre le réseau cette année. En France, Umay a déjà pour partenaires l’enseigne de magasins Monoprix (groupe Casino), l’établissement public qui gère les transports en région parisienne (IDFM), ou encore des collectivités locales. Le partenariat vise à former et labelliser comme « lieu sûr » un maximum de commerçants avant l’été 2024 et les Jeux olympiques.
Des doutes et interrogations
Mais pour Amy Bash, présidente du collectif féministe #NousToutes Lille, il faut « prendre cette initiative avec beaucoup de précaution ». « En quoi consistera la formation des buralistes ? Est-ce le lieu le plus approprié ? Si la victime est exposée à des remarques désobligeantes des clients, ça ne va pas », s’interroge-t-elle auprès de l’AFP. Il peut sembler contre-intuitif de proposer aux femmes de se réfugier dans des bars-tabac, à la clientèle essentiellement masculine. Mme Bash craint un « féminisme washing » de la part de la FDJ. Pour la présidente de la FDJ Stéphane Pallez en revanche, citée par le communiqué, ces commerces « sont déjà des lieux de vie essentiels, avec des horaires d’ouverture étendus et des détaillants impliqués dans la vie locale. Qu’ils deviennent des lieux sûrs est d’une logique et d’une utilité indéniables ». Selon le dernier rapport annuel du Haut Conseil à l’égalité femmes-hommes sur l’état du sexisme en France, 9 femmes sur 10 disent anticiper les actes et les propos sexistes, et adoptent des conduites d’évitement pour ne pas les subir. Et 81% des femmes déclarent avoir déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics, selon une étude de l’institut de sondages Ipsos de 2020.
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