Edito du Kiosque : J.O. de Paris : la croix et la bannière

Dans quatre mois, Paris accueillera les Jeux olympiques 2024. Un événement planétaire qui inquiète et suscite bien des polémiques. Certaines sont parfaitement justifiées d’autres spécieuses à des fins politiques exemptes de dignité.
©DR

Parler d’amitié, de respect, d’excellence, de détermination, d’égalité, d’inspiration et de courage, c’est évoquer les valeurs fondamentales olympiques et paralympiques. Certes, mais les dépenses pharaoniques de l’organisation événementielle planétaire du sport prêtent le flanc à bien des critiques, des polémiques justifiées par des rappels à la raison essentiels et objectifs. Quelles que soient les motivations, les bonnes intentions, les Jeux Olympiques sont bel et bien devenus une institution de la démesure, en contradiction parfaite avec l’essence de la communion universelle imaginée par Pierre de Coubertin. En ce sens, la financiarisation du sport et les ambitions politiques, en quête de respectabilité, creusent inéluctablement le fossé entre l’idéal œcuménique et la crudité d’une compétition inéquitable où le confort des uns s’édifie au détriment des autres. L’argent coule à flot pour démolir, construire, éclabousser la planète entière d’une féerie mémorable que les humbles contempleront de loin, ou subiront de près pour peu qu’ils soient riverains ou Franciliens. Comme à l’accoutumée, une cohorte de péripéties sème la zizanie dans la dernière ligne droite avant le grand show fluvial du 26 juillet, dans le clapotis agité de la Seine. On s’interroge et on s’insurge sur les salaires des uns et les voyages des autres, les grenouillages et les combines, les faillites sociales, les populations déplacées, le capharnaüm présent et à venir des transports, on s’inquiète aussi et bien légitimement sur la sécurité.

Mauvaise foi

Que de tracas pour un rendez-vous festif dédié à « la promotion du sport, de la culture et de l’éducation en vue d’un monde meilleur. » Et, cerise sur le gâteau, voilà qu’une improbable délégation nantie d’athlètes survitaminés revendique désormais sa présence parmi les 30 000 sportifs ou spectateurs illustrés sur l’affiche officielle des J.O, dévoilée ce 4 mars au Musée d’Orsay. Des « polymusclés » de la reconquête se sont en effet mis en marche pour hisser haut et fort la bannière toxique de leur royaume d’apostolie. L’affiche du talentueux Ugo Gattoni fourmille de générosité créatrice dans une représentation libre et débridée du patrimoine de son Paris, de sa France imagée. Mais voilà, l’artiste a commis l’irréparable en occultant le drapeau tricolore et la croix juchant ostensiblement sur le dôme des Invalides. « Un mépris pour notre drapeau tricolore et la cancellation de notre patrimoine chrétien » s’est révolté Jordan Bardella, en écho à Marion Maréchal et Eric Ciotti. Même lors des Jeux de Berlin, en 1936, la dictature nazie d’Adolf Hitler n’avait osé braver l’interdit de la charte olympique précisant l’absence de de tous symboles nationalistes ou religieux. Que nenni ! La mauvaise foi n’essouffle pas l’acharnement. Elle justifie tous les appâts des démagogues en chasse de publics et de notoriété sur le socle vicié de leur piédestal. Le sens de l’observation peut être utile pour retrouver Charlie, Félicie, Blanchebarbe, Pouah ou Ouaf, nichés dans le détail, il est vain pour démasquer un Malin chimérique de mauvais aloi et prétendre à un monde meilleur.

Georges Chabrier

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