Quel pourrait être le rapport entre la plante que nous fumons et le fait de rosser quelqu’un ? À vrai dire, aucun. Le sens de la locution “passer à tabac” s’est formé en grande partie à cause d’une homophonie mais ça s’arrête là. Initialement, tout part du vieux parler provençal tabb qui marquait l’idée de coup. Au Moyen Âge, le terme “molester” avait un homonyme que nous utilisons toujours aujourd’hui : tabasser (ou tabastar). L’expression moderne est apparue plus récemment au début du XIXe siècle, il était alors possible d’entendre “passer à tabas” ; ce qui était tout à fait logique étymologiquement puisqu’il s’agissait d’une contraction de “tabasser” (on parlait alors d’une volée de coups).
Pourtant le terme tabas s’est rapidement transformé en “tabac”. Faisons donc en parallèle la petite histoire de la plante à sécher pour y voir plus clair. Le mot français tabac vient de l’espagnol tabaco, lui-même dérivé du terme par lequel les Arawaks haïtiens désignaient la plante qu’ils fumaient lorsque Christophe Colomb les a rencontrés : tsibatl. Vous commencez à voir le lien ? Non ? C’est normal puisqu’il n’y en a pas. Le monde maritime s’est approprié l’expression “passer à tabac” pour évoquer une violente et soudaine tempête qui frappe les navires. Le mot “tabac” n’a donc pas son sens réel ici, l’usage a voulu que l’orthographe soit modifiée.
Après… nous le savons, le tabac ne fait pas particulièrement de bien à notre organisme, pas autant qu’être roué de coups, mais tout de même.
Hugo
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