Le Kezako du Kiosque. Jumelage, outil de la paix et du partage

C’est une habitude, lorsque nous voyageons sur nos routes et que nous pénétrons sur le territoire d’une commune, nous passons devant l’iconique panneau de signalisation rectangulaire au liseré rouge qui nous en indique le nom. Mais il n’est pas rare d’y voir associer d’autres villes, souvent étrangères, avec ce terme : “jumelée”. Alors ce jumelage, kezako ?

Réaffirmer la paix

La plus ancienne forme de jumelage historiquement acceptée remonte loin dans le Moyen Âge, en 836, lorsque les communes du Mans et de Paderborn se sont liées religieusement. Bien entendu, pas grand-chose à voir avec la version moderne du jumelage qui est apparue à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Comment réconcilier les peuples et les nations après une première moitié de XXe siècle particulièrement violente ? Cette question a animé les fédéralistes français dès 1944. L’idée fait son chemin et une première liaison est inaugurée entre les villes de Troyes (Aube, France) et de Tournai (Wallonie, Belgique) le 4 novembre 1951. Mais la cicatrice européenne est toujours béante et la peur de sombrer à nouveau dans un conflit est réel, surtout dans le contexte de la guerre froide. Il faut attendre 1962 pour qu’un premier jumelage franco-allemand voit le jour entre Montbéliard (Doubs) et Ludwigsburg (Bade-Wurtemberg), ouvrant ainsi la voie vers d’autres connexions culturelles. Le traité de l’Elyzée, signé entre Charles de Gaulle et Konrad Adenauer en 1963, officialise la volonté de rapprochement entre les deux anciens ennemis.

Quelle portée ?

Le Conseil des communes et régions d’Europe (CCRE), créé en 1951, cherche à soutenir les échanges à l’échelle locale autour de thèmes assez larges tels que la citoyenneté, la démocratie, les cohésions sociales et économiques des territoires, l’environnement, etc. L’idée est de faciliter l’accès à la culture de l’autre, d’organiser des événements entre des communes partageant des caractéristiques proches (taille, spécialité, etc.). Les objectifs recherchés à travers le jumelage sont multiples. Par le biais des lycées et des collèges, la jeunesse est par exemple invitée à découvrir la langue ou les traditions de la commune étrangère ; ceci pouvant donner lieu à des voyages. La charte des villes jumelées décrit ce contrat bilatéral en ces termes : “Le lien qui unit, dans un esprit d’égalité et de réciprocité, des populations entières de deux ou plusieurs pays différents en vue de favoriser le contact des personnes, l’échange des idées, des techniques, des produits. Il est un instrument de culture populaire et de formation civique internationale, et il ne saurait être détourné de son objet à des fins personnelles ou partisanes ou politiques”. Ce qui se voulait être un mouvement de réconciliation s’est métamorphosé en véritable coopération intercommunale.

Pluralité des jumelages

Pourquoi s’arrêter aux communes ? Après tout, les échanges peuvent se faire à des niveaux encore plus spécifiques. Puisque l’objectif principal est de favoriser le lien et la compréhension mutuelle, le jumelage s’est diversifié. Il n’est plus rare désormais de voir des rues, des établissements scolaires, des entreprises, des ONG, des parcs nationaux, des monuments historiques et même des régiments militaires. Tout est imaginable, il n’y a pas de limite particulière du moment que les deux parties partagent des similarités structurelles. Inclusion sociale, solidarité et entraide sont les piliers du concept soutenu par le CCRE. En ce qui concerne les villes, il suffit aux représentants respectifs de signer un serment de jumelage, les engageant à respecter la promotion et le maintien de leurs échanges.

Le jumelage a largement dépassé les seules frontières de l’Europe, le renforcement du maillage permet ainsi une meilleure ouverture vers la culture des autres.

Hugo

Commentaires 1

  1. pito says:

    plus besoin de jumelage extra européen puisque l’immigration a « rapproché les cultures » ».exemple :près de 50 nationalités différentes en Ile de France
    L’ouverture à la culture des autres, nous est imposée par cette migration.Alors le jumelage « façon années 50 » Chatouillez moi! Pauvre bisounours !

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