Saumur. Contrôle de la Chambre Régionale des Comptes : Après l’agglo, rebelote à la ville

Comme lors du conseil communautaire de la semaine dernière (relire notre article), le maire de Saumur Jackie Goulet a présenté aux élus de la ville de Saumur le rapport de la Chambre régionale des comptes suie au contrôle effectué en 2023 sur l’exercice 2017-2023. Même gestionnaire à la tête des deux collectivités, donc les rapports s’en trouvent très similaires. Plusieurs problématiques soulevées par la CRC sur la gestion de l’agglomération Saumur Val de Loire se retrouvent à la ville de Saumur. En effet, si globalement la gestion est jugée bonne avec des comptes sains, l’organisme relève toutefois quelques défaillances quant à la gestion de l’informatique et sa sécurité, un « manque de transparence » dans la gestion et une alerte quant aux ressources humaines avec un directeur de cabinet, directeur de la communication et directeur du château qui n’est qu’une seule et même personne, à savoir Lambert Creuxlebois. Trois problématiques déjà abordées la semaine dernière et auxquelles le maire a apporté les mêmes réponses. « Pour l’informatique, nous avons commandé une étude quelques mois après mon élection en 2020. Malheureusement, cela a été trop tard et nous avons tout de même subi une cyberattaque. Mais, il faut rationaliser quand on voit que le Pentagone, de grands hôpitaux ou des collectivités se sont aussi fait attaquer. Cela a peut-être été plus simple chez nous, mais même avec une bonne protection s’ils avaient vraiment voulu ils auraient pu nous avoir », estime-t-il. Pour la gestion peu transparente, Jackie Goulet rétorque : « Nous avions décidé, notamment pour le budget, de présenter aux élus un document synthétique, lisible et digeste en leur épargnant les nombreux documents et tableaux qui ne parlent pas à rand monde. Toutefois, la CRC estime qu’il nous faut les donner et c’est pourquoi nous donnerons à présent l’ensemble des documents, tout en continuant à faire ce document de synthèse. »

Un fonctionnement hors des clous

En ce qui concerne l’hydre Creuxlebois, pas de changement non plus dans le discours du maire qui assure que « ce fonctionnement est très efficient et permet de prendre à bras-le-corps certains sujets comme le château. Au vu des chiffres de fréquentation, forcé de constater que la méthode est efficace ». Jackie Goulet indique également que « Lambert Creuxlebois ne fait pas tout, tout seul, et il ne faut quand même pas oublier toutes les personnes qui travaillent sur les différents sujets dans les services. » Et d’ajouter : « J’entends la toute relative légalité de cette situation, toutefois la très grande majorité des collectivités de notre strate partage leur direction de la communication et le cabinet. En ce sens, j’ai écrit en septembre dernier aux parlementaires afin qu’ils fassent évoluer la loi pour mieux coller aux habitudes et au fonctionnement des collectivités ». Pour l’opposant Bertrand Chandouineau, « ce n’est pas l’efficience e la qualité du travail qui est reproché, mais la légalité de l’organisation qui présente un risque ». Ce risque, c’est celui de voir « requalifiés les emplois administratifs en emplois politiques, y compris au château. » Bertrand Chandouineau a également exposé un fait survenu en 2023 : « L’ancien président du Val de Marne a été condamné à 10 000 euros d’amende par le tribunal correctionnel pour avoir détourné des fonds publics en plaçant des agents administratifs sous la direction du chef de cabinet, poste politique. Nous sommes juridiquement attaquables et je ne voudrais pas que la ville de Saumur le soit, juste pour une décision politique de refus de la règle en vigueur. La CRC prévient et elle mérite d’être entendue. » Même son de cloche pour Bénédicte Le Ménac’h qui estime que « ce risque n’est pas à prendre à la légère » et qu’il serait dommageable « que l’on reçoive une plainte d’on ne sait où ». Ressources humaines toujours, la CRC a également conseillé d’approfondir la mutualisation des services avec l’agglomération, notamment pour la Direction générale des services. Or, pour Bertrand Chandouineau : « S’il y a bien un gain financier, que se passera-t-il le jour où le président de l’agglo ne sera plus le maire de Saumur. La mutualisation a des limites ». Une recommandation qui ne semble pas non plus partagée par la majorité.

Trop généreuse

En outre, la CRC a estimé que la ville de Saumur était très, voire trop, généreuse avec les associations. La ville consacre 5% de son budget de fonctionnement aux subventions aux associations (1,45 million d’euros) avec un montant de 56.50 euros par habitant tandis que la moyenne départementale est de 26.50 euros. « Cette moyenne ne veut pas dire grand-chose puisqu’elle prend toutes les communes du territoire qu’elle que soit leur strate », estime Jackie Goulet. La CRC vise particulièrement trois subventions, celle allouée à la MJC, à la SCOOPE et au Comité Equestre. « Ce sont trois grosses associations qui font en quelque sorte fonction de service public sur le territoire. La question du Comité Equestre sera bientôt réglée puisqu’il sera intégré à la future SPL qui gérera notamment le site de Verrie. Pour la SCOOPE et la MJC, nous allons mettre en place un contrôle plus précis et afficher des points d’objectif. Pour autant, je ne suis pas certain que l’on révise à la baisse ces subventions », commente le maire. Pour mémoire, la ville de Saumur compte 480 associations, regroupant 20 000 licenciés dont 9 000 saumurois. 150 reçoivent des subventions et aides matériels de la collectivité.

Revoir le conseil

Pour aller plus loin : Pour en savoir plus sur les différentes problématiques et les réponses apportées par le maire et président, relisez notre précédent article https://www.le-kiosque.org/saumur-val-de-loire-que-dit-le-rapport-de-la-chambre-regionale-des-comptes-sur-la-gestion-de-lagglo/. Retrouvez également le rapport sur https://www.ccomptes.fr/fr/publications/commune-de-saumur-maine-et-loire-3.