La région enregistre une tendance proche de celle observée en France qui avec 57 729 procédures ouvertes, enregistre une augmentation de 36 % par rapport à 2022. Les TPE sont naturellement les plus nombreuses mais les PME régionales sont très exposées. Au regard du contexte inédit de « permacrise » dans lequel les entreprises naviguent depuis 4 ans, les seuils de défaillances, s’ils sont élevés, ne sont pas une surprise. Avec 2 405 procédures enregistrées, le volume des défaillances renoue avec les niveaux observés en 2018 (2 422). Une situation conforme aux prévisions. La hausse sur un an (+37%) est moins forte que celle exceptionnelle de 2022 (+ 51 %), mais reste toutefois la deuxième plus rapide de l’histoire, loin devant les +21% de 2008.
De fortes disparités locales
Le Maine-et-Loire est le département le plus sous tension (454 ; +49%) devant la Loire-Atlantique (963 ; +43%). A l’inverse, les trois autres départements contiennent la hausse des défaillances sous 30%. C’est le cas de la Vendée (431 ; +26%) ou la Sarthe (313 ; +24%). La Mayenne offre la meilleure performance régionale et limite l’augmentation du nombre de cessations de paiement à +20% (174), très en-dessous de la moyenne des Pays de la Loire (+ 37%). Thierry Millon, directeur des études de la société Altares explique : « Après une phase de rattrapage d’une partie des entreprises tenues à flot grâce aux mesures d’accompagnement mises en place depuis la crise Covid, nous amorçons désormais une nouvelle phase, plus structurelle, davantage liée aux insuffisances financières des entreprises qui doivent naviguer dans un environnement économique extraordinairement tendu. Certes les assignations ont repris fortement mais toutes les procédures ne sont pas ouvertes à l’initiative des URSSAF. Activité en berne, niveau d’inflation encore élevé, taux d’intérêt toujours hauts, consommation qui flanche, forment un dangereux cocktail pour des entreprises aux trésoreries épuisées après une succession de crises. Les PME et ETI ne sont pas épargnées, transférant ainsi potentiellement le risque vers leurs fournisseurs et sous-traitants. Près de 170 entreprises d’au moins 10 salariés ont défailli en 2023, c’est 48% de plus qu’en 2022 et un nombre au plus haut depuis 2015. »
7 000 emplois ont été menacés en 2023 contre 5 300 en 2022
En Pays de la Loire, les TPE concentrent l’essentiel des défaillances (93 %), et donnent donc le ton régional. Près de 2170 entreprises de moins de 10 salariés ont défailli en 2023, un nombre en augmentation de 35,4 %. Pour les PME, la tendance accélère fortement, tout particulièrement chez celles comptant plus de 50 salariés, avec 14 jugements en redressement ou liquidation directe, soit une hausse de 56 % sur un an. Le nombre de cessations de paiement de PME de moins de 50 salariés et plus augmente de 48% avec 152 procédures. 166 PME (plus de 10 salariés) ont ainsi fait défaut en 2023, un nombre au plus haut depuis 2015 (216). Dans ces conditions, le nombre d’emplois menacés par ces défaillances dérape très rapidement. Les défaillances représentent 7 000 emplois contre 5 300 en 2022.
Les défaillances par secteur
Construction : Le secteur de la construction concentre le quart des cessations de paiement et compte désormais près de 550 défauts (+67%) dont plus de 420 dans les seules activités du bâtiment. Dans le gros œuvre, la construction de maisons individuelles a triplé ses défauts (30). La maçonnerie générale accuse une dégradation de + 50% (75 défauts). Dans le second œuvre, la sinistralité augmente rapidement dans les travaux de menuiserie bois et PVC (49 ; +81%) ou peinture-vitrerie (39 ; +63%). Dans l’immobilier, le nombre de cessations de paiement explose pour les agences (54 ; +238%).
Commerce : Le commerce dépasse 500 défauts mais contient la hausse (+23 %) très en-dessous de la moyenne générale (+36%). Dans le commerce de détail qui concentre plus de 300 procédures (337 ; +29%), le commerce d’habillement résiste (27 ; +4%) contrairement au meuble (17 ; +89%).
Services : Plus de 300 sociétés de services aux entreprises (306), la dégradation est proche de la moyenne régionale (+37%). Si les activités de conseil en communication tiennent (39 ; +3%), c’est moins le cas de l’Ingénierie (34 ; +21%) et encore moins de la publicité (12 ; +71%). Dans les activités d’information et communication, la hausse est rapide dans le Conseil en systèmes et logiciels informatiques (12 ; + 71 %). Pour les services aux particuliers, les tendances restent lourdes pour les coiffeurs et soins de beauté (67 ; 68 %).
Industrie : L’industrie, avec 214 redressements ou liquidations judiciaires, semble un peu mieux résister (+23%), portée par les activités de manufacture (126 ; + 16%) plus que par l’agroalimentaire (88 ; +35%). Le secteur agroalimentaire est porté par la boulangerie qui à elle seule compte 54 défauts (+ 26%).
Transports : Une petite soixantaine de transporteurs (56) ont défailli en 2023 soit une hausse de 30%. La tendance est plus défavorable dans le transport routier de marchandises de proximité qui compte 24 défaillances (+140%) que dans l’interurbain (19 ; +36%).
Restauration : 239 établissements de restauration ont défailli en 2023 (+41%). Le rythme ralentit pour la restauration traditionnelle (139 ; + 22%) mais reste fort pour la restauration rapide (95 ; +83%). Les débits de boissons (78 ; + 86 %) présentent une tendance plus sévère que celle de la restauration. L’hébergement fait encore moins bien (18 ; +100 %).
Agriculture : L’agriculture se distingue avec un net recul des défaillances en 2023 (72 ; -13%) notamment tirée par l’élevage (44 ; -25%). La culture résiste beaucoup plus difficilement (25 ; +32%).
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