Avec AFP
Entouré de ses ministres Bruno Le Maire (Économie), Marc Fesneau (Agriculture) et Christophe Béchu (Transition écologique), le Premier ministre s’est exprimé depuis Matignon. Il s’agissait de sa troisième salve d’annonces sur le sujet en moins d’une semaine. Les mesures annoncées ce jeudi répondent « à une grande partie des attentes » des agriculteurs, a assuré M. Attal, qui « croi(t) profondément » qu’elles sont « de nature » à calmer la contestation. Mais, alors que la mobilisation se poursuit, le chef du gouvernement n’en est pas moins resté prudent, promettant que « le travail va se poursuivre ». La FNSEA appellera-t-elle ses troupes à lever les barrages ? Le syndicat agricole majoritaire a prévu une conférence de presse en début d’après-midi. « Nous voulons être souverains, souverains pour cultiver, souverains pour récolter, souverains pour nous alimenter« , a résumé Gabriel Attal, promettant d’inscrire « l’objectif de souveraineté (alimentaire) dans la loi » et de consacrer « dans le code rural l’agriculture comme un intérêt fondamental de la nation ». « Ce n’est pas une souveraineté retranchée sur elle-même car je n’oublie pas que notre agriculture est un de nos principaux secteurs exportateurs, avec les céréales, les vins, les spiritueux, les produits laitiers. Mais c’est une ouverture avec des règles de la réciprocité et les mêmes exigences pour tous », a-t-il cependant précisé.
Pesticides
Parmi les annonces de jeudi figure un renforcement des lois Egalim qui visent à empêcher que les producteurs ne fassent les frais de la guerre des prix féroces entre supermarchés d’une part, et distributeurs et fournisseurs de l’agro-industrie d’autre part. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a précisé que « toutes les grandes chaînes de supermarchés » seront « contrôlées dans les prochains jours » sur ce sujet. La Premier ministre Attal a également annoncé une enveloppe de 150 millions d’euros en soutien fiscal et social aux éleveurs. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait déjà annoncé une mesure de défiscalisation pour les éleveurs bovins en octobre. Mais la Fédération nationale bovine (FNB) avait fait part la semaine dernière d’une « déception extrêmement forte » des éleveurs à ce sujet. Gabriel Attal a également annoncé le relèvement des seuils d’exonération sur les successions agricoles. Il s’est engagé à assouplir les règles imposant aux agriculteurs de maintenir des surfaces en prairies en appliquant « une dérogation à l’obligation de réimplantation pendant un an ». Il a par ailleurs dit vouloir empêcher l’importation en France de fruits et légumes traités avec le pesticide thiaclopride, un produit interdit en Europe. Parallèlement, le plan Ecophyto visant à réduire l’usage des pesticides sera mis « en pause« , a précisé le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. Le chef du gouvernement a également appelé à une « législation claire au niveau européen sur la dénomination de ce qu’est la viande de synthèse », car celle-ci ne « correspond pas à notre conception de l’alimentation à la française ». Il a par ailleurs demandé que la question de la limitation des importations de céréales ukrainiennes dans l’Union européenne soit incluse dans une négociation. L’UE n’a pas intégré les céréales dans une liste de produits « sensibles » sur lesquels les importations peuvent être freinées. Gabriel Attal avait longuement reçu ces jours derniers la FNSEA, pendant trois heures trente notamment lundi soir puis près de trois heures mardi soir, ainsi que mercredi soir. Il a aussi reçu mercredi matin les représentants de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, et de la Coordination rurale, deuxième syndicat. Le président Emmanuel Macron s’est de son côté entretenu dans la matinée avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au sujet du « futur de l’agriculture européenne », avant un sommet européen extraordinaire consacré au budget de l’UE et à l’aide à apporter à l’Ukraine.
Tracteurs à Bruxelles
Mais les aides dégagées mercredi par le gouvernement français comme les concessions de la Commission européenne (sur les jachères et les importations ukrainiennes) n’ont pas semblé trouver grâce aux yeux de la profession, également mobilisée en Italie, Espagne, Allemagne et depuis jeudi au Portugal. « Mille tracteurs ou engins agricoles » bloquent plusieurs rues de la capitale belge, siège des institutions européennes, a déclaré à l’AFP un porte-parole de la police, précisant que les manifestants provenaient essentiellement de Belgique. Les organisateurs ont expliqué vouloir dénoncer « les folies qui menacent l’agriculture ». En France, la présidente du 2e syndicat agricole représentatif Coordination rurale (CR), Véronique Le Floc’h, a suggéré jeudi sur RMC aux agriculteurs « qui souhaitent monter sur Paris » de « venir à l’Assemblée nationale » afin que les députés « puissent venir à leur rencontre ». « Je n’ai même pas besoin d’appeler » les agriculteurs à manifester, « ils s’organisent partout pour remplir des voitures, il y a des départs partout », a-t-elle assuré. Le but est notamment, selon elle, de montrer leur soutien aux 91 personnes interpellées mercredi pour s’être introduites à pied dans l’enceinte du marché de gros de Rungis (Val-de-Marne). Toutes les gardes à vue ont été levées jeudi matin, a indiqué le parquet de Créteil. Karine Duc, coprésidente de la CR du Lot-et-Garonne et parmi les personnes arrêtées, a comparé cette opération à « quasiment une rafle ». « Si c’est la réponse qu’on donne aux paysans de France », a-t-elle déploré à la sortie de sa garde à vue. Dans le pays, les blocages de route, les opérations escargot ou les manifestations devant les supermarchés se poursuivent. En Maine-et-Loire, les agriculteurs ont poursuivi le blocage des autoroutes ce jeudi et se sont concentrés sur la capitale angevine. Le Saumurois était une fois encore épargné.
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Commentaires 4
L’abandon du plan Ecophyto est une très mauvaise nouvelle que ce soit pour les utilisateurs (salariés agricoles et exploitants) ou pour les consommateurs. Même si le précédent plan n’avait pas atteint ses objectifs (diminution de moitié de l’utilisation des pesticides sur 10 ans), il avait initié un mouvement de recherche d’alternatives aux produits phytopharmaceutiques. Cette annonce désastreuse sonne certainement le glas de tout progrès notable dans ce domaine .
Bjr Bardella soutient les agriculteurs en Gironde mais ses sympathisants ont été pincés en flag pour avoir fauché et tenter d embarquer du foin sur une propriété sans autorisation plainte pour vol a été déposée Bravo l ordre et l autorité
C’est comme les Fi Nupes qui ont fait semblant de soutenir les sans-abris et qui ont eu l’affront d’aller dîner dans un restaurant coté juste en face. Aucun scrupules et aucune décence pour tous ces élus Nupes/RN /FN. A bannir aux prochaines élections.
Voilà ce qui arrive quand on interdit un produit sans solution de remplacement. Ça s’appelle mettre la charrue devant les boeufs. Les responsables? Les groupes de pression mais pas les agriculteurs.