Nos ancêtres les Celtes ! Nous qui adorons parler de nos ancêtres les Gaulois, nous allons quelque peu élargir notre vision. Durant l’Antiquité, le monde celte s’étend des îles britanniques actuelles jusqu’à l’Anatolie ; il existe alors de grandes disparités culturelles entre chaque peuple. Ici, ce sont les voisins d’Astérix qui nous intéressent, les Celtes qui vivaient en Irlande, au Pays de Galle, en Ecosse et un peu à la pointe de la Bretagne. Les historiens s’accordent à dire qu’Halloween serait en fait dérivé de la fête païenne du Samain, le passage à la saison automnale. Il s’agissait à l’époque d’une longue cérémonie conduite par l’autorité des druides sur 7 jours ; le jour central étant considéré comme “hors” de l’année. Pour la croyance celtique, c’est un point de bascule où le vivant (le “matériel”) peut côtoyer quelques instants le mort (ou l’”irréel”), un instant où la frontière s’atténue entre les mondes. L’occasion donc d’assurer à sa famille un bon départ pour l’année à venir. La dimension divine est très fortement ancrée dans cette fête, si l’on s’intéresse un peu à l’étymologie du terme “Halloween”. C’est une contraction de l’expression All Hallows’Eve, soit, en bon français : “la veille de tous les Saints”. Voilà quelque chose qui doit vous rappeler un événement du calendrier chrétien, non ?
Christianisation et diffusion
En 613, l’Eglise catholique a instauré une date anniversaire pour commémorer tous les martyrs : la Toussaint. Jusque-là, on la datait au 13 mai. C’est au IXe siècle qu’elle est déplacée au 1er novembre, pour que la célébration folklorique du Samain soit absorbée dans le monde chrétien. Du moins, c’est ce qu’une partie de la communauté historienne considère, bien qu’il ne soit pas si évident que cela d’affirmer une volonté de remplacement, puisqu’à l’orée de l’an Mille, le Samain n’est plus vraiment d’actualité ; ou encore en lien, car les deux événements n’ont pas la même portée symbolique. Mais il est vrai que la coïncidence a de quoi interroger. C’est au cours du XIXe siècle que les Irlandais, quittant massivement leur terre natale à cause de la famine, apportent avec eux les us et coutumes liées à la fête des morts, et notamment un conte très connu, celui de Jack O’Lantern, qui donnera même à Halloween sa figure de proue : la tête de citrouille (originellement, c’était davantage un navet d’ailleurs). C’est à la fin de ce même siècle qu’Halloween devient une fête nationale aux Etats-Unis. Et c’est de cette longue et lente évolution à travers le monde que nous avons hérité aujourd’hui, au travers d’une nuit où, tout comme les Celtes en leur temps, les vivants flirtent avec les esprits et l’au-delà.
Etat actuel
L’influence de la culture cinématographique américaine ne peut être ignorée dans la diffusion planétaire d’Halloween. Pour autant, il faut attendre le début des années 1990 pour que la France s’y intéresse. Ce sont les marques qui ont tenté d’importer la tradition celte dans l’Hexagone avec un succès assez relatif puisqu’il n’existait pas d’ancrage culturel à proprement parler. On estime que c’est France Telecom qui a lancé le mouvement à la sortie d’un téléphone portable, le modèle Olaween. Pour de nombreux commerçants, cette fête tombe comme une aubaine dans cette période creuse d’activité avant Noël, elle est donc massivement soutenue par les confiseurs, ce qui lui confère une aura très mercantile. A côté de cela, quelques polémiques sont venues ternir l’image de la fête, comme des cas de canulars extrêmes, l’hypersexualisation des femmes par l’imagerie très érotique de leurs costumes, etc. Evidemment, les autorités religieuses n’apprécient pas non plus énormément que cette fête vienne empiéter sur celles de la Toussaint et de la fête des morts du 2 novembre. Mais lorsque l’on voit l’énorme impact sur la culture populaire, il n’est pas difficile de constater qu’Halloween et son aura d’épouvante sont une mine d’or à exploiter. Ni inconnu, ni incontournable, cet événement annuel dérivé de nos vieilles croyances s’est installé chez nous. Une occasion rêvée pour manger des bonbons sans culpabiliser.
Hugo
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