Avec AFP
Après une première édition réservée aux marques, la plateforme, propriété du groupe chinois ByteDance, renouvelle ce mardi ses « TikTok Awards » en couronnant cette année des créateurs divisés en six catégories. Parmi elles : « apprendre sur TikTok », une tendance qui prend de l’ampleur. Depuis le mois de mai, la plateforme décompte ainsi un milliard de vues et près de 62.000 vidéos postées sous ce hashtag. Dans le sillon d’un engouement né sur YouTube, les vulgarisateurs scientifiques s’adaptent au format court et à l’algorithme de la plateforme, jusqu’ici plus connue pour ses vidéos de danse et ses défis. Le succès du contenu instructif sur la plateforme est « colossal », assure Marlène Masure, directrice des opérations de TikTok en France et au Benelux, lors d’une conférence de presse dédiée, en octobre. Professeur de mathématiques depuis 14 ans, Iman Hedayati a quitté les salles de classe de son collège de l’est parisien pour devenir créateur de contenus pédagogiques via « Hedacademy », ses cours de mathématiques en ligne. Après un début de carrière sur YouTube en 2015 et une chaîne qui rassemble désormais près d’un million d’abonnés, le professeur de maths fait « le buzz » avec ses astuces de calcul sur TikTok. « Ma mission est de rendre n’importe quelle notion accessible », décrit l’enseignant à l’AFP. Pour retenir l’attention de son public, il n’hésite pas à recourir aux analogies à employer un vocabulaire simplifié, voire à esquisser « quelques petites blagues ». « La beauté des plateformes est que chaque personne peut proposer une approche », estime M. Hedayati, « l’élève peut trouver le prof de maths qu’il aurait aimé avoir ». Comme lui, les six nommés de la catégorie « Apprendre sur TikTok » partagent avec des millions d’utilisateurs leurs savoirs: des conseils d’orientation aux cours d’anglais, en passant par des anecdotes historiques.
« Rétablir un équilibre »
Une tendance à travers laquelle la filiale française de l’application entend « fabriquer un programme d’apprentissage » autour du français, des sciences, de l’histoire-géographie, de la culture générale et des langues, en favorisant la visibilité des créateurs engagés dans ce créneau. Pour Christine Balagué, professeure à l’Institut Mines-Télécom et fondatrice du réseau « Good in Tech », ce développement des contenus éducatifs s’explique surtout par la mise en application du DSA, la nouvelle législation européenne sur les services numériques. Entrée en vigueur fin août pour les très grandes plateformes, dont TikTok, cette loi oblige notamment les géants de la tech à « identifier des contenus de confiance » circulant sur leur réseau. Dans ce contexte, la vulgarisation scientifique peut correspondre à cette catégorie, souligne Mme Balagué. D’autant plus que « la loi impose une amende très élevée », rappelle-t-elle : 6% du chiffre d’affaires mondial, en cas de non-respect de ces règles. « Les plateformes dans ce contexte essaient d’identifier des contenus scientifiques et de les amplifier » résume-t-elle. Même si le contenu éducatif reste très marginal par rapport à la quantité de vidéos circulant sur l’application, il peut servir à participer à « rétablir un équilibre » avec les « théories complotistes, antiscientifiques et contenus haineux », abondants sur la plateforme, fait valoir Christine Balagué.
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