Il pleut, souvent et abondamment, dans un épisode épais dont nous attendions les bienfaits. Et nous maugréons, malgré tout, sous nos parapluies, d’un pas pressé vers un toit protecteur dont on apprécie la générosité. L’automne et la Toussaint, sous l’emprise prégnante de nuits qui s’imposent, nous confinent en marge du dehors, du bonheur de s’éterniser sous le cocon d’un ciel étoilé. Les terrasses sont vidées de musique et d’agitation, le mobilier d’été remisé, en hibernation jusqu’aux mois du renouveau, d’un printemps enchanteur. Cette année tout particulièrement la transition fut brutale, chaud et froid s’entremêlant sans gradation, du matin au soir, d’un jour à l’autre, sans nous procurer la consolation d’une trêve en pente douce, sans aucune forme de nuances. Tout à fait à l’instar des débats passionnels, fanatiques et parfois spécieux attachés à l’actualité brutale de guerres lointaines ou de batailles autochtones. Comme dans le drame israélo-palestinien révélateur de la démesure et des limites d’esprits obtus agités par l’exaltation des différences, sans le moindre recours vigilant et nécessaire à la nuance. L’Etat français a, quant à lui, opté pour une position très mesurée. Une tonalité équilibrée qui ne fait toutefois pas l’unanimité dans sa propre majorité, pas plus d’ailleurs que chez ses opposants engoncés dans le carcan de clientélismes malsains et parfois douteux. Ainsi la posture funeste adoptée et relayée par Jean-Luc Mélenchon et Mathilde Panot a-t-elle été vertement contestée par la Nupes et, dans les rangs de LFI, dans une vive colère exprimée de son député François Ruffin reconnaissant sans détour le Hamas comme une « organisation fanatique et terroriste ».
Enivrante et subversive
Sur les bancs de l’Assemblée nationale, les crispations sont innombrables, inhérentes aux conflits, bien entendu, à leurs conséquences humanitaires et aux dommages collatéraux sur notre République confrontée au spectre de la résurgence d’un antisémitisme assumé. L’activité courante parlementaire est asphyxiée, malmenée et chahutée par les outrances de comportements souvent primaires, échappant à la dignité requise pour le dialogue démocratique. Les volets dépenses et recettes de la loi de finance de la sécurité sociale sont passés, tamisés par le sas de nouveaux 49,3, alors que se profilent les débats sensibles et redoutés sur l’immigration. Chacun fourbit ses armes sans se soucier du bien commun, souvent même de l’adhésion des affiliés et militants trop éloignés des états-majors, pris de vitesse et trahis par l’initiative ou la parole intempestive des chefs tribuns. L’exécutif, sans majorité, devra séduire, à sa droite qui le sait et met déjà la pression en lançant une pétition en faveur d’un référendum sur la question « l’immigration : vous en avez assez ? ». Emmanuel Macron a besoin d’Eric Ciotti aux anges et satisfait de reprendre la main pour chasser sur les terres de Marine Le Pen, hors de portée de fusil, pour l’heure, dans les sondages ébouriffants de l’enivrante et subversive bataille présidentielle. Un clivage de plus en perspective qui va écorcher un peu plus encore la trame de nos aspirations en un dialogue empreint de sincérité, de dignité et de nuance. Le sujet ne s’y prête guère et il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville.
Georges Chabrier
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Commentaires 6
Bonjour monsieur Chabrier. Belle écriture, de jolis mots. Félicitation. Un petit récit sur la conclusions du conseil d’état sur les partis dit extrémiste ? Et peut on être homme politique si nous sommes fiché S ?
Bon week-end à tous.
François Ruffin, incontestablement, représente la gauche la plus humaniste. Il suffit, d’ailleurs, de lire un quelconque numéro de « Fakir » pour voir qu’il se retire systématiquement derrière les autres, donnant la parole aux petits, aux humbles, à ces « essentiels » si mal payés.
S’il ne restait qu’une gauche, au sens premier et pratiquement biblique du terme, François Ruffin serait le seul qualifié pour en être le représentant.
Bel édito qui nous prouve que la politique d’aujourd’hui n’apporte que division. Comme vous l’écrivez « chacun fourbit ses armes sans se soucier du bien commun » alors que le premier but des élus est l’amélioration du bien-être du pays, et non pour que ces gens-là se mettent en valeur par des déclarations qui ne font qu’attiser la haine. Pourvu que l’on parle d’eux.
La démocratie mérite que chaque citoyen respecte son interlocuteur. La démagogie, les outrances de langage, les slogans ne mènent qu’à la dictature. Notre continent l’a assez vécu
Bravo pour cet édito qui nous entraine dans la rélexion si ce n’est un peu plus. Cette partie de phrase essentiell eà mon avis « chacun fourbit ses armes sans se soucier du bien commun » Et plagiant W. Churchill (pardon pour l’immodestie) Est-il si diffice que cela de trouver un Homme d’Etat qui pense à la génération future alors que sont pléthore les hommes politiques qui pensent à l’élection future… Vaste sujet. Bravo et merci encore
Merci Mr Chabrier; ce que vous écrivez c’est pas mal, mais à quoi ça sert? Nous vivons un monde compliqué, il l’est depuis toujours! « Nation contre nation » dit la Bible…Mais nous, à Saumur, on a la chance de pouvoir vivre bien, dans la paix. C’est ça mon message: la paix, la solidarité, l’amour. Ce qui se passe dans le monde est dur, très dur, mais pensons à nous, on est bien chez nous à Saumur!