Conformément à l’article L.332-2-1 du Code de l’environnement, le projet de création de la Réserve Naturelle Régionale « Champagne de Méron » avait été soumis à la consultation du public du 1er août au 1er novembre 2022 (relire notre article). Les avis avaient été considérés favorables au projet. En conséquence, suite à cette consultation, aucune modification n’avait été apportée au projet de création de la Réserve Naturelle Régionale « Champagne de Méron ».
Un haut lieu de la biodiversité
Ce site, haut lieu de la biodiversité, situé sur la commune de Montreuil-Bellay, héberge des espèces remarquables de milieux naturels à forts enjeux en Région des Pays de La Loire (Nigelle des champs, Millet scabre, Euphorbe de Séguier, …) Aujourd’hui devenus rares et menacées sur notre territoire, ces habitats sont également le refuge de plusieurs espèces menacées comme l’Outarde canepetière ou le Busard cendré. Le périmètre classé en Réserve naturelle régionale est de 146 hectares. Le mot « champagne » désigne un espace plat, ouvert et sec, où les arbres sont rares. C’est un vaste ensemble de steppes et de cultures sur sol calcaire. Additionné à des conditions climatiques de sécheresse, ces milieux permettent l’installation de plantes rares comme le millet printanier ou les plantes des moissons (bleuets, coquelicots ou nielles des blés). Des actions de suivi de ces oiseaux remarquables sont effectuées chaque année par la Ligue de Protection des Oiseaux Anjou. L’Outarde canepetière est l’une des espèces les plus menacées au niveau national. En Pays de la Loire, les populations se sont effondrées, seuls des petits noyaux perdurent. Le site de la Champagne de Méron présente une forte concentration des effectifs de l’espèce. Pour prévenir l’extinction de cette population, le dispositif Natura 2000 propose des contrats aux propriétaires et exploitants des terres. À titre d’exemple, parmi les mesures proposées, la gestion de milieux favorables à l’outarde (création de jachères longues durées ou d’un couvert de légumineuses) peut être mise en place. C’est la 23ème RNR labellisée en Pays de la Loire. Cette dernière s’appuie sur une cohabitation exemplaire entre le monde agricole, le monde industriel et les naturalistes. A travers cette labellisation RNR, la région accompagne le plan de gestion du site à hauteur de 145 000 € pour un programme d’actions de 3 années sur des enjeux de conservation, mais aussi de connaissance et de pédagogie pour valoriser le site et développer des outils de sensibilisation et de communication auprès des publics sur ses activités.
« Le Versailles de la biodiversité »
Jean-Michel Marchand, ancien Président de l’Agglo mais aussi du PNR était réjouit en cette journée inaugurale : « Comme quoi il faut toujours donner du temps. Lorsque nous nous sommes attelés à ce dossier en 2002 avec Paul Loupias, (n.d.l.r. alors 1er vice-président de l’agglo en charge du développement économique et maire de Montreuil-Bellay), l’idée, avec la voix ferrée traversant la zone, étant d’une faire pourquoi pas un port sec. Nous n’en sommes pas loin aujourd’hui : l’Outarde nous a attendue ! ».
Grande journée aussi pour l’actuel maire de Montreuil-Bellay, Marc Bonnin : « Ici les enjeux sont multiples : préservation de la nature, de la mémoire (avec le camps d’internement tzigane à l’orée de la zone) et développement économique. Avec cette classification en RNR, l’objectif est bien de préserver les éléments de ce patrimoine naturel et unique. J’en veux pour preuve qu’il est possible de proposer une solution compatible : un site de développement économique et un patrimoine naturel sensible. Bref je qualifierai cette zone de « Versailles de la biodiversité. »
Reprenant le maire, Sophie Tubiana, Présidente du PNR Loire Anjou Touraine, l’a plutôt qualifié de « Monument de la biodiversité ». « Après de longs pourparler et des vicissitudes administratives, en fin nous y sommes. Le travail accompli ici depuis plus de 20 ans doit être source d’inspiration pour d’autres territoires. »
Jackie Goulet, Président de l’Agglo de rajouter : « Ici tous les enjeux sont prioritaires et nous sommes élus pour relever des défis, celui-ci en est un bel exemple. Nous avons oeuvrer au plus beau des objectifs, celui de l’intérêt général. »
A l’issue de ce florilège d’explications et de satisfactions, la Présidente de Région, Christelle Morançais a rappelé : « Créer un RNR (n.d.l.r c’est la 23è en Pays de la Loire depuis le début du mandat), c’est un moment rare, un moment précieux car on se sent utile. On concrétise une ambition qui vient de loin, sur un site aussi atypique et complexe où on a pu allier préservation de la nature et développement économique. Ensemble, on a su faire bouger les lignes et cela illustre l’état d’esprit des Pays de la Loire, du Maine et Loire et du Saumurois : amour, volonté commune d’aboutir, sans regarder les couleurs politiques. »
Le dernier mot est revenu au sous-préfet de Saumur, Christophe Carol, fraîchement arrivé : « J’ai l’impression ici d’une zone puzzle, mais vous avez su franchir de nombreux obstacles et étapes. Même si le chemin fut long, je sens bien que nous sommes sur une terre de consensus. » Enfin le représentant de l’Etat de conclure : « On ne peut que regretter la lenteur administrative sur ce dossier vieux de 20 ans. Et je forme le souhait que cela soit simplifier et que cet exemple puisse être dupliquer sur d’autres territoires. »
Mais au fait, qu’est-ce qu’une réserve naturelle régionale ?
Une Réserve naturelle régionale (RNR) est un espace présentant un grand intérêt pour la faune, la flore, le patrimoine géologique ou paléontologique, ou d’une manière générale, pour la protection des milieux naturels. Les Réserves naturelles régionales sont créées à l’initiative des propriétaires des parcelles classées, par délibération du Conseil Régional, à l’issue de consultations institutionnelles (Etat, Collectivités), et scientifiques (Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel) et après accord des propriétaires. Le label RNR est attribué par la Région à des sites remarquables au regard des richesses naturelles qu’ils abritent. Ces lieux vivants, au sein desquels s’exercent de multiples activités, servent à de nombreux usages et participent à la valorisation du savoir-faire régional en matière de développement durable. La préservation des RNR est assurée par une réglementation adaptée des activités qui y sont menées et une gestion conforme à un document de cadrage appelé plan de gestion. En déclinaison de la Stratégie régionale pour la biodiversité adoptée en 2018, la Région entend faire de ce réseau d’espaces préservés, une vitrine de l’identité et du savoir-faire régional. A ce jour, la Région a classé 22 Réserves naturelles régionales.
Pour aller plus loin : Le plan de gestion du projet de RNR, consultable sous ce lien, est le fruit d’une démarche de préservation du site associant les propriétaires, les acteurs locaux concernés (collectivités, associations, entreprises, agriculteurs, usagers…) et la communauté scientifique au travers du conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN).
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Commentaires 1
Bonjour. Félicitation aux intervenants depuis 20 ans. La preuve de l efficacité de l administration française. Ahahaha.
Pour un dossier complexe, combien le délais ?