Musique. Bassiste chinonaise, Emeline Fougeray a joué avec Ben l’oncle Soul, Jain et Bruel

A seulement 33 ans, la chinonaise Emeline Fougeray a déjà de très belles dates à son actif en tant que bassiste. Elle a joué aux côtés de grands noms de la musique. Malgré tout, elle conserve beaucoup de simplicité et apprécie toujours autant jouer avec ses amis de toujours dans les bars de Chinon, loin des grandes scènes des zéniths. Entretien :
Emeline Fougeray ©Maxime-Hillairaud

Il y a parfois dans nos territoires des personnes discrètes aux parcours pourtant des plus flamboyants. C’est notamment le cas d’Emeline Fougeray, une trentenaire chinonaise qui a percé dans le monde de la musique. Elle est aujourd’hui bassiste professionnelle et joue pour de grands noms de la musique francophone et a déjà arpenté de très nombreuses scènes, des plus prestigieuses aux plus modestes, jouant devant des dizaines de milliers de personnes, mais aimant toujours revenir « jammer » (séance d’improvisation) dans les bars chinonais le temps d’un bœuf entre amis. Emeline est née et a grandi à Chinon, et aujourd’hui malgré une carrière nationale, elle tient à rester en terre rabelaisienne. Entretien :

Le Kiosque : Comment êtes-vous venu à la musique ?

©-Frédéric-Di-Meo

Emeline Fougeray : « Elle a toujours été présente dans ma vie. Mes parents sont déjà musiciens amateurs. Ensuite, j’ai débuté l’apprentissage de la musique à 7 ans en conservatoire par la musique traversière. Cela a duré 5 ans. Dans ma famille, mes deux frères (l’un plus âgé que moi, l’autre plus jeune) font aussi de la musique. Le plus grand faisait de la guitare électrique et écoutait les Red Hot Chili Peppers. J’avais 12 ans à l’époque et c’est la première fois que j’ai été marquée par un son, par une musique. Et tout particulièrement par le jeu de basse de Flea. A l’époque, j’ignorais même ce qu’était une basse. Mais rapidement, et durant quelques mois, j’ai tanné mes parents pour qu’ils m’achètent une basse et me payent des cours. Finalement, ils ont accepté et j’ai délaissé la flûte traversière pour la guitare basse. J’ai alors pris des cours à l’école d’Avoine vers l’âge de 13 ans. J’y suis resté 5 années. L’année du bac, j’ai intégré Jazz à Tours qui est une formation professionnelle très tournée vers la pratique, le concret et les concerts. Mon professeur Olivier Carole m’a rapidement branché sur des plans qu’ils ne pouvaient pas assurer. Ainsi assez jeune, vers 18 ans, je me suis retrouvé à jouer avec des artistes comme Ben l’oncle Soul, Morgan Ji ou encore Taÿfa. Cela a duré quelque temps et durant cette même période, je donnais des cours de basse à Chinon, Turquant, Richelieu, Saint-Mathurin-sur-Loire… Cela se passait très bien avec les élèves, mais il devenait difficile de concilier les deux : assurer les cours et faire les concerts. J’ai finalement préféré aller sur scène et jouer. C’est là que j’avais l’impression de vraiment avoir ma place. »

Le Kiosque : C’est à partir de ce moment qu’a commencé votre carrière professionnelle ?

Emeline Fougeray : « En effet, je me suis donc lancé pleinement dans l’intermittence et cela fait 6 ans que ça dure. Je me suis construit un réseau petit à petit entre Tours et le Mans. Puis est arrivé progressivement le confinement. Si cette période a été difficile pour beaucoup d’artistes, elle a été pour moi un véritable déclencheur et un tremplin formidable. En effet, je voyais de nombreux artistes publier des vidéos sur les réseaux sociaux et cela tournait énormément. Je me suis donc timidement lancé, sans trop y croire. J’ai posté quelques vidéos, sur Facebook au tout début. Puis cela a pris une ampleur phénoménale, les vidéos étaient extrêmement vues et partagées. J’ai ensuite ouvert un compte Instagram pour continuer à partager ma musique sur des formats courts de 1.30 min. Dès lors, mes vidéos ont été remarquées et j’ai été contacté par des artistes pour enregistrer des lignes de basse pour différents albums, à distance bien sûr, confinement oblige. C’est également par ce biais que la manageuse de Jain m’a contacté en mai 2022. Elle aimait ce que je proposais et c’est ainsi que je me suis retrouvé aujourd’hui en tournée avec Jain, que nous avons fait la tournée des festivals et que nous allons bientôt attaquer la tournée des Zéniths. »

Le Kiosque : Vous avez également tourné avec Patrick Bruel, cela s’est fait également par ce biais des réseaux sociaux ?

Emeline Fougeray : « Oui dans un sens. En effet, j’ai été contacté via Instagram par le directeur artistique de Bernard Lavillier. J’ai donc passé une audition, en face d’une dizaine d’autres bassistes. Finalement, nous étions deux « finalistes ». C’est l’autre bassiste qui a été choisi. Toutefois, celui-ci était sur la tournée de Patrick Bruel, tournée qu’il a donc dû laisser. Comme nous avions sympathisé, il en a touché deux mots. Coup de chance, Patrick Bruel avait dit qu’il aimerait bien avoir une musicienne sur scène. C’est une expérience que l’on ne peut pas refuser. »

Le Kiosque : Malgré tout cela, vous restez attachée au Chinonais ?

©Rémi-Angeli

Emeline Fougeray : « Je m’estime particulièrement chanceuse, jamais je n’aurais pensé vivre ça un jour. Je me demande souvent « pourquoi moi ? » D’autant que je suis très éloignée des réseaux parisiens. Il est d’ailleurs hors de question que j’aille là-bas un jour. C’est vital pour moi de rester ici en Chinonais, de revenir dans ma maison perdue en campagne. C’est cet été, lors de la tournée de très gros festival, que j’ai réalisé une fois sur scène face à plus de 60 000 personnes. Pour autant, j’aime toujours autant jouer dans les petites salles face à 20 ou 30 personnes. J’essaie de venir jouer au moins une fois par mois à Chinon pour des jams blues. J’ai également participé au festival Voyage en Guitare qui s’est tenu à Chinon il y a peu. Quoi qu’il arrive, jouer reste un plaisir quel que soit le cadre et je ne vais pas renier d’où je viens. C’est peut-être aussi une façon de garder les pieds sur terre. Cela me semble essentiel. L’important, c’est de jouer, je ne me verrais pas faire autre chose, même si je me dis toujours que tout peut s’arrêter à tout moment. »

Le Kiosque : Quels sont vos projets ? Quid d’un projet où vous seriez en avant ou de compositions ?

Emeline Fougeray : « Je n’en ai pas envie pour le moment. Je ne me vois pas dans un projet où je serais en avant. J’aime accompagner des artistes, rentrer dans leur univers et me mettre au service d’un projet. Je n’aime pas particulièrement être dans la lumière des projecteurs. Y compris lorsque l’on me propose de faire un solo de basse, je ne suis pas trop à l’aise et je n’aime pas ça. Ce n’est pas facile de se montrer seule. Même lorsque j’ai publié ma première vidéo sur les réseaux sociaux cela n’a pas été évident et j’ai beaucoup hésité. Pour le moment, je vais continuer à tourner avec Jain. Celle avec Patrick Bruel s’arrête, car les deux tournées vont se chevaucher et il me fallait choisir. Je me sens plus à l’aise et dans mon style avec ce que propose Jain. Cela devrait durer quelques années encore. Pour la suite, je ne sais pas, je n’ai pas pour habitude de trop anticiper. Je le laisse porter par les opportunités et les rencontres. »

Pour aller plus loin : Retrouvez l’actualité d’Emeline Fougeray sur ses réseaux sociaux Facebook et Instagram ou encore Youtube.

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