Le ballon d’ovalie ne tourne pas rond. Bien souvent, ses rebonds, capricieux et fantaisistes, sèment le trouble et la zizanie dans les joutes bigarrées de frasques sportives très contrôlées. Individuelles ou collectives, les chevauchées conquérantes et glorieuses des mirmillons du stade sont en effet régies par l’application rigoureuse de règles obligeantes, garantes d’une pratique loyale, d’une certaine noblesse. Bien sûr, on se chicane, on conteste (la balle), on pousse, on plaque, on se sacrifie, on fait front, on contourne, on sue, on saigne pour avancer, mais toujours ensemble, pour marquer les promesses d’une union victorieuse. L’alchimie opère. Une harmonie s’instaure dans l’équilibre sensible de luttes débridées, des mêlées maîtrisées dans le respect d’obligations strictes, portées par un arbitrage intelligent et conciliant. Ceux qui ont nouvellement appréhendé les vertus du rugby à l’occasion de la présente Coupe du monde n’ont pas manqué de le constater. Le jeu est complexe, l’engagement total et le respect absolu pour celui qui dirige, bien entendu, mais aussi pour ceux qui, légitimement, contestent. Ce qui, à regret, n’est absolument pas le cas pour le sport planétaire à la pratique simple, le football dont certaines règles ambigües s’interprètent au gré des pressions du terrain ou du stade, d’instances corrodées par l’argent roi. L’arbitrage dans de telles circonstances rend aléatoire l’expression harmonieuse de l’effet attendu et confine l’ensemble des acteurs dans des ressentiments qui s’expriment avec mépris et violence. L’éloignement ou la détestation du débat politique s’inscrivent en parallèle des conséquences d’arbitrages prononcés sur la base de débats tronqués par l’absence de principes limpides, d’équité et d’une volonté affichée et sincère. Les grands colloques et autres consultations publiques lancées en marge des représentations institutionnelles sont des leurres qui masquent des renoncements coupables, incommodants et dévastateurs. « Face à un grand problème, c’est l’indifférence et l’apathie qui font problèmes » et entretiennent des flammèches menaçantes promptes à embraser un pays divisé, parfois déchiré, un pays en souffrance. Ne pourrait-on pas en finir, enfin, avec les effets d’annonces, les replâtrages, la chirurgie charlatanesque d’un esthétisme forcé par l’urgence de faire, dans l’impréparation, l’improvisation.
Au plus fort de la mêlée
En témoigne, Le camouflet de notre Première ministre, Madame Bornes, prise en flagrant délit d’outrecuidance rare, convaincue qu’il suffisait de dire pour faire croire, en la providence, la générosité spontanée des mastodontes de la distribution d’énergie. Non Madame Bornes, ça ne fonctionne pas comme ça, vous le savez, comme vous saviez que dire non au glyphosate était une tromperie couverte par la complaisance européenne. Le prix de l’essence reste prohibitif, et le « Roundup » en liberté surveillée pendant dix nouvelles années. Sur le fond, rien ne change, comme pour l’éducation, la santé, la justice ou le logement pansés de quelques sparadraps opportunément déposés en attendant les crises. Aujourd’hui, le pouvoir d’achat, l’émigration, la sécurité, la transition énergétique, le harcèlement, les violences faites aux femmes et aux enfants occupent l’essentiel de notre actualité nationale. Autant de sujets sensibles imposés à nos représentants sous le feu des médias, dans le brouhaha confus d’une rue en mal d’espérance. Une personne, un parti, ne seront pas à leur simple gré les arbitres des débats. Les règles de notre démocratie imposent la contribution de tous les représentants du peuple, des parlementaires de tous bords dont on ose espérer une meilleure tenue, au plus fort de la mêlée, pour faire avancer la France.
Georges Chabrier
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