Saumur. Pénurie de logements et difficultés de régularisation des migrants, le combat d’une association

L’association saumuroise « 100 pour 1 Saumur Val de Loire » a récemment lancé un appel à la population afin de trouver un logement pour une famille qui pourrait prochainement se retrouver à la rue (relire notre article). Cette association, créée il y a un peu plus d’un an, animée par une dizaine de bénévoles se mobilise pour aider des familles à se loger. La présidente, Catherine Girard explique : « Il s’agit de familles qui se retrouvent sans solution. Ce sont souvent des familles avec des enfants, des femmes seules ou avec des enfants. L’idée est donc de leur venir en aide pour les loger de manière temporaire et transitoire, pour une période de 6 mois maximum. » Le concept de l’association est simple, elle mobilise des dons, 100 personnes donnent 5 euros par mois pendant 2 ans. Cela donne un montant de 500 euros par mois par famille pour permettre de la loger le temps de trouver une autre solution. Elle aide actuellement 4 familles sur Saumur.

Un marché de l’immobilier très tendu

Mais l’association rencontre quelques difficultés de taille. Tout d’abord le marché de l’immobilier est actuellement très tendu sur Saumur. « Nous rencontrons de grandes difficultés pour trouver des logements pour les familles. Avant, on arrivait à trouver facilement de petits logements aux loyers abordables, aujourd’hui il n’y a plus grand-chose de disponible. Nous ne pouvons pas non plus compter sur les logements sociaux puisqu’il n’y a plus de vacance et le peu de place qu’il y a est réservé pour des personnes ayant déjà un dossier complété », souligne la présidente. L’association ne dispose pas de logement. Elle s’occupe de trouver des donateurs et des logements et signe les baux avec les propriétaires. « Nous avons des particuliers qui nous louent des logements de manière temporaire, ou encore la ville de Saumur qui nous loue un petit logement de fonction. » Pour le moment, sans nouveaux donateurs, l’association ne peut venir en aide à une autre famille. D’autant qu’elle doit composer avec des logements dont les charges explosent : « Nous prenons en charge l’électricité, le chauffage, l’eau et l’assurance. Avec la hausse des prix de l’énergie, il est devenu de plus en plus difficile de contenir les prix. » L’association travaille également en lien étroit avec les Restos du Cœur et le Secours Catholique pour aider les familles sur le plan de l’alimentation, tickets de bus, téléphonie…

Un combat administratif

Souvent les familles aidées par l’association sont des migrants qui ne sont pas régularisés. C’est pour cela qu’elle signe elle-même les baux et se porte garante. « En plus de leur trouver un logement, nous les aidons et les orientons dans les démarches de régularisation. Le but est de trouver une solution et de ne pas les laisser sur le carreau en leur donnant une situation stable et pérenne », indique Catherine Girard. Elle note que depuis quelque temps, il est « de plus en plus difficile d’obtenir les régularisations, notamment sur le plan administratif. Il faut un rendez-vous en préfecture qu’il est très difficile d’avoir aujourd’hui. On voit se durcir les relations avec les services de l’État. Il y a des personnes qui sont sur le territoire français depuis plus de 5 ans et qui auraient dû être régularisées, mais ne l’ont pas été. Peut-être que la campagne électorale qui approche joue aussi un rôle. » Elle regrette aussi un désengagement de l’État sur la question de l’immigration. « Saumur n’est pas particulièrement une terre accueillant beaucoup de migrants de par sa position géographique assez loin des frontières. Mais le Ministère de l’Intérieur a redéployé et réparti les migrants placés dans des camps sur l’ensemble du territoire français, ce qui fait qu’il y a quelques cas en Saumurois. Ils sont accueillis dans les centres d’accueil de demandeurs d’asile (CADA), mais une fois qu’ils en sortent, ils se retrouvent à la rue. Par ailleurs, même les personnes qui sont sous le coup d’une interdiction de quitter le territoire ne sont pas renvoyées, car la France n’en a pas les moyens, elles se retrouvent donc livrées à elles-mêmes. »

La famille concernée par l’appel lancé par l’association il y a quelques jours pourrait être prochainement logée puisque l’association a « une piste avec un particulier saumurois qui vend une maison prochainement, mais la louerait le temps que cela se fasse. »

Infos pratiques : Si vous souhaitez donner ou proposer un logement, contactez l’association par mail à 100pour1saumurvaldeloire@laposte.net. Les logements doivent être peu onéreux, mais décents tout de même et permettre un accès au centre-ville de Saumur et ses services en bus. Les dons font l’objet d’un reçu fiscal permettant une déduction d’impôts.