Les Béalu sont originaires de Romorantin. Marcel voit le jour dans cette ville du Loir-et-Cher, le 30 octobre 1908. Comme nombre de familles en ce début du XXe siècle, les Béalu viennent s’installer à Saumur qui jouit alors de la réputation d’être une ville très dynamique. Monsieur Béalu père, fatigué du métier de coiffeur, se reconvertit dans la chapellerie et madame devient modiste. Ils ouvrent une boutique au 50 de la rue Saint-Jean.
Marcel a une enfance saumuroise heureuse et sans histoires. Il fréquente l’école de la Montée du fort. Tout bascule le 1er août 1914, c’est la mobilisation générale. Le père, Joseph Béalu part à la guerre. Dans les tranchées, il contracte une maladie grave qui lui évite de finir en chair à canon. Il obtient une affectation à l’hôpital. Il ne retourne pas au combat. Devenu « lointain dur et inaccessible », il est méprisé par ses voisins qui l’accusent d’être un embusqué.
En 1921, Marcel trouve un emploi aux établissements Victor Boret, entreprise familiale de graines et semences en gros. Mais, professionnellement, c’est vers la chapellerie que vont ses préférences. Il ouvre une boutique d’abord à Paris, puis à Montargis. En 1932, il publie un premier recueil de poésies intitulé Poèmes sur un même thème., ce qui lui permet d’entrer en contact avec l’un de ses voisins, Max Jacob, qui s’est retiré à Saint-Benoît-sur-Loire. Cette rencontre est décisive pour lui. Elle lui permet de nouer des liens avec tous les poètes du mouvement que l’on nommera ensuite « l’Ecole de Rochefort » : Jean Bouhier, Michel Maroli, René Guy Cadou, Luc Bérimont, Jean Follain, et même Jean Cocteau.
Marcel Béalu découvre le surréalisme en 1938. Ce mouvement littéraire et artistique qui entend se libérer des contraintes et des conventions séduit le poète qui va s’intéresser aux poèmes en prose et va devenir même l’un des maîtres du genre. Sensible à l’onirisme et au fantastique, Béalu va produire alors ses textes les plus remarquables : L’Araignée d’eau, Le Bruit du moulin, L’Expérience de la nuit.
Marcel Béalu est près de Max Jacob quand la Gestapo vient arrêter ce dernier à Saint-Benoît le 21 février 1944. Il prendra la dernière photo du grand poète qui mourra le 5 mars 1944 à Drancy.
A partir de 1949, Marcel Béalu ouvre une librairie dans le quartier latin à Paris Le pont traversé, le nom d’un récit de Jean Paulhan. Il change plusieurs fois d’adresse avant de s’installer dans une ancienne une boucherie au 62 de la rue de Vaugirard. L’établissement existe toujours. En 1955, il fonde avec René Rougerie une revue poétique Réalités secrètes qui paraîtra jusqu’en 1971.
Marcel Béalu meurt le 9 juin 1983 à l’âge de 84 ans. Il est inhumé au cimetière de Montparnasse. Il laisse une importante œuvre de poésie, mais aussi des contes et des romans publiés chez Gallimard. Son roman l’Araignée d’eau a été adapté en film en 1970.
Bibliographie :
– FAUCOU Anne, Marcel Béalu, in bulletin de la Société des Lettres, Sciences et Arts du Saumurois n° 164, Saumur, 2015.
– L’École de Rochefort, poèmes de Béalu, Bérimont, Bouhier, Cadou, Chaulot, Follain, Guillaume, Manoll, Rousselot, Revue Poésie n°11, juillet 1970.
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Commentaires 4
Je m’appelle Bernadette Bealu et mon père est né e à Othon du perche dans Eure et Loir le 26 septembre 1904
Peut-être un rapport avec Marcel Bealu le poète
Félicitations à l’auteur de cet article pour son travail de recherche et la transmission. Merci
Bonjour
le cliché a été pris dans les jours qui précèdent l’arrestation de Max Jacob le 24 février 1944 par Béalu lui-même absent lors de l’arrestation.
Le crédit est Musée des Beaux-Arts d’Orléans
cordialement
Patricia SUSTRAC
Présidente des Amis de Max Jacob
Merci Gino pour cette leçon d’histoire.
J’en apprends toujours beaucoup avec toi.