Au Moyen Âge, les écrits peuvent se présenter sous des formes diverses : feuille unique, rouleau (rotulus) et manuscrits reliés en forme de livre (codex). Le support d’écriture le plus répandu est alors le parchemin qui est réalisé avec de la peau animale. Robuste et léger, il supporte bien les pliages et l’humidité mais reste cependant coûteux.
Le rotulus est un assemblage de plusieurs feuilles de parchemin destinées à être roulées. Les dimensions sont très variables : d’une vingtaine de centimètres à plusieurs mètres. Certains rouleaux s’articulent autour d’un axe en bois, l’ombilic. Le mode de conservation de ce format est cependant assez mal connu. Il peut être rangé dans un coffre ou un sac, avec le risque d’être écrasé et donc mal conservé. Plus rarement, il peut être suspendu grâce à des anneaux fixés sur l’ombilic. C’est vraisemblablement le cas des six rouleaux du XIIe siècle provenant de l’abbaye du Ronceray d’Angers.
Un écrit aux multiples usages
Ces écrits vont jouer un rôle essentiel dans la vie quotidienne et la cohésion des communautés religieuses. Conservés dans les archives et les bibliothèques patrimoniales, ils sont aujourd’hui devenus des sources précieuses pour les historiens.
Jusqu’au XIIe siècle, le monopole de l’écrit est en effet détenu par l’Église et surtout par les moines. Les grandes abbayes peuvent compter jusqu’à plusieurs centaines de moines, alors que les communautés les plus modestes sont composées de seulement quelques religieux.
En Anjou, les abbayes importantes comme Saint-Aubin d’Angers, Saint-Florent de Saumur ou encore Fontevraud sont à la tête de réseaux de prieurés, d’églises et de chapelles constituant un patrimoine particulièrement riche, réparti sur un vaste territoire en France et au-delà. Les relations entre ces grands établissements et leurs dépendances s’entretiennent grâce à la circulation des hommes et des écrits.
Après 1100, les moines ont de plus en plus recours à des documents écrits pour administrer leurs domaines ou prouver leurs droits lors de conflits avec leurs voisins laïcs ou religieux.
Des chartes, des listes de biens et de revenus fonciers, des comptes ou des enquêtes judiciaires sont souvent consignés dans des rouleaux : en effet, ceux-ci sont simples à transporter, à manipuler, et permettent de réunir de longs textes sur un même support.
Le rotulus convient donc particulièrement à ce type d’usages.
De plus, il est facile à fabriquer et peut aisément être modifié, au gré des besoins, en ajoutant ou en retirant des peaux de parchemin.
Un parchemin disparu… puis retrouvé !
Fin juillet 2022, Pascale Verdier, directrice des Archives départementales de Maine-et-Loire, est informée de l’existence d’un document du Moyen Âge, détenu par un particulier, mais vraisemblablement soustrait des fonds de ces mêmes archives entre 1953 et 1991.
À l’issue d’une enquête menée par les agents des Archives départementales, il s’est avéré que la pièce en question, une peau de parchemin de plus d’un mètre de hauteur, est en réalité la partie manquante d’un cartulaire-rouleau du XIIe siècle. Provenant de l’abbaye de Saint-Florent, il était conservé depuis la Révolution aux Archives départementales.
Après une prise de contact avec la personne détentrice, le manuscrit perdu a finalement été restitué à son ancien lieu de conservation en fin d’année dernière. Il est bien évidemment présenté dans le cadre de cette exposition et visible dans la vitrine centrale.
Le projet universitaire Rotulus
Ce projet interdisciplinaire (2019-2022) financé par l’Agence nationale de la Recherche et porté par l’Université de Lorraine (CRULH), Rotulus a réuni de nombreux spécialistes pour identifier et inventorier des cartulaires-rouleaux médiévaux conservés en France.
Réalisée dans le cadre de ce projet, l’exposition Rotulus, un patrimoine médiéval à dérouler est coordonnée par Jean-Baptiste Renault, docteur en histoire du Moyen Âge et ingénieur d’études à l’Université de Lorraine. Elle circule depuis 2022, dans les institutions de conservations, universités et lieux de culture en France.
Infos pratiques : du 10 juillet au 27 septembre 2023, Archives Départementales de Maine-et-Loire, 106, rue de Frémur à Angers – Le programme des animations proposées dans le cadre de cette exposition est à découvrir sur https://archives.maine-et-loire.fr/recherche-et-consulter/archives-consultables-en-ligne
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